Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : un prêtre et une religieuse catholiques condamnés à six mois de prison pour des “conversions illégales”

Publié le 18/03/2010




Le P. Louis Berge, jésuite belge âgé de 88 ans, et la soeur Bridhi Ekka, ont été condamnés, le 22 janvier 1996, à six mois de prison ferme pour avoir opéré des “conversions illégales” dans le diocèse d’Ambikapur, qui fait partie de l’Etat du Madhya Pradesh. Les deux missionnaires contestent vigoureusement l’accusation et sont soutenus par les chrétiens du diocèse et la hiérarchie catholique du lieu.

Une loi de l’Etat du Madhya Pradesh stipule qu’il est interdit de convertir les gens par la force ou par des moyens de “séduction” et fait un devoir d’informer le magistrat du district pour chaque cas de “conversion volontaire”. Apparemment, on reproche aux missionnaires de ne pas avoir informé le magistrat de 94 conversions volontaires en 1988. Quarante pour cent des soixante-six milliuons d’habitants du Madhya Pradesh sont des aborigènes qui, traditionnellement, n’appartiennent pas à l’hindouisme.

La cour a reconnu que “les conversions n’avaient pas été opérées contre le désir des aborigènes concernés” mais a fondé son jugement sur le fait que “le magistrat du district n’en avait pas été informé

La conclusion du tribunal est contestée par l’ancien évêque d’Ambikapur, Mgr Pascal Topno, aujourd’hui archevêque de Bhopal, qui estime que “puisque les aborigènes n’étaient pas hindous, on ne peut pas parler de conversion dans leur cas et il n’y avait donc aucune obligation d’informer le magistrat du districtEn signe de protestation, il s’est offert à prendre la place en prison des deux missionnaires. Par ailleurs, de nombreux chrétiens du diocèse ont manifesté dans la rue leur mécontentement.

Interrogé le 29 janvier 1996, le P. Berge, qui a interjeté appel, a déclaré : “Je ne les ai pas convertis, ils se sont convertis eux-mêmesDes membres du peuple Oraon dont font partie les “convertis”, ont ajouté de leur côté qu’ils n’avaient pas eu à se convertir au christianisme puisque leurs ancêtres étaient déjà chrétiens : ils avaient simplement demandé au P. Berge de les instruire davantage et de les aider à bâtir une église dans leur village.

Le P. Lakra, qui est responsable de l’aide judiciaire pour le diocèse d’Ambikapur, estime, quant à lui, qu’il faut voir la main des fondamentalistes hindous de l’Etat du Madhya Pradesh derrière ce jugement. Il accuse même le chef hindou Dilip Singh Judeo, qui s’est fait une spécialité de re-convertir les chrétiens à l’hindouisme (6), d’avoir soigneusement planifié toute la séquence des événements.