Eglises d'Asie – Vietnam
Un document d’étude sur l’affaire de l’administrateur apostolique durcit le ton et brandit la menace
Publié le 18/03/2010
Toute la lettre accumule les charges sur ceux qui sont considérés comme les deux principaux fautifs en cette affaire, le Saint-Siège et Mgr Huynh Van Nghi. Le premier est coupable de n’avoir eu que du mépris pour un principe que le gouvernement vietnamien exalte, à savoir la souveraineté nationale. Le second n’aurait cessé de violer la législation du Vietnam et continue à le faire.
Selon le document, le gouvernement aurait obtenu du cardinal Etchegaray lors de son passage au Vietnam en 1990, l’assurance que le Saint-Siège respecterait cette souveraineté en matière de nomination d’évêques en sollicitant l’avis du gouvernement et en attendant son approbation. Cette assurance aurait été confirmée plus tard par Mgr Celli dont le document cite une déclaration – malheureusement tronquée et hors de son contexte – tirée d’une interview à Radio Vatican en avril 1994 (10). Contrairement aux promesses reçues, la nomination de l’administrateur apostolique en août 1993 a eu lieu sans consultation et sans approbation préalables. Elle est inacceptable. Selon le document, il n’y a maintenant plus qu’une seule solution : le Saint-Siège doit retirer sa nomination.
Le second coupable est Mgr Huynh Van Nghi, bien que ce soit le Saint-Siège qui l’ait ainsi conduit sur les chemins de l’illégalité. Il n’a voulu écouter aucune des mises en garde des autorités de son pays et n’a cessé de désobéir aux ordres qui lui étaient donnés. Le document parle même de provocation à propos de ses activités.
Il est difficile d’apprécier la portée d’un tel document. Il est possible qu’il faille d’abord l’interpréter à la lumière du contexte politique actuel, à savoir l’intense activité des leaders communistes pour fortifier leur position à l’approche du 6ème Congrès. M. Vo Van Kiêt, considéré comme principal leader de la tendance “économie libérale”, pourrait avoir intérêt à afficher son orthodoxie en matière de politique religieuse, en se montrant ferme sur la question du diocèse de Saigon, pour mieux faire face aux critiques des conservateurs. Par ailleurs, aucun argument employé dans ce document n’étant véritablement convaincant, certaines pièces étant même forgées pour la circonstance, on peut penser que les responsables de la politique religieuse veulent surtout embarrasser la diplomatie du Saint-Siège, généralement souple, en l’obligeant à soutenir un bras de fer sur la question de l’administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville.