Eglises d'Asie

Hongkong : violentes émeutes dans les camps de réfugiés vietnamiens qui s’opposent à leur rapatriement forcé

Publié le 18/03/2010




De très graves incidents ont marqué les débuts de l’opération destinée à préparer le rapatriement intensif des quelque 19 000 demandeurs d’asile vietnamiens encore dans les camps du territoire. Une première escarmouche a opposé boat-people et forces de police dès le mercredi 8 mai dans le camp de High Island. Cependant c’est au camp de Whitehead, deux jours plus tard, que la confrontation a atteint son summum de violence. Un premier bilan établi par les autorités du territoire dès le samedi 11 mai faisait état de 70 blessés dont une trentaine de vietnamiens. La volonté de résistance des réfugiés était déjà connue depuis longtemps. Cependant les responsables du territoire pensaient avoir mis tous les atouts de leur côté. Des forces de police considérables étaient déployées pour mener à bien le rapatriement forcé. De plus, les opérations devaient se dérouler à un rythme progressif qui ne s’amplifierait que dans les derniers mois de l’année. Lors des entretiens du début du mois d’avril à Hanoi (), les deux gouvernements britannique et vietnamien s’étaient accordés sur le chiffre de 2 500 rapatriés par mois mais pour la première étape du rapatriement intensif au mois de mai, seuls quelque 600 pensionnaires des camps devraient être ramenés de force dans leur pays. Par ailleurs, on pensait que l’annonce américaine du mois dernier, promettant un nouvel examen du statut de réfugié à ceux qui accepteraient le rapatriement, avait apaisé les esprits. Les événements ont démontré le contraire.

Les préparatifs directs du rapatriement intensif ont commencé le mercredi 8 mai. A l’aube, des forces de police considérables (1 000 agents) ont encerclé le camp de High Island pour assurer le transfert du groupe des futurs rapatriés depuis le camp jusqu’à la prison Victoria, lieu où généralement les rapatriés de force attendent leur départ en avion. Au moment où la police a pénétré dans les camps, un groupe de pensionnaires désignés pour le rapatriement se sont réfugiés sur les toits des baraquements où ils ont agité des drapeaux portant l’inscription “S.O.S.”. L’intervention des policiers a rapidement mis un terme aux protestations. Seul un réfugié a été légèrement blessé au cours de l’échauffourée.

C’est le vendredi 10 mai que les plus graves événements ont eu lieu, cette fois-ci, dans le camp de Whitehead. Les autorités avaient prévu de transférer des centaines de pensionnaires de ce camp vers celui de High Island en vue de leur rapatriement forcé vers le Vietnam, via la prison Victoria. L’intervention de la police à l’intérieur du camp a déclenché une mutinerie générale, la plus violente, sans doute, de toutes celles qui ont agité les camps de Hongkong, ces dernières années. La totalité des 3 000 pensionnaires du camp est entrée alors en ébullition. Des bâtiments et des véhicules ont été incendiés, tandis que 200 demandeurs d’asile réussissaient à s’échapper du camp à la faveur du désordre général. Le samedi matin, la résistance des pensionnaires du camp de Whitehead s’est poursuivie encore. La police a utilisé des projectiles à gaz lacrymogène pour tenter de déloger quelque 200 boat-people installés sur les toits des baraquements du camp. Malgré le tir d’une cinquantaine de projectiles, les réfugiés ont continué de tenir leur position, certains une partie de la matinée, d’autres plus longtemps : en fin de soirée, deux derniers protestataires refusaient encore de céder. A l’extérieur, aux alentours du camp, une vaste chasse à l’homme se poursuivait à la recherche des échappés de la veille. Un certain nombre d’entre eux ont été capturés dans la journée du samedi. Mais selon un communiqué de la police, 28 n’avaient pas encore été retrouvés le dimanche matin.

Malgré l’émeute, l’opération de transfert entamé par la police le vendredi matin a pu atteindre certains de ses objectifs puisque 938 pensionnaires du camp de Whitehead avaient été transportés à High Island dès le vendredi. Plusieurs centaines d’autres les y

ont rejoint le samedi matin. Par ailleurs, dans la nuit du samedi à dimanche, la police du territoire a arrêté plus de 200 pensionnaires du camp de Whitehead, dont on estimait qu’ils avaient joué un rôle de premier plan durant la mutinerie générale. La plupart d’entre eux ont été conduits à la prison Victoria, qui est aujourd’hui plus que surpeuplée. Prévue pour héberger 438 personnes, elle contient déjà 417 détenus de droit commun. Elle a accueilli 570 nouveaux venus mercredi 8 mai, auxquels il faut ajouter désormais les émeutiers du 10 et 11 mai. Les observateurs estiment qu’aucune poursuite ne sera engagée contre eux, car cela ne pourrait que retarder leur rapatriement déjà fort compromis. Dès le dimanche matin, la presse de Hongkong faisait un premier bilan des dégâts réalisés durant les deux jours d’émeute et estimait les pertes subies par le gouvernement de Hongkong à plusieurs millions de dollar, sans compter les 2 millions de dollars auxquels sont estimés les 20 voitures privées brûlées par les émeutiers. La veille, le gouverneur Chris Patten avait condamné les violences des demandeurs d’asile, estimant qu’“un tel comportement ne pouvait être toléré”. Un représentant de la Chine populaire à Hongkong, Zhang Junsheng, s’en est pris à la Grande Bretagne : “Nous ne comprenons pas pourquoi les Vietnamiens n’ont pas encore été renvoyés chez eux après une si longue période de tempsIl a rappelé que tous les boat-people devront avoir quitté le territoire au moment du changement de pouvoir.