Eglises d'Asie

Le grand nombre des séminaristes n’est qu’un leurre qui masque la crise, selon le responsable national des vocations

Publié le 18/03/2010




Les évêques philippins vivent dans un “sentiment de sécurité trompeur” parce que les séminaires sont pleins, dit le P. Roberto Reyes, secrétaire de la commission nationale pour les vocations. Il prépare pour l’assemblée plénière de l’épiscopat en juillet 1996 un rapport sur la crise des vocations et il espère que les évêques lui accorderont “une réflexion sérieuse” (11).

En 1996, l’annuaire catholique des Philippines mentionne le chiffre de 8 776 séminaristes. En 1989, ils n’étaient que 7 702. Cette hausse de 14% doit cependant être analysée en rapport avec le nombre de prêtres qui sont morts durant cette période et l’augmentation du nombre des catholiques. Selon le P. Reyes, le nombre de prêtres qui quittent le ministère est aussi en augmentation constante, même s’il estime que le chiffre de 6 000 donné par l’organisation nationale des prêtres mariés est une exagération (12).

Une évaluation de la situation en profondeur exigerait des chiffres et données que l’Eglise n’a pas encore rassemblés, ajoute le P. Reyes, mais “si l’Eglise veut sérieusement prendre à bras le corps la crise des vocations, elle doit se pencher sérieusement sur elle-même et ses problèmesIl estime que la vocation religieuse et sacerdotale connaît aujourd’hui aux Philippines une crise à trois dimensions : personnelle, communautaire et institutionnelle. “Les religieux, hommes et femmes, traversent une crise, les membres des instituts laïcs aussi, et il en est de même pour les couples catholiques et leurs enfants qui sont les sources réelles de vocationsaffirme-t-il.

Le prêtre suggère qu’en analysant ces problèmes on distingue entre les symptômes et les causes. Parmi les symptômes de la crise, il cite la migration des prêtres diocésains vers les centres urbains et en particulier l’archidiocèse de Manille. Un certain nombre de prêtres séculiers et réguliers émigrent aussi vers le Canada, l’Australie et les Etats-Unis. Parmi les causes qui poussent un grand nombre de prêtres à quitter le ministère, il cite la lassitude extrême de certains, mais plus souvent une profonde déception à l’égard de l’Eglise, de leur diocèse ou de leur congrégation religieuse.

“Beaucoup d’évêques ne se préoccupent pas beaucoup de la formation des séminaristes et encore moins de celle des prêtres déjà ordonnés; la formation permanente des prêtres est pourtant une nécessité” affirme le P. Reyes. Il propose l’établissement dans chaque diocèse d’un centre de formation permanente. La plupart des sociétés commerciales et industrielles se posent toujours la question de l’amélioration de leurs performances. C’est parce que l’Eglise ne se pose pas suffisamment cette question que la crise est en train de s’intensifier, dit le prêtre.

Le problème des petits séminaires est un de ceux que les évêques auront aussi à régler au mois de juillet. “La plupart d’entre eux ne sont guère plus que des pensionnats et très peu de petits séminaristes passent au niveau suivantconstate le P. Reyes. Selon lui, beaucoup d’évêques aimeraient les fermer mais le soutien que leur accorde le pape Jean-Paul II les en empêche.