Eglises d'Asie

Eclaircissement au sujet des lettres de Mgr Huynh Van Nghi

Publié le 18/03/2010




Au cours d’une interview accordée à Radio France internationale le 18 décembre 1995 (28) M. Nguyên Ngoc Lan a présenté en quelques phrases la manière dont Mgr Huynh Van Nghi, concevait et exerçait sa charge d’administrateur apostolique de Saigon. Il a aussi précisé la nature des lettres rédigées par lui, lettres que la diaspora vietnamienne qualifie à tort de “pastorales”.

M. Nguyên Ngoc Lan a ainsi caractérisé l’attitude Mgr Nghi: “Depuis quelques années, il se tient dans une position que l’on pourrait qualifier de “critique”. Administrateur apostolique de l’archidiocèse nommé par le Saint-Siège, il est empêché d’exercer sa fonction et, même, à intervalles réguliers, accusé de violer telle ou telle loi. D’une part, Mgr Nghi, devant Dieu et en conscience, doit assumer en totalité la charge de l’archidiocèse. Personne ne peut le remplacer; Mgr Nguyên Van Binh avant sa mort ne le pouvait pas. Les laïcs et les prêtres de l’archidiocèse lui doivent obéissance … Ils ne peuvent faire autrement. Cet archidiocèse n’est pas devenu une Eglise schismatique et il n’y a personne parmi les prêtres et les laïcs pour s’opposer à Mgr Huynh Van Nghi et se placer ainsi hors de l’Eglise.

Mais, d’autre part, Mgr Nghi, sans jamais fuir les devoirs de sa charge s’efforce d’éviter les conflits inutiles avec les autorités. Les lettres qui sont qualifiées de lettres pastorales à l’étranger sont un témoignage de cet état d’esprit. … En réalité, Mgr Nghi évite généralement d’écrire des lettres officielles, que l’on appelle pastorales. Il ne s’agit là que d’une marque de la délicatesse dont il veut faire preuve en abordant les situations concrètes. En effet, si Mgr Nghi brûlait un feu rouge au volant de sa voiture, on pourrait l’accuser de violer la loi. Sur quoi peut-on s’appuyer pour considérer la rédaction d’une lettre pastorale comme une violation de la loi (29). Sans compter que la supériorité de l’homme sur l’abeille et la fourmi réside dans le fait que pour l’homme, la loi de la ruche ou de la fourmillière n’est jamais absolue. Quoi qu’il en soit, par délicatesse, Mgr Nghi ne rédige pas de lettres pastorales mais des méditations qu’il envoie aux prêtres à l’occasion de la récollection mensuelle en chaque doyenné. En certains lieux, les prêtres en font une lecture commune; ailleurs, les doyens en distribuent une copie à chaque prêtre. Cependant, revenus dans leur paroisse, les prêtres ne rendent pas publique cette lettre. Les fidèles n’en savent rien”.

Dans la suite de l’interview, M. Nguyên Ngoc Lan a ausi précisé la véritable signification d’une expression contenue dans une lettre de Mgr Nghi, rédigée au mois d’août 1995, expression qui fut abondamment commentée dans différentes publications de la diaspora vietnamienne. Il y était question de s’opposer à la dictature et à la violence au nom de l’Evangile (30). Remise dans son contexte essentiellement doctrinal, elle perd de son caractère provocateur.

Les premières lettres de Mgr Nghi furent écrites à la fin de l’année 1993. Au début 1994, trois d’entre elles étaient déjà connues. La première destinée au temps de l’Avent, est datée du 23 novembre 1993 (31). L’administrateur apostolique y abordait les problèmes de société et dénonçait le “mensonge, la concussion, l’esprit de discrimination, la décadence morale et l’injustice sous toutes ses formesLes deux dernières d’entre elles datent de Noël 1995 (32).