Eglises d'Asie

L’épiscopat vietnamien n’obtient du gouvernement que des réponses ambigues

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois depuis le changement de régime d’avril 1975, l’Eglise catholique vietnamienne sera pourvue d’un organe d’expression lui appartenant en propre, même s’il ne s’agit pour le moment que d’un modeste bulletin destiné à paraître tous les trois mois. C’est sans doute le seul élément positif contenu dans une lettre tout récemment envoyée par le gouvernement vietnamien au président de la Conférence épiscopale, le cardinal Pham Dinh Tung, si l’on excepte le fait que la rédaction d’une telle lettre témoigne du désir des autorités vietnamiennes de maintenir et même de relancer le dialogue avec la hiérarchie catholique et au-delà de celle-ci avec le Saint-Siège. Sur tous les autres points abordés, la lettre, en effet, se prononce pour le statu quo.

Cette lettre (19) rédigée par le Bureau des affaires religieuses à la demande du premier ministre Vo Van Kiêt est destinée à répondre à une longue liste de requêtes qui avaient été adressées au premier ministre par les évêques à l’occasion de leur dernière réunion annuelle, le 1er octobre 1995, demandant au gouvernement de changer de politique religieuse sur plus de vingt points précis. Ce document (20) avait recueilli les principaux sujets d’insatisfaction des catholiques du Vietnam dans leurs rapports avec l’Etat. Il y était question des diverses limitations apportées à la liberté de culte, à la formation des prêtres et surtout des religieux, à leur ordination, à leurs déplacements dans tout le pays. Les évêques y évoquaient aussi des sujets aussi brûlants que celui d’un éventuel retour de l’Eglise catholique dans des domaines d’où elle avait été exclue, l’enseignement, l’action sociale et sanitaire. Enfin, les évêques demandaient la restitution des établissements d’Eglise confisqués et se prononçaient sans ambages pour le maintien de Mgr Huynh Van Nghi à son poste d’administrateur de Hô Chi Minh-Ville.

Six des quelque vingt requêtes de l’épiscopat vietnamien sont seulement abordées par le Bureau des affaires religieuses qui a rédigé la lettre à la demande du premier ministre. A l’exception de l’autorisation de publication d’un bulletin, la lettre oppose une fin de non-recevoir courtoise aux désirs de changement exprimés par l’Eglise catholique. Mgr Huynh Van Nghi, nommé administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville par le Saint-Siège depuis 1993, n’aura jamais la permission d’exercer la moindre fonction dans ce diocèse. Les séminaristes seront non seulement contrôlés à l’entrée au séminaire et au moment de leur ordination; mais, ce qui est nouveau, les autorités civiles pourront, si cela est nécessaire, juger “des qualités de séminariste” des intéressés pendant leurs études. La distinction entre les activités religieuses ordinaires et extraordinaires sera maintenue.

Cette récente lettre témoigne certes que le gouvernement est désireux de maintenir le dialogue avec la hiérarchie catholique et le Saint-Siège. Mais il est vraisemblable que l’approche du huitième congrès du Parti communiste où les débats idéologiques seront très importants le retient de modifier trop profondément sa politique religieuse et de faire de trop larges concessions aux catholiques vietnamiens.