Eglises d'Asie – Philippines
Mindanao : deux églises catholiques ont été attaquées par des extrémistes musulmans dans ce qui pourrait être le début d’une campagne de terreur
Publié le 18/03/2010
Le prêtre allait commencer la messe dominicale quand deux bombes artisanales ont explosé devant les portes de l’église St Antoine-Marie Claret à Zamboanga. Alors que la foule sortait précipitamment de l’église, une grenade a été lancée dans la nef, semant la panique dans l’assemblée. Fort heureusement, elle n’était pas dégoupillée et n’a pas explosé. Une autre bombe artisanale qui avait été lancée sur le toit de l’église n’a pas non plus explosé, évitant sans doute un drame plus important. Trois personnes ont été blessées mais il n’y a pas eu de mort à déplorer.
L’attentat contre l’église St Antoine-Marie Claret s’est déroulé une heure après l’explosion d’une autre bombe artisanale à l’extérieur de l’église St Joseph à cinq kilomètres de là. Personne n’a été blessé dans cet attentat.
L’armée philippine attribue ces actions au groupe musulman dissident Abu Sayyaf, déjà responsable dans le passé d’attentats similaires : “Ils nous ont publiquement menacés d’attaques de cette espèce et tout indique donc qu’ils sont responsables de ces actionsa déclaré le général Ruperto Ambil, commandant de la région militaire. Il a ajouté : “Ceci pourrait n’être qu’un début. Des rapports de nos services de renseignement indiquent que des événements de ce genre pourraient aussi se produire en d’autres lieux
Le groupe Abu Sayyaf, considéré comme intégriste, s’est séparé depuis plusieurs années du Front moro de libération nationale dirigé par Nur Misuari qui est aujourd’hui en négociation avec le gouvernement philippin pour obtenir l’autonomie de certaines régions traditionnellement musulmanes de l’île de Mindanao. Les services gouvernementaux ont attribué au groupe Abu Sayyaf toute une série d’attentats commis depuis trois ans dans la ville de Zamboanga peuplée d’une majorité de chrétiens. Plus de cinquante personnes avaient été tuées en avril 1995 dans la ville voisine d’Ipil (4).
Les attentats du dimanche 10 mars ont coïncidé avec le début d’un état d’alerte ordonné par l’armée philippine sur la foi de renseignements selon lesquels les rebelles musulmans pourraient essayer de venger la mort de quatorze des leurs, tués au cours d’une opération militaire récente sur l’île de Basilan. La sécurité a été renforcée autour de toutes les églises de Zamboanga : “Selon nos informations les cibles principales sont les quartiers et les lieux de culte chrétiensa déclaré le chef de la police de Zamboanga, M. Demetrio Maylas.
Ces incidents surviennent au moment même où les négociations entre le gouvernement et le Front moro de libération de Nur Misuari pour régler le sort des cinq millions de musulmans philippins semblent dans l’impasse (5). Nur Misuari a menacé de reprendre la guerre si les négociations échouaient.
Selon le maire de Zamboanga, Vitaliano Agan, les attentats du 10 mars étaient destinés “à faire peur plus qu’à tuer. Le fait que la grenade n’était pas dégoupillée indique qu’il s’agissait plutôt d’une opération politique