Eglises d'Asie – Taiwan
Travailleurs étrangers : le responsable de la commission épiscopale lance un appel à l’Eglise catholique
Publié le 18/03/2010
Le remède à cette situation, selon le P. Sheridan, n’est pas seulement technique mais aussi moral : « Il implique un changement d’attitude afin que les valeurs morales et religieuses qui cherchent à promouvoir le bien des personnes soient réellement à la base des politiques du travail autant que des relations entre employeurs et travailleursIl ajoute cependant que l’enseignement social de l’Eglise est un défi lancé autant à l’Eglise elle-même qu’à la société. Il estime que même si l’Eglise de Taiwan a répondu dans une certaine mesure aux appels des travailleurs immigrés, cette réponse reste largement insuffisante et a été, jusqu’ici, le fait des seuls missionnaires étrangers : « En toute humilité, nous devons dire que notre réponse globale d’Eglise aurait pu et pourrait encore être meilleure
La conférence épiscopale de Taiwan a publié une lettre pastorale en 1989 à ce sujet pour inviter les catholiques à une attitude généreuse d’accueil des travailleurs migrants. Mais, selon le P. Sheridan, la situation a beaucoup changé depuis lors : « Aujourd’hui, il est nécessaire que les évêques s’expriment à nouveau sur la question des travailleurs étrangers à la lumière de l’enseignement social de l’Eglise. Elle doit offrir à la société taiwanaise une vision alternative fondée sur la dignité de la personne humaine, elle doit nommer et défier la structure de péché dans laquelle sont piégés les travailleurs étrangers. L’Eglise catholique de Taiwan est une petite entité, mais cela ne veut pas dire qu’elle doit rester silencieuse sur les questions sociales ou économiques importantes
Le gouvernement prétend que les travailleurs étrangers sont couverts par les lois du travail et sont donc à égalité avec les travailleurs du pays, mais c’est un mensonge, dit le P. Sheridan. Les travailleurs étrangers, en effet, n’ont pas le droit de se marier, les femmes n’ont pas le droit de devenir enceintes ou de vivre avec leurs familles aussi longtemps qu’elles résident à Taiwan. Il est vrai que la grande majorité des travailleurs immigrés reçoivent le salaire minimum exigé par la loi, mais quel travailleur taiwanais accepterait de travailler pour ce salaire, demande le prêtre ?
Par ailleurs, ajoute-t-il, « les employées de maison ne sont pas protégées par les lois du travail et leurs conditions de vie et de travail dépendent uniquement de l’employeurL’un des principaux facteurs d’exploitation des travailleurs étrangers, selon lui, est le rôle que l’on permet aux agents recruteurs de jouer tant dans les pays d’origine des travailleurs qu’à Taiwan. Très souvent, les travailleurs sont obligés d’entrer dans l’illégalité parce qu’ils ne peuvent pas rembourser les emprunts financiers qu’ils ont contractés auprès des agents recruteurs pour venir travailler à Taiwan.