Eglises d'Asie

Réfugiés vietnamiens: la dernière chance d’installation aux Etats-Unis

Publié le 18/03/2010




Après de longs mois consacrés à des négociations avec le gouvernement vietnamien, les Etats-Unis ont enfin fait connaître le contenu définitif du programme destiné à donner une dernière chance aux demandeurs d’asile vietnamiens, programme désormais appelé “Chance d’installation pour les Vietnamiens rapatriés”. Lundi 22 avril 1996, tous les camps de réfugiés du Sud-Est Asiatique en ont été informés par un communiqué. Il s’agit en réalité d’une version très édulcorée du plan primitif élaboré par le département d’Etat vers la moitié de l’année dernière (28), communément nommé “Track Two”. Le plan américain offre aux actuels pensionnaires des camps qui acceptent d’être préalablement rapatriés au Vietnam la possibilité de bénéficier d’une interview au cours de laquelle seront examinés leurs droits à une installation éventuelle aux Etats-Unis.

Pour être susceptibles d’être acceptés par l’immigration américaine une fois rentrés dans leur pays, les “boat people” devront, selon les termes du communiqué du consulat américain à Hongkong (29), remplir une condition principale: avoir été associés étroitement à la présence américaine dans leur pays, ou à l’ancien gouvernement du Sud-Vietnam avant 1975. Le plan américain vise aussi les membres de certains groupes ethniques (l’ethnie chinoise, ou encore le groupe eurasien) et les personnes qui ont été impliquées dans certaines activités politique ou religieuses. L’offre des Etats-Unis s’applique aux demandeurs d’asile qui étaient dans un camp de réfugiés au 1er octobre 1997, soit qu’ils soient déjà rentrés au pays, soit qu’ils se portent volontaires pour le rapatriement avant le 30 juin 1996.

Dans ses commentaires sur cette nouvelle proposition américaine, la presse de Hongkong se montre sceptique sur le nombre de demandeurs d’asile qui pourront bénéficier par ce biais d’une installation aux Etats-Unis (30). Primitivement le projet appelé “Track Two” prévoyait la création d’un centre de tri au Vietnam où auraient été réalisées les interviews. Le gouvernement vietnamien s’y est opposé. Il veut considérer le plan des Etats-Unis non comme une solution de rechange aux programmes actuels mais comme une annexe du “Programme de départs ordonnés” qui fonctionne au Vietnam depuis les années 80 et qui a permis à 450 000 Vietnamiens de s’installer aux Etats-Unis.

Selon le nouveau plan, les demandeurs d’asile vietnamiens désireux de bénéficier de l’offre américaine déposeront une demande d’interview avant leur rapatriement volontaire. Dans les 60 jours qui suivront leur retour au Vietnam, une réponse de l’immigration américaine leur fera savoir si leur demande est acceptée. Selon les journaux de Hongkong, seul un petit nombre de demandeurs d’asile sélectionnés pourront bénéficier de l’interview.

La proposition américaine a été accueillie avec une certaine satisfaction par le gouvernement de Hongkong qui pense que cette nouvelle chance est propre à diminuer la résistance des pensionnaires des camps, résistance qui s’est manifestée avec violence à chaque tentative de rapatriement forcé. Les autorités du territoire ont publié un communiqué affirmant qu’elles apporteraient leur collaboration au programme américain. Celui-ci pourtant n’a encore suscité que des réactions mitigées parmi les pensionnaires des camps qui ont peur de se voir entraînés dans un piège. C’est aussi l’avis du porte-parole de l’association “Refugee Concern”, la juriste Pamela Baker qui a fortement critiqué l’initiative américaine et demandé pourquoi les interviews n’avaient pas lieu sur place (31).