Eglises d'Asie – Vietnam
L’Etat vietnamien porte désormais un jugement objectif et scientifique sur Alexandre de Rhodes
Publié le 18/03/2010
Cependant, M. Duong Trung Quôc a ajouté que le colloque avait été organisé dans un objectif quelque peu différent. Une tâche précise avait été, en effet, fixée aux nombreux chercheurs et historiens vietnamiens qui s’étaient rassemblés pour le colloque, sous la présidence du vice-premier ministre M. Nguyên Khanh et du directeur de l’Institut des sciences humaines et sociales, M. Nguyên Duy Quy. IL s’agissait, selon l’historien vietnamien de formuler un jugement objectif et scientifique sur Alexandre de Rhodes. La présence des plus hautes autorités politiques à ce colloque, de l’aveu même de M. Duong Trung Quôc, témoignait de l’attention que l’Etat vietnamien portait à a formulation de ce jugement.
L’appréciation officielle porté sur le missionnaire jésuite à l’issue de ce colloque est désormais claire. Il faut abandonner le soupçon que l’historiographie officielle faisait peser sur lui: « Il n’y a aucune liaison de cause à effet entre lui et l’invasion colonialiste qui n’a eu lieu que deux siècles plus tard
Au cours de l’interview, M. Duong Trung Quôc s’est appliqué à expliquer l’erreur de jugement de la Révolution communiste vietnamienne. Il a commencé par souligner que les français eux-mêmes n’avaient pas estimé outre mesure les mérites du jésuite. Le P. Cadière, par exemple, aurait exalté Mgr Pignault de Béhaine et son dictionnaire bien davantage que le P. de Rhodes. Celui-ci parce qu’il appartenait aux Etats du pape et pour beaucoup d’autres raisons s’attirait moins de sympathie du colonialisme français. C’est dans les années 1940, au cours de la deuxième guerre mondiale que les plus grands honneurs furent rendus au jésuite avignonnais, à la fois par des organisations populaires vietnamiennes comme l’Association pour la promotion de la science (Tri Tri) ou l’Association pour la diffusion de l’écriture nationale, et par le gouvernement colonial qui à cette époque, cherchait à s’appuyer sur des forces populaires qui plus tard rejoindront la révolution Viêt-Minh.
L’erreur de jugement de la révolution vietnamienne tient elle aussi à une raison historique. L’étape historique et militante de la libération du Vietnam n’a pas permis à la recherche historique de faire apparaître clairement et avec toute leur complexité les relations entre l’invasion du colonialisme et le rôle joué par l’Eglise catholique. La nouvelle étape de l’histoire est plus propice à un jugement équitable.
Au début du mois de novembre 1995, il avait aussi été beaucoup question d’Alexandre de Rhodes au cours d’un symposium sur l’acculturation du christianisme au Vietnam. Cette réunion due à l’initiative de certains chercheurs vietnamiens catholiques, avait été patronné par le Comité d’union du Catholicisme de Hô Chi Minh-Ville (12).