Eglises d'Asie

L’Eglise de rite syro-malabar a tenu à Rome un synode extraordinaire

Publié le 18/03/2010




Sous la présidence du cardinal Silvestrini, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, 21 évêques du Kerala appartenant au rite syro-malabar se sont retrouvés à Rome, du 8 au 15 janvier 1996, pour un synode extraordinaire. Selon ses propres termes, le pape Jean-Paul II a voulu profiter de cette réunion pour se donner à lui-même la possibilité de participer au “processus de croissance de cette Eglise vers la communion

A cette occasion, le cardinal Silvestrini a mis les participants en garde contre des façons de voir et de s’exprimer “étrangères et extrêmement dangereuses. Les mots de majorité et de minorité peuvent amener les gens à penser en termes de victoire et de défaitea-t-il prévenu.

Ce synode s’est déroulé alors que continuent les querelles entre diverses factions au sein de l’Eglise de rite syro-malabar (3), en particulier en matière de liturgie. L’établissement, en 1992, de l’archevêché majeur, qui régit désormais les affaires propres à ce rite à l’intérieur du Kerala, n’a pas apporté la solution escomptée en mettant un terme aux vieilles rivalités. Le problème remonte en fait à plusieurs siècles. Ces chrétiens, qui se réclament de l’apôtre Saint Thomas, avaient gardé, jusqu’au 15ème siècle, c’est-à-dire à l’arrivée des missionnaires étrangers, leur rite, leur langue liturgique, leurs coutumes, hérités de l’Eglise syriaque. Mais à l’époque, les catholiques de rite latin, surpris devant des manières de faire qu’ils ne comprenaient pas, avaient forcé ces chrétiens “orientaux” à se “latiniser”, ce qui avait poussé un certain nombre d’entre eux à quitter l’Eglise catholique. C’est seulement en 1887 que le Pape Léon XIII devait ériger les premiers vicariats apostoliques de rite oriental. Mais l’influence latine est restée très forte au moins parmi certains groupes au sein de l’Eglise syro-malabar. Et depuis plusieurs années, de plus en plus de ces chrétiens réclament pour leur Eglise une véritable autonomie.

Lors de l’établissement de l’archevêché-majeur, Rome s’était réservé entre autres les questions de liturgie. Au cours du synode, le cardinal Silvestrini a rappelé la décision de Jean-Paul II, annoncée le 21 décembre 1995, de continuer à s’occuper de cette affaire. Dans son discours à l’assemblée, le représentant du Saint-Père a en fait insisté sur les problèmes du synode permanent de l’Eglise syro-malabar, touchant à son identité, à sa liturgie, à son activité missionnaire. Ce dernier domaine en particulier fait question, en raison des frictions qui n’ont pas manqué de se produire entre évêques de rite latin et ceux de rite syro-malabar dans les autres Etats de l’Inde depuis 1962. Au Kerala, cette Eglise comprend douze diocèses regroupant 3 millions de chrétiens. Mais sept autres circonscriptions ecclésiastiques sont établies hors du Kerala et regroupent quelque deux cent mille fidèles.

Le cardinal Anthony Padiyara, archevêque-majeur, a exprimé son opinion selon laquelle le principal objectif est de redonner à l’Eglise de rite syro-malabar l’identité qu’elle a perdue au cours des siècles. Ceci principalement en restaurant sa liturgie et ses coutumes et en élaguant tout ce qui peut lui rester du rite latin. Il s’est par ailleurs dit inquiet au sujet de ces fidèles de rite oriental dispersés dans les autres parties de l’Inde et s’est plaint du manque de coopération des diocèses latins où ils vivent. Tout en admettant qu’une rivalité persiste au Kerala entre ceux qui veulent faire évoluer les choses et les autres qui insistent pour restaurer les anciennes traditions dans toute leur pureté, il insiste pour que les directives du concile Vatican II soient strictement observées à l’égard des chrétiens de rite syro-malabar installés hors du Kerala. “Aujourd’hui, Thomas est venu à la rencontre de Pierredit-il. “La loi de Thomas est venue à la rencontre de la loi de Pierre. Mais celui qui compte, ce n’est ni Thomas ni Pierre: c’est Jésus-ChristEt le cardinal exprime son sentiment que les récents événements survenus au sein de l’Eglise syro-malabar donnent “l’impression que la croix du Christ perd lentement de son pouvoir, alors que le monde prend progressivement le contrôle

Recevant les évêques des deux rites orientaux de l’Inde pour leur visite “ad Limina”, le 18 janvier 1996, le Pape Jean-Paul II les a invités à “continuer le travail missionnaire dans un dialogue constant avec les évêques de rite latinIl leur a aussi rappelé la nécessité de retrouver l’unité entre eux à l’intérieur de leurs propres Eglises.

Aucun communiqué n’a été publié à la suite du synode; mais Mgr James Pazayatthil, qui est évêque de Iringilakuda et assiste le cardinal Padiyara dans sa tâche d’archevêque-majeur, rapporte que plusieurs conclusions pratiques ont été tirées de la réunion, en particulier un projet de réforme visant à ce que l’Eucharistie soit célébrée de la même façon dans tous les diocèses de l’Eglise syro-malabar. “Ces conclusions, dit-il, peuvent ne pas être facilement acceptées par tous; mais je suis sûr que tous les mettront en oeuvre