Eglises d'Asie

L’évêque de Suwon manifeste son désaccord avec le cardinal Kim à propos des deux anciens présidents emprisonnés

Publié le 18/03/2010




Dans une interview du 9 janvier 1996 au mensuel “Chosunl’évêque de Suwon, Angelo Kim Nam-Soo, déclare qu’il faut enterrer les crimes du passé et ne pas punir les responsables du coup d’Etat militaire de 1979-80 dont les deux principaux sont les anciens présidents Chun Doo-Hwan et Roh Tae-Woo. Il prend ainsi le contre-pied du cardinal Kim Soo-Hwan, archevêque de Séoul, qui avait déclaré en décembre 1995 que ces derniers devraient être punis conformément à la loi (2).

Ancien président de la conférence épiscopale de Corée, Mgr Kim se dit lui-même conservateur. Il est connu pour être le porte-parole de ce courant dans l’épiscopat coréen. Le mensuel Chosun, qui a publié l’interview dans son numéro de février, représente lui aussi l’aile conservatrice de l’échiquier politique coréen. La publication de cette interview intervient peu après l’inculpation pour sédition, le 26 janvier, des deux anciens présidents, également accusés de corruption avec six autres personnalités.

Mgr Kim déclare que son point de vue conservateur est partagé par une majorité de prêtres en Corée mais que là n’est pas la seule raison de son désaccord avec le cardinal Kim: “L’attitude officielle du cardinal a toujours consisté à se placer au même niveau que le gouvernement du moment tout en gardant avec celui-ci une certaine distance. Cependant, dans le cas présent, il n’y a plus de distance avec le gouvernement actuel : c’est un phénomène récent et quelqu’un l’influence probablement dans ce sens“. Il ajoute : “La colère du peuple (contre les deux anciens présidents) est irrationnelle, et on s’aperçoit aujourd’hui que même les hommes politiques se comportent de manière irrationnelle… Il faudrait renverser cette tendance

L’évêque de Suwon estime que les personnalités religieuses devraient seulement s’occuper des problèmes religieux, ne pas prendre position dans les débats qui divisent le pays mais inviter les gens à la réconciliation. Il regrette que de jeunes prêtres essaient d’influencer la situation en prenant position sur tout. A propos de l’engagement de l’Association des prêtres pour la justice qui réclame depuis longtemps que les deux anciens présidents soient jugés pour leurs responsabilités dans le massacre de Kwangju en 1980 (3), Mgr Kim rappelle que cette association n’est pas reconnue par la conférence épiscopale, preuve que leur opinion n’est pas majoritaire parmi les évêques.

Un représentant officiel de l’archevêché de Séoul a déclaré, le 27 janvier, que le cardinal avait lu l’interview mais n’avait rien à dire à ce sujet. L’ancien président de l’Association des prêtres pour la justice, le Père Augustin Ham Sei-Ung, interrogé le 24 janvier, a déclaré: “Nous ne pensons pas que la reconnaissance par les évêques soit importante. Notre principal souci est d’insuffler l’esprit du Concile Vatican II dans l’Eglise de Corée”.

Cette interview de l’évêque de Suwon et ces réactions témoignent des divisions qui demeurent au sein de la Conférence épiscopale et de l’Eglise de Corée sur cette question épineuse du passé des deux anciens présidents.