Eglises d'Asie

Les Chrétiens pour la libération nationale, organisation de la gauche révolutionnaire, essaient de reprendre pied

Publié le 18/03/2010




En perte de vitesse depuis le début des années 1990 après les scissions qui ont frappé la gauche révolutionnaire, les Chrétiens pour la libération nationale (CNL) essaient aujourd’hui de reprendre pied sur la scène politique et sociale et de se donner un nouvel élan. Ils arguent de la pauvreté, qui continue de faire des ravages dans le pays, et des violations répétées des droits de l’homme, pour intensifier leur propagande et reprendre leur recrutement.

L’organisation des Chrétiens pour la libération nationale est un mouvement oecuménique clandestin regroupant prêtres, religieux et laïcs. Elle fait partie du Front national démocratique, bras politique de l’Armée du peuple nouveau dont l’activité militaire a beaucoup diminué depuis quelques années.

Dans un communiqué qui a circulé à Manille au cours du mois de février 1996, le CNL a prévenu ses sympathisants que le gouvernement essayait de semer la division dans ses rangs : “Aussi longtemps que la nécessité de la révolution demeure valable, la participation des membres de l’Eglise à cette révolution demeure une option et une mission chrétiennesLe texte est signé par un certain Gabriel Maria Divinagracia, très probablement un pseudonyme. Après avoir fait la liste des maux sociaux qui frappent le pays, le texte ajoute que “l’Eglise des Philippines doit maintenir l’essence révolutionnaire de l’Evangile du Christ

Fondé en 1972, le CNL se réfère souvent au “martyre” de trois prêtres philippins, Jose Burgos, Mariano Gomez et Jacinto Zamora, exécutés par les occupants espagnols à la fin du siècle dernier, pour souligner la nécessité de la participation du personnel de l’Eglise institutionnelle à la lutte contre la tyrannie et l’oppression. Ces dernières années, deux prêtres, membres du CNL, ont été tués au cours d’actions armées de l’Armée du peuple nouveau : Bert Salac en 1984 et Frank Navarro en 1994 (9). L’un des membres les plus connus du CNL est le P. Luis Jalandoni, qui est en même temps l’un des responsables du Front national démocratique et vit en exil en Hollande.

Depuis 1994, le parti communiste philippin, composante principale du Front national démocratique, est scindé en deux factions rivales : les uns sont toujours en faveur de la guérilla rurale lancée en 1969, et les autres estiment que la guérilla urbaine doit primer et que davantage de démocratie doit régner dans les rangs de l’organisation. Le CNL a été durement affecté par cette scission puisque, lors de son congrès de 1995, son chef et douze responsables ont été expulsés de la direction après avoir été accusés de “schisme et d’apostasieA l’issue de ce congrès, le CNL avait décidé de continuer sa lutte à l’intérieur des Eglises (10).