Eglises d'Asie

Malaisie : les demandeurs d’asile vietnamiens s’opposent violemment à toute forme de rapatriement

Publié le 18/03/2010




Les pays d’Asie concernés par le rapatriement des demandeurs d’asile vietnamiens encore dans les camps se sont réunis a Bangkok les 14 et 15 janvier. Ils ont, semble-t-il, réussi à arracher au Vietnam de nouveaux engagements (14). Le Vietnam aurait exprimé son accord pour accélérer le rapatriement des boat-people qui vivent dans des camps du Sud-Est asiatique. Ce rapatriement avait été initialement prévu au rythme de 3 600 par mois, rythme qui n’a jamais été tenu. Selon certains observateurs, la promesse du Vietnam d’accélérer le processus de rapatriement résulte d’une volonté de plaire à ses partenaires de l’Association des Nations du Sud-Est Asiatique (ASEAN) dont cinq pays membres (Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour et Thaïlande) espèrent vider leurs camps de réfugiés d’ici six mois.

La meilleure volonté du Vietnam ne sera sans doute insuffisante pour permettre aux divers pays de régler le problème des réfugiés selon le calendrier prévu, c’est à dire avant le mois de juin. L’opposition de la majorité des pensionnaires des camps à leur retour au Vietnam se durcit, en effet, chaque jour et les incidents qui viennent d’éclater au camp de Sungei Besi en Malaisie en sont le témoignage dramatique (15). Un Vietnamien de 33 ans a été tué par la police malaysienne au cours de violentes émeutes qui ont secoué la population du camps le 19 janvier 1996. Dix-sept personnes, dont le mort, ont été hospitalisées après l’intervention des forces de l’ordre. Les esprits des réfugiés étaient entrés en ébullition après l’entrée de la police dans le camp où sont installés plus de 4 300 d’entre eux. Selon la police, les émeutiers étaient en possession d’armes blanches et auraient mis le feu aux baraquements. Les policiers ont employé les gaz et ont, semble-t-il, tiré sur les émeutiers. En juin 1995, des centaines de pensionnaires avait déjà entamé une grève de la faim et menacé de se donner la mort en cas de rapatriement volontaire.

La résistance des réfugiés dans les divers camps est encore avivée par l’incertitude qui règne au sujet du projet américain, maintenant appelé “track two”, prévoyant un nouvel examen du statut de réfugié pour tout pensionnaire de camp qui au préalable accepte de revenir au Vietnam. Lors d’une conférence de presse, le 18 janvier 1996 (16), un porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes a déclaré refuser tout autre solution que celle à laquelle son pays a souscrit une fois de plus lors de la récente réunion de Bangkok, à savoir le rapatriement sans condition de tous les pensionnaires des camps, non reconnus comme réfugiés politiques. Pourtant, un certain nombre de déclarations de Winston Lord, adjoint au secrétaire d’Etat, laissent penser que les conversations entre les Etats-Unis et le Vietnam continuent (17) et que les Etats-Unis n’ont pas abandonné leur projet de soumettre les boat-people à un nouvel examen après leur retour au Vietnam.