Eglises d'Asie

Mort d’un religieux bouddhiste dans des circonstances obscures

Publié le 18/03/2010




Des sources bouddhistes au Vietnam annoncent le décès du haut responsable de l’Eglise bouddhique du Vietnam (patronnée par le gouvernement) pour la province du Binh Dinh, le vénérable Thich Kê Châu, mort le 24 janvier 1996, à 6h 30 dans la pagode Thâp Thap dont il était le supérieur. Le Bureau international d’information bouddhiste qui a publié la nouvelle (33) ajoute que le religieux, âgé de 76 ans, jouissait jusque là d’une excellente santé et qu’il est mort dans des circonstances qualifiées de “mystérieuses et obscureson évoque à ce propos celles qui avaient accompagné la mort d’un autre haut responsable bouddhiste, le vénérable Thich Tri Thu, décédé mystérieusement à Hô Chi Minh-Ville deux heures après un long interrogatoire de la police, le 2 avril 1984 (34). La version officielle du décès du vénérable Thich Kê Châu, recueillie par l’A.F.P. (35) auprès de l’Eglise officielle, note au contraire que le religieux souffrait d’embarras pulmonaires et qu’il est mort de cause naturelle.

Comme la majorité des membres de la hiérarchie bouddhiste de l’époque, lors de la fondation en 1981 de l’Eglise bouddhique du Vietnam, sous l’inspiration du Front patriotique, le vénérable Thich Kê Châu avait, sous la pression des autorités, rejoint la nouvelle association. Cependant il avait gardé toute sa sympathie au Bouddhisme unifié, sympathie qu’il exprima publiquement au mois de juillet 1995 lorsqu’avec 48 membres de la hiérarchie bouddhiste de la province du Binh Dinh, il signa une lettre exigeant la remise en liberté du patriarche du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Huyên Quang, arrêté à nouveau le 29 décembre 1994. La lettre adressée aux plus hauts dirigeants du Parti et de l’Etat s’achevait par l’exposé de trois revendications demandant qu’un procès public soit intenté au vénérable Thich Huyên Quang, que l’on puisse lui rendre visite et que finalement on libère tous les religieux aujourd’hui emprisonnés (36). Selon les sources bouddhistes, depuis cette époque, le religieux et ses confrères ont été soumis à une pression très forte de la part des autorités. Le contrôle strict maintenu autour de la pagode par la police a, jusqu’à présent, empêché d’élucider les circonstances de la mort du religieux.

Par ailleurs, aucun changement notable n’est intervenu dans la situation des divers dirigeants bouddhiste internés. Le patriarche Thich Huyên Quang est toujours en résidence surveillée dans le Quang Ngai. Le ministère de l’intérieur vient de lui faire savoir que, pendant deux ans, il ne devait faire aucune déclaration concernant le bouddhisme unifié, sous peine de fortes sanctions. Le secrétaire général, le vénérable Thich Quang Dô est actuellement au Nord Vietnam dans le camp de Ba Sao où sont aussi détenus les vénérables Tuê Sy, condamné à mort en 1988 (37), Thich Tri Tuu et Thich Hai Thinh, religieux de la pagode de la Dame Céleste à Huê (38). Leur confrère, le vénérable Thich Hai Tang (39) a été transféré dans un camp spécial, à 40 kilomètres de Hanoi. Le supérieur de la pagode de Vung Tau, le vénérable Thich Hanh Duc (40) a été déplacé de la prison de Ba Ria dans un camp de la région de Pleiku. Enfin les deux religieux Thich Khong Tanh, Thich Nhât Ban et le laïc Nhât Thuong, arrêtés au momment de l’affaire de l’aide aux sinistrés des inondations du Mékong et condamnés par deux fois (41) sont toujours incarcérés à la prison de Chi Hoa.

Ces incarcérations de religieux vietnamiens continuent de susciter l’inquiétude dans l’opinion internationale. Dans une lettre adressée aux autorités vietnamiennes, le 24 janvier 1996, le Dalai Lama appelait le gouvernement vietnamien à libérer immédiatement et sans conditions les membres de la hiérarchie du bouddhisme unifié.