Eglises d'Asie – Inde
Les extrémistes hindous et musulmans veulent peser sur les élections générales du printemps
Publié le 18/03/2010
Le 15 janvier 1996, le « Parlement milli », un groupe islamiste, a lancé un appel solennel aux musulmans indiens pour qu’ils réclament une liste électorale séparée pour les musulmans, et la division de l’Inde en une fédération de 122 Etats définis selon la religion majoritaire de chaque région. Le projet des extrémistes musulmans inclut l’établissement d’Etats islamiques autonomes à l’intérieur de la fédération et demande que 119 sièges sur les 545 du parlement indien soient réservés aux musulmans. Cet appel a scandalisé bon nombre d’homme politiques musulmans convaincus des bienfaits pour leur communauté religieuse de la laïcité à l’indienne telle qu’elle est inscrite dans la constitution fédérale.
Vingt-quatre heures plus tard, le Vishwa Hindu Parishad (VHP ou conseil mondial de l’hindouisme) a publié un « ordre du jour de l’hindouisme » que l’organisation hindoue a demandé à tous les partis politiques d’inclure dans leurs programmes électoraux. Le VHP, qui avait soutenu les fanatiques hindous lors de la destruction de la mosquée d’Ayodhya en 1992 (5), exige que le site de la mosquée détruite soit réservé à la construction d’un temple hindou, que les lois actuelles sur les lieux de culte soient rapportées et que le statut religieux spécifique de l’Etat de Jammu et du Cachemire, à majorité musulmane, soit supprimé. Les extrémistes hindous demandent encore que l’on interdise l’abattage des vaches, les conversions à d’autres religions que l’hindouisme, que l’on accorde une exemption fiscale à toutes les activités religieuses hindoues, et que l’on « ré-écrive l’histoire de l’Inde
Le chef du « Parlement milli » a défendu le projet de son groupe, le 16 janvier 1996, en arguant devant la presse que la destruction de la mosquée d’Ayodhya en 1992 avait convaincu les musulmans indiens que « la démocratie indienne est une fraude constitutionnelle qui perpétue l’injustice faite aux minoritésDe son côté, le président du VHP, V.H. Dalmia, a affirmé, au cours d’une conférence de presse le même jour que son organisation ne soutiendrait que les partis acceptant d’inclure les quarante points de son « ordre du jour de l’hindouisme ».
Commentant ces initiatives d’extrémistes musulmans et hindous, plusieurs observateurs politiques indiens ont estimé que certaines décisions récentes des tribunaux ne pouvaient qu’encourager le fanatisme religieux. Ils se référaient en particulier à une décision du 11 décembre 1995 de la haute cour stipulant que « les appels au nationalisme hindou ne peuvent pas être taxés de fondamentalisme religieux
De leur côté, beaucoup d’hommes politiques indiens estiment que ces groupes extrémistes sont minoritaires et n’auront que peu d’influence sur le résultat des élections générales. Ils n’en minimisent pas pour autant leur capacité de nuisance, particulièrement dans les Etats comme le Bihar qui ont une longue histoire de conflits sanglants entre hindous et musulmans.