Eglises d'Asie

Saigon : la maison d’édition du Comité d’union et l’archevêché sont seuls habilités à éditer des livres religieux

Publié le 18/03/2010




Un communiqué portant l’en-tête de l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville, daté du 28 mars 1996 et signé de l’évêque auxiliaire, Mgr Pham Van Nam, a été publié par “Catholicisme et Nation” (19). A vrai dire, l’archevêché se contente de transmettre un avertissement du Bureau des affaires religieuses attirant l’attention sur un certain nombre de publications religieuses imprimées et diffusées sans la permission des services gouvernementaux compétents. Au nombre des ces parutions illégales, le communiqué range des ouvrages émanant du Bureau pastoral de la jeunesse, qui est une institution propre au diocèse de Saïgon. Il cite le titre d’un certain nombre d’entre eux mis en circulation sans autorisation. Ce sont semble-t-il pour la plupart des brochures et des bulletins peu volumineux, généralement polycopiés, destinés à la pastorale des fidèles, surtout des jeunes. Le communiqué rappelle qu’il est interdit d’éditer et de diffuser des livres religieux sans permission. Il signale aussi qu’il n’existe aujourd’hui, à Hô Chi Minh-Ville, que deux institutions qui ont le droit de demander l’autorisation d’éditer des ouvrages à contenu religieux, l’archevêché de Hô Chi Minh-Ville et le Comité d’union du catholicisme de la Ville.

La quasi-anarchie qui règne aujourd’hui dans l’édition de livres religieux a des sources lointaines. Le décret 297 CP de novembre 1977, le premier à régir les activités religieuses (20) et le décret 69 HDBT en son article 14 (21) qui lui a succédé au mois de mars 1991 se contentaient d’autoriser la publication de livres religieux pourvu qu’elle se conforme à la réglementation de l’Etat et que le contenu des livres ne s’oppose pas à sa politique. La réglementation de l’Etat n’existant pas, on comprend les raisons de l’absence quasi-totale de publications religieuses officielles jusqu’en 1992. A cette époque, circulaient sans autorisation, sous la forme de polycopiés ou de photocopies, des reproductions d’anciens livres ou d’oeuvres originales (surtout des traductions). A la fin des années 70 et au début des années 80, des séminaristes ont payé de plusieurs années de prison leur collaboration à ces publications clandestines. Cependant à partir des années 1990, les autorités se montrèrent davantage libérales.

Ce n’est qu’avec les directives 379/TTG, publiées le 23 juillet 1993 (22), que la réglementation gouvernementale en matière d’édition religieuse se fit un peu plus précise. Certes, le nouveau texte législatif reprenait l’ancienne formulation: “L’autorisation d’impression pour les livres religieux doit être donnée en conformité avec la loi sur les publicationsmais à cette époque, la loi sur les publications existait enfin. Elle avait été approuvée par l’Assemblée nationale quelques jours avant la directive, le 7 juillet 1993. Cette loi ne laisse aucune place aux maisons d’édition privées. Au sujet des livres religieux, l’article 18 de la loi déclare sans ambages: “Les organes de gestion de l’Etat en matière de publication, qui en ont la compétence détermineront concrètement les maisons d’édition qui seront chargées de publier les livres de prières et les ouvrages religieux le plus commodément” (23).

Cet article 18 de la loi sur les publications reste encore aujourd’hui un point de conflit entre l’Etat et les évêques du Vietnam qui, dans les pétitions envoyées au premier ministre à l’issue de leurs réunions plénières annuelles, ont demandé, à plusieurs reprises, l’autorisation de créer une maison d’édition propre à l’Eglise catholique, ce que la loi sur les publications ne permet pas.

Le Bureau des affaires religieuses de Hô Chi Minh-Ville conformément à l’article 18 de la loi sur les publications vient donc de désigner les deux maisons d’édition habilitées par les autorités civiles à publier des livres religieux. L’archevêché, première institution nommée, possède en réalité peu de moyens et se contente d’éditer et de diffuser les publications officielles du diocèse. Le comité d’union lui possède depuis 1992, une collection appelée “Dai Kêt” (grande union) publiée avec la collaboration de la maison d’édition de la ville. Dans un article de commentaire consacré au communiqué de l’archevêché, l’organe du Comité d’union (24) publie la liste des 31 ouvrages édités par la collection depuis sa fondation. La plupart sont des livres de bonne qualité et plus d’un tiers d’entre eux sont des traductions. Cependant l’article se plaint que malgré cela, les publications religieuses clandestines de toutes sortes continuent de plus belle et même se multiplient. L’auteur laisse entendre que cela est dû au fait que beaucoup d’auteurs catholiques de Saigon refusent de publier dans la collection du Comité d’union: “Jusqu’à présent les livres catholiques publiés officiellement l’ont été grâce à la collection “Dai-Kêt”. Mais beaucoup d’auteurs ne veulent pas passer par cette intermédiaire. Ainsi, il ne leur reste que deux solutions: ou passer par l’évêché qui ne peut publier que peu de choses, ou réserver leur livre pour la diffusion intérieurec’est à dire emprunter une voie non officielle.