Eglises d'Asie

Malaisie : l’évacuation finale du camp de réfugiés de Sungei Besi a commencé

Publié le 18/03/2010




Le 18 avril 1996, 317 réfugiés, les yeux rougis par les larmes, ont été embarqués de force sur un bateau malaisien à destination du pays dont ils s’étaient enfuis, il y a plusieurs années. C’est le premier des quatre rapatriements forcés qui vont ramener vers le Vietnam les 1 655 demandeurs d’asile en Malaisie qui refusent encore obstinément le retour volontaire.

Avant l’aube, les réfugiés ont été poussés dans des cars et conduits, sous une très étroite surveillance, depuis leur camp de Sungei Besi, près de Kuala Lumpur, jusqu’au port de Kuantan, sur la côte est de la péninsule, non loin de l’endroit où ils avaient débarqué pour la première fois. Un à un, ils ont été tirés des cars qui s’étaient arrêtés devant la passerelle de l'”Indrapura”, un bateau de fabrication américaine, destiné au débarquement des troupes; puis, ils ont été enfournés dans la cale où ils devaient rester enfermés durant les trente heures du voyage qui les a conduit au Cap Saint Jacques. Auparavant des fonctionnaires du gouvernement et du Croissant rouge malais, munis de détecteurs, les avaient fouillés et leur avait enlevé toutes sortes d’objets métalliques, des pinces à cheveux, des bagues, des ceintures, des chapelets, des croix, des bijoux, etc, avec lesquels, ont déclaré les fonctionnaires, ils auraient pu se blesser ou blesser les autres.

Dans le passé, plusieurs demandeurs d’asile déboutés s’étaient suicidés; deux émeutes extrêmement violentes avaient éclaté à Sungei Besi en juin 1995 (25) et en janvier 1996 (26) pour protester contre le rapatriement forcé. Cependant, selon le reportage des diverses agences internationales (27), malgré la douleur qui pouvait se lire sur tous les visages, l’opération de rapatriement se serait déroulée dans le calme et la dignité. On n’aurait entendu qu’une seule protestation, celle d’un militaire de l’ancien régime exprimant sa volonté de ne pas rentrer au pays.

Sur les 3 128 demandeurs d’asile encore en Malaisie, 1 500 ont accepté le retour volontaire. 216 d’entre eux prenaient l’avion pour Hô Chi Minh-Ville au moment où leurs camarades étaient embarqués sur l'”Indrapura”. Un second rapatriement forcé aura lieu au mois de mai et on prévoit que tous les réfugiés auront quitté la Malaisie au 30 juin 1996, date à laquelle est prévue la fermeture définitive de Sungei Besi, camp qui avait pris la suite de l’île de Pulao Bidong, dramatiquement connu.

Les premiers Vietnamiens venus chercher refuge en Malaisie étaient arrivés le 4 avril 1975. Depuis cette époque, la Malaisie aura servi de premier refuge à 252 461 demandeurs d’asile, dont la plupart se sont maintenant installés définitivement aux Etats-Unis, en Australie, au Canada et dans un certain nombre de pays occidentaux. Les rapatriés d’aujourd’hui ont eu le tort d’arriver en Malaisie à une date où l’opinion internationale avait tourné son attention sur d’autres misères.