Eglises d'Asie

Mindanao : un attentat dirigé contre une Eglise évangélique pourrait avoir été perpétré par d’autres que les extrémistes musulmans

Publié le 18/03/2010




Depuis le 10 mars 1996, c’est le dixième attentat qui frappe la ville de Zamboanga. Cette fois, la cible était une église évangélique dans laquelle 200 personnes étaient rassemblées pour le culte du dimanche 14 avril. Une grenade lancée par un inconnu a fait 11 blessés dans la communauté.

Le général Ruperto Ambil, commandant des forces armées du sud, a déclaré que deux membres du groupe extrémiste musulman Abu Sayyaf avaient été arrêtés dans la ville et étaient interrogés. On estime généralement que ce dernier attentat à la grenade est lié à ceux qui, depuis un mois, frappent des lieux de culte chrétiens et des bâtiments publics (14).

Les milieux de l’Eglise catholique et la police elle-même restent sceptiques sur la responsabilité présumée de groupes extrémistes musulmans dans cette série d’attentats. Ils font remarquer que chacune de ces actions était organisée de façon à faire le moins possible de victimes civiles. Dans le dernier attentat, par exemple, les trois quarts de la grenade lancée dans l’église étaient neutralisés. Lors d’attentats précédents, certaines parties des engins explosifs avaient été délibérément enlevées. Les observateurs notent que les actions menées par le groupe Abu Sayyaf sont toujours sanglantes.

Les soupçons se dirigent donc vers d’autres milieux et on se demande qui a intérêt à créer une atmosphère de panique dans la population de Zamboanga. Beaucoup pensent que certains milieux de l’armée nationale ne seraient pas étrangers à cette succession d’attentats : ils voudraient ainsi justifier leur impressionnant déploiement de forces dans la région. La police locale accuse de son côté un homme politique et deux officiers de l’armée de comploter pour créer des dissensions entre chrétiens et musulmans à Zamboanga. Dans le même ordre d’idées, des chefs musulmans estiment que ces attentats ont été commis par des miliciens d’extrême droite dans le but de polariser les communautés chrétienne et musulmane.

Interrogé par des journalistes à Cotabato le 15 avril, Renato de Vila, ministre de la Défense, a démenti l’implication de l’armée dans l’organisation des attentats : “Les militaires sont à Mindanao pour aider au maintien de l’ordre et à la paix, pas pour terroriser la population