En 1981, je suis allé avec quelques prêtres et des religieuses pour une session d’immersion dans le diocèse d’Infanta à l’est de l’île de Luzon aux Philippines. Après la messe et les prières, notre session d’étude comprenait des visites à des villages de pêcheurs et de fermiers. Le dernier jour de notre séjour, une vieille dame que nous avions rencontrée vint me dire : “Jusqu’à présent, je considérais tous les Japonais comme des bêtes. Mais en vous voyant prier et célébrer la messe avec nous j’ai changé d’opinion. Il y a cependant deux souvenirs qui ne me quitteront pas”. Ce que j’appris d’elle est ceci: A la fin de la guerre, au moment où les troupes japonaises se retiraient du district où elle habitait, devant tous les habitants du village qui regardaient, les soldats mirent le feu aux réserves de sucre, de riz et de nourriture qu’ils avaient confisquées à la population. L’autre épisode survint quand un soldat japonais était en train d’essayer d’expliquer quelque chose à un groupe d’habitants du village et un bébé n’arrêtait pas de pleurer. Il se mit en colère et transperça le bébé de sa bayonnette. Quand la vieille dame eût fini son histoire, elle me prit la main et, les larmes aux yeux, elle répéta : “J’ai changé d’opinionC’est une scène que je ne suis pas prêt d’oublier. Je crains que quel que soit le nombre d’années qui passent, les peuples se souviennent toujours des actes inhumains perpétrés par l’armée japonaise.
Infanta se trouve à six heures d’autocar de Manille et, à l’époque dont je parle, il n’y avait pas encore de télévision dans cette région. Les habitants ne connaissaient rien du Japon de l’après-guerre, en dépit des foules d’hommes d’affaires et de touristes qui visitaient la capitale. A ce moment-là, j’ai ressenti intensément la nécessité absolue qui était la nôtre de rencontrer les gens ordinaires du peuple en Asie, de les écouter parler de leurs traumatismes et de leurs critiques du Japon, et leur promettre que nous leurs serions unis à l’avenir.
NOTRE IDENTITE D’EGLISE D’ASIE
Il semble que l’une des politiques de l’ère Meiji était de “quitter l’Asie pour rejoindre l’EuropeCe qui avait été jusque là une relation réellement amicale avec les pays avoisinants changea radicalement. Dans son impatience à se mettre sur les rangs des puissances occidentales, le gouvernement adopta l’idée de colonisation et commença avec la Corée et Taiwan. Les guerres suivirent les guerres dans nos efforts de régner sur nos voisins. Finalement, le conflit s’étendit jusqu’aux régions du sud-Pacifique provoquant l’holocauste de trente millions de vies humaines. Les victimes japonaises furent elles aussi très nombreuses : les pertes militaires à la bataille d’Okinawa, les victimes civiles des explosions atomiques de Nagasaki et de Hiroshima, les milliers et les milliers qui moururent dans d’autres villes au cours de raids aériens. Nous sommes passés maintenant de l’ère Showa avec son histoire de sacrifice à l’ère Heisei, mais la destruction de la culture et de la vie, d’abord par l’invasion militaire, puis par des moyens économiques n’a pas encore été prise en compte. Aujourd’hui, en cette cinquantième année de l’après-guerre, nous sommes arrivés au point où nous devons réparer les dommages infligés à la vie et à la culture et construire une paix véritable. Notre mission est de contribuer à la paix en Asie et dans la région Pacifique afin que ces millions de personnes ne soient pas mortes en vain. Du point de vue géographique et ethnique, le Japon appartient à l’Asie. Si nous ne devenons pas les frères et soeurs des peuples de nos pays voisins, le Japon ne peut pas être un membre de la famille humaine.
Jusque dans les années 1970, les Eglises des divers pays asiatiques dirigeaient leurs propres affaires sans communiquer entre elles ou très peu. En fait, la plupart des contacts étaient limités aux gouvernements ou se faisaient directement par le Vatican. En 1970, à l’occasion de la visite de Paul VI à Manille, les évêques de tous les pays d’Asie se rassemblèrent là et l’idée d’une conférence des évêques d’Asie qui maintiendrait la solidarité entre les Eglises en Asie devint une réalité. En cette année 1995, la fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC) a célébré son vingt-cinquième anniversaire. Sa première assemblée plénière se tint à Taiwan en 1974, la seconde à Calcutta en Inde en 1978, la troisième à Bangkok en Thaïlande, la quatrième à Tokyo en 1982 et la cinquième à Bandong en Indonésie en 1990. Cette année, pour marquer son vingt-cinquième anniversaire, la FABC a tenu son assemblée générale à Manille. Le thème choisi était le suivant: “Etre disciple du Christ en Asie aujourdhui signifie aimer la vie”.
Dans la fédération, il y a six commissions : évangélisation, communications, éducation et jeunesse, laïcat, dialogue avec les autres Eglises, et développement humain. Au cours des vingt-cinq dernières années, ces commissions ont organisé des sessions d’étude sur leurs préoccupations propres dans diverses régions d’Asie. Presque tous les évêques japonais ont participé aux réunions des commissions auxquelles ils étaient nommés. Parce que la fédération est composée d’évêques, la plupart de ces sessions sont pour eux, mais des prêtres, des religieux et des laïcs y participent aussi.
En plus d’une certaine quantité de travail sur le terrain, les sessions consistent en analyses sociales, recherche théologique, planification pastorale etc. Par la fréquentation de ces sessions d’étude, je suis venu à rencontrer d’autres peuples d’Asie et, pour la première fois, j’ai appris à connaître les conditions qui prédominent dans les Eglises d’Asie. J’ai appris aussi à connaître l’importance de la dimension sociale de l’Evangile et j’ai pris conscience de l’existence du péché social et des structures sociales qui le font exister. J’ai aussi découvert comme un défi nouveau le fait que les Eglises d’Asie continuent de suivre des modes de pensée européens: l’Eglise n’est pas pleinement enracinée dans la mentalité et la culture asiatiques.
LA MISSION DES EGLISES D’ASIE
On nous dit que la population de l’Asie compte pour les deux tiers ou peut-être les trois cinquièmes de la population du globe. Si l’on regarde les dix pays les plus peuplés du monde, on se rend compte que six d’entre eux se trouvent en Asie. Voici l’ordre de ces pays : Chine, Inde, Russie, Etats-Unis, Brésil, Indonésie, Japon, Nigéria, Pakistan et Bangladesh. Soixante pour cent de la population asiatique a moins de vingt-cinq ans. C’est littéralement un continent de jeunes gens.
Si l’on met de côté quelques pays, on se rend compte pourtant que le continent dans son ensemble appartient au tiers monde et la pauvreté en est l’un des traits saillants. C’est une région qui fut un champ de bataille pendant la guerre et qui est en proie aujourd’hui aux problèmes d’environnement. Une autre caractéristique du continent est la présence de trois grandes religions dont les disciples sont en très grand nombre : l’hindouisme, le bouddhisme, qui sont antérieurs au christianisme, et l’islam. Il est évident qu’aujourd’hui ils continuent d’influencer les trois grandes cultures des peuples d’Asie. Si l’on fait exception de la Corée et des Philippines, la population catholique du continent compte pour moins d’un pour cent de la population totale.
De ce point de vue, le phénomène de l’Eglise dans le pays voisin de Corée mérite une mention spéciale. Il y a deux-cents ans, un jeune Coréen étudiant en Chine y rencontra un missionnaire catholique et revint en Corée après avoir reçu le baptême. De retour chez lui, il évangélisa ses compagnons et fonda une communauté chrétienne. Habituellement, le missionnaire vient d’abord, commence sa prédication, et quelque temps plus tard naît une Eglise locale. En Corée l’apostolat du laïcat est venu d’abord. C’est seulement ensuite que le missionnaire a été envoyé. L’Eglise coréenne née du zèle apostolique de laïcs compte aujourd’hui trois millions de catholiques et sept millions de protestants, un total d’environ dix millions de personnes, soit vingt-cinq pour cent de la population. Si dans un pays une personne sur quatre est chrétienne, on peut certainement considérer ce pays comme un pays chrétien. Ce phénomène fait la fierté de l’Asie et indique la direction que l’évangélisation doit suivre.
Dans le tiers monde, l’occidentalisation a été regardée comme synonyme de modernisation; le développement industriel était considéré comme la route vers le progrès. Mais aujourd’hui, les gens commencent à se demander si le développement industriel est vraiment le développement; ne serait-il pas plus sage de jeter un nouveau coup d’oeil sur l’agriculture et la pêche qui étaient jusqu’à présent au centre de la vie des peuples? On dit même que le temps est venu pour l’Asie d’avoir ses propres objectifs de développement. Dans ce domaine, l’Eglise non plus ne devrait pas avoir l’occidentalisation comme but. Pour l’Evangile du Christ aussi il doit y avoir un mode asiatique singulier de témoignage.
On peut appeler l’Asie des jeunes, l’Eglise des jeunes. Pour aujourd’hui et aussi pour demain c’est une bénédiction et une cause d’espérance que l’on ne trouve pas sur les autres continents. Si les jeunes saisissent bien la vision évangélique, si, motivés par ces valeurs, ils rendent témoignage à l’Evangile dans la société, une réforme de cette société sera possible. Le pape Jean-Paul II, au cours des célébrations du vingt-cinquième anniversaire de la FABC à Manille, a déclaré : “Le troisième millénaire qui commence en l’an 2000 sera l’ère de l’Eglise d’Asie”. Sa prédiction peut être vue comme l’expression des attentes qui sont les nôtres, de notre confiance en la vigueur et l’enthousiasme des jeunes.
L’Eglise en Asie est aussi l’Eglise des pauvres. Sur un continent où la très grande majorité de la population vit dans la pauvreté, l’Eglise, plutôt que d’être une Eglise pour les pauvres, doit devenir une Eglise qui vit comme les gens vivent. Les bâtiments d’Eglise, les évêques, les prêtres, les religieux et les fidèles doivent changer leur mode de vie et le transformer en quelque chose de plus modeste et de plus simple que ce que nous avons jusqu’à présent. Si nous ne changeons pas quelque chose dans ce domaine, comment pourrions-nous témoigner de l’Evangile de Jésus parmi les pauvres? De plus, dans un continent où la culture est celle qui est créée par les trois grandes religions, la coexistence fondée sur le dialogue avec elles et le fruit de ce dialogue sont des caractéristiques spéciales que l’on ne retrouve pas ailleurs dans le monde. Dans les religions qui ont une histoire et une tradition plus anciennes que le christianisme, et dans la culture qu’elles ont engendrée, il est impossible qu’il n’y ait pas de manifestations nouvelles de l’Evangile que nous ne trouvons pas dans l’Eglise. Il est important que nous, chrétiens, apprenions en toute humilité quelque chose de leur magnifique héritage.
Dans la spiritualité de l’Orient, la sympathie, l’empathie avec les autres sont très importantes : elles donnent une grande valeur à la vie dans l’harmonie avec les autres et avec toute créature vivante. D’autres régions du monde commencent aussi à se rendre compte de cela, si bien qu’il y a de grandes attentes par rapport à une théologie orientale de l’écologie. Plutôt que de gouverner toutes les choses que Dieu a faites, vivre et agir en harmonie avec elles sont l’attitude des peuples d’Orient. Les sentiments de sympathie et de connivence avec toute créature, une relation de compassion et d’harmonie, n’étaient pas des vertus très prisées dans l’Eglise occidentale jusqu’à présent. Pourtant, ce sont des vertus merveilleuses et on les trouve dans l’Evangile de Jésus.
Il y a d’autres tâches qui attendent l’Eglise en Asie. L’une d’entre elles qui n’a pas encore reçu l’attention qu’elle méritait est la reconnaissance de la dignité de la femme. C’est là l’une des toutes premières priorités de l’Asie. Une autre est la protection qui doit être donnée aux travailleurs migrants, en particulier les adolescents. L’industrialisation a créé de nouveaux emplois et des adolescents arrivent en grand nombre sur le marché du travail. C’est un fait connu que leurs droits fondamentaux ne sont pas pleinement protégés. Le mouvement des travailleurs migrants est l’un des traits notables de la force de travail asiatique. La migration de gens qui cherchent de meilleures conditions de vie résulte dans la destruction des familles et beaucoup d’autres tragédies. Les conditions de vie et de travail des travailleurs eux-mêmes ne sont pas non plus les meilleures qui soient. Si les pays qui reçoivent ces travailleurs migrants étaient capables de percevoir les différences qui naissent de la diversité de race et de culture, s’ils traitaient ces travailleurs avec générosité, s’ils adoptaient l’attitude chrétienne de les accueillir comme des frères et des soeurs, alors, cela deviendrait un témoignage visible et palpable du Royaume de Dieu.
UN MONDE NOUVEAU EN ASIE
Parmi les voisins du Japon se trouve le sous-continent chinois avec une population estimée entre un milliard deux cent et un milliard trois cent millions de personnes. L’histoire de l’ère Showa gardera le triste souvenir de la relation entre nos deux pays à ce moment-là, mais l’histoire montre aussi que la religion et la culture du Japon lui viennent de la Chine à travers la Corée. Nous avons aussi beaucoup à apprendre de la Chine à l’avenir. En ce moment, il y a environ cinq millions de catholiques en Chine mais, parce qu’ils n’ont pas eu beaucoup de contacts avec le monde extérieur depuis quarante ans, une situation unique s’est développée : la soi-disant Eglise patriotique et l’Eglise clandestine existent côte à côte. Ce n’est pas une Eglise qui s’est divisée de sa propre volonté. Pour des raisons politiques c’est la seule chose qui pouvait arriver. L’Eglise du Japon, en tant que voisine, doit entrer en contact avec elles aussi rapidement que possible.
J’ai eu le privilège de rendre visite à ces Eglises à trois reprises. Chaque fois je suis revenu avec l’impression d’une Eglise qui vit et réagit avec la même foi que nous-mêmes. En ce moment, à Yokohama, nous avons un étudiant du séminaire de Jilin dans la province du nord (anciennement Mandchourie). A l’avenir aussi, en acceptant des étudiants et en continuant nos visites, j’aimerais pouvoir mettre l’accent sur les relations qui existent entre nos deux Eglises.
La regrettable division que nous voyons entre la Chine continentale et Taiwan a sa contrepartie chez le voisin immédiat de la Chine, en Corée, divisée à l’heure actuelle entre le Nord et le Sud. Certainement il y a aussi des chrétiens au Nord. C’est avec anxiété que nous attendons le jour où l’Eglise commencera à y prospérer.
Au nord de la Chine, en Mongolie, les pères de Scheut ont ouvert une mission active. Comme Eglise catholique, c’est juste une petite communauté nouvellement formée, mais la Mongolie est l’un des pays avec qui nous aurons des contacts à l’avenir. Si l’on tourne le regard encore plus vers le nord, on trouve la vaste république de Russie. Depuis la révolution de 1917, pendant près de soixante-dix ans, même si la liberté de religion existait en principe, elle était très limitée et il n’y avait aucune liberté d’évangéliser. Depuis la disparition de l’Union soviétique en 1991, il y a un soudain afflux de conversions à l’Eglise orthodoxe et à l’Eglise catholique.
Au cours de l’été 1993, j’ai eu la chance de rendre visite, à l’invitation de Caritas, à la ville d’Irkoutsk sur les rives du lac Baikal. Irkoutsk se trouve à l’entrée méridionale de la Sibérie centrale. Le nouveau diocèse établi à Novosibirsk s’étend jusqu’à Sakhalin et Vladivostok. Les gens qui habitent là se considèrent comme appartenant à la même famille asiatique que les Japonais. C’est probablement parce qu’ils ont des frontières communes avec la Chine et la Corée et que leur province la plus orientale est au bord de la mer du Japon. Au contraire, la population de l’autre diocèse, Moscou, se considère comme européenne. Personnellement, je n’avais jamais pensé à la Russie comme membre de la communauté asiatique. A partir de maintenant, à la FABC, nous devons nous demander comment approcher les provinces orientales de la Russie. Jusqu’à présent, nous avions trois divisions, l’Est, le Sud, et le Sud-est. Le temps est venu d’en ajouter une quatrième qui sera le Nord ou le Nord-est.
L’ORDRE DU JOUR DE L’EGLISE DU JAPON
Il y a quatorze ou quinze ans, quand le sentiment anti-japonais était à son maximum d’intensité, la FABC organisa un séminaire sur l’éducation tertiaire à l’université. Il eut lieu en Thaïlande. A l’époque, j’étais responsable de l’éducation et de la jeunesse pour la conférence épiscopale japonaise et je participai à cette réunion qui dura six jours. Le dernier soir, avant que nous nous séparions, un jeune prêtre philippin déclara : “En dépit de sa défaite dans la guerre du Pacifique, le Japon est aujourd’hui l’une des principales nations du monde. C’est extraordinaire. Evidemment, les Japonais sont malins et ils travaillent dur”. Il continua dans la même veine sur un ton un peu piquant. Il termina en remarquant : “Mais quand tout a été dit, nous ne nous soucions pas beaucoup des JaponaisBeaucoup de prêtres thaïlandais marquèrent leur approbation. Quand je demandai la raison de leur sentiment, ils répondirent : “Voyez-vous, les Japonais ne perdront jamais quelque chose d’eux-mêmes en aidant quelqu’un d’autre. C’est pourquoi ils ne peuvent faire partie des nôtresC’est un commentaire qui est resté présent dans mon esprit toutes ces années.
L’année dernière, la chaîne de télévision NHK a conduit une enquête à travers des questionnaires sur l’aide aux réfugiés du Rwanda au Zaïre. La majorité des réponses était que “l’aide financière est suffisanteParmi les réponses de jeunes gens autour de l’âge de vingt ans, on trouvait l’opinion selon laquelle “s’il y a un risque pour la vie ou pour la santé il n’y a aucune raison de s’engagerLe Japon a la réputation d’un pays toujours prêt à aider financièrement mais réticent à s’engager en contribuant de la main d’oeuvre à une cause. Notre attitude semble être “sécurité d’abord, c’est-à-dire notre propre sécurité : nous n’allons pas risquer notre vie ou nous mettre en danger”. Est-il donc vrai après tout que “nous n’accepterons pas de perdre quelque chose en aidant les autres ?” Cela serait-il devenu notre ligne de conduite ?
L’Evangile nous enseigne exactement le contraire. Les guerres de l’ère Showa sont derrière nous et l’ère Heisei devrait être une période de réparation. Quand nos jeunes veulent aller à l’étranger, il serait merveilleux qu’ils puissent choisir le continent asiatique ou la région Pacifique pour se donner l’occasion de rencontrer les peuples qui y vivent. Ce souci d’engagement fera disparaître à l’avenir les préjugés qui existent entre les peuples et les nations. En traversant simplement une mer, on peut découvrir une vision complètement différente des choses. C’est une expérience que j’aimerais que tous les Japonais, particulièrement les jeunes, fassent. Ils viendront ainsi face à face avec les destructions apportées par les guerres passées et le tort qui est fait à l’heure actuelle à la culture à l’environnement et à la nature par l’invasion de l’industrie. Ils rencontreront aussi les critiques adressées à nos groupes de touristes sans vergogne. En tant qu’individus, nous ne sommes pas responsables, mais du seul fait que nous soyons Japonais nous ne pouvons pas échapper à un sentiment de culpabilité. Ecouter humblement les choses dont se plaignent les gens ordinaires du continent asiatique et de la région Pacifique, est par lui-même une manière de pratiquer l’amour fraternel. En même temps, cette approche amènera à une relation plus chaleureuse et plus forte avec les réfugiés, les travailleurs émigrés et leurs familles qui sont au Japon.
Jusqu’à présent, seule une poignée de missionnaires laïcs ont été envoyés outremer. J’aimerais qu’il y ait un plus grand nombre de jeunes à les rejoindre. Les religieuses japonaises actives dans le travail missionnaire à l’étranger sont nombreuses, mais les prêtres sont peu nombreux. Le temps est venu pour les prêtres, les religieuses et les laïcs de former des équipes missionnaires pour aller travailler dans d’autres pays. Si les Japonais veulent devenir de réels frères et soeurs des autres peuples d’Asie et une nation de paix, l’Eglise doit s’intéresser davantage à ces questions et jouer un rôle plus constructif.