Eglises d'Asie

CROYANCE, RELIGION, SUPERSTITION

Publié le 18/03/2010




LA CROYANCE

Le mot (sino-vietnamien) “Tin Nguong” est formé du mot “tin” qui signifie “confiance” et “nguong”orientation versDans le langage courant, le terme “croyance” est donc employé pour désigner une confiance et une orientation humaines à caractère religieux. Il signifie aussi une croyance et une orientation humaines tournées vers une certaine puissance surnaturelle ou spirituelle, une puissance de type abstrait (ou symbolique) et dont la force est utopique et invisible, que l’on peut appeler “cielbouddha”espritCette puissance influence la vie intérieure des hommes. On la croit réelle, on l’adore et lui rend un culte.

La confiance dans cette puissance surnaturelle, la crainte d’un châtiment ou l’espérance d’une protection et d’une bénédiction de sa part forment le noyau de la conscience religieuse, le premier élément de la manifestation religieuse. Cette foi et ce sentiment sont aussi à la base des phénomènes superstitieux. Ces deux éléments subsisteront dans la vie spirituelle de l’homme aussi longtemps que celui-ci n’aura pas maîtrisé totalement la nature, la société et sa propre nature. Tant qu’il sera en butte au malheur, tant qu’il aspirera à échapper à ses souffrances et aux liens qui lui sont imposés en ce monde, il cherchera à s’appuyer sur un être suprême, sur une certaine puissance surnaturelle et mystérieuse.

En étudiant l’histoire des religions, on peut constater que la conscience religieuse apparaît d’abord sous la forme de croyances primitives. Avec le développement de la production matérielle et la division de la société en classes sociales, la compréhension, la psychologie, la vie spirituelle de l’homme se dotent de nouveaux éléments et les religions naissent sur la base de croyances déterminées. Comme la réalité nous l’apprend, les adeptes des religions donnent leur foi et leur confiance à une puissance surnaturelle (le fidèle chrétien croit en Dieu et en l’Esprit Saint (sic), le musulman en “Allah le saint”, le bouddhiste en Bouddha et dans le nirvana. La liberté de croyance implique la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de suivre ou de ne pas suivre une religion.

Au Vietnam, en dehors des religions diffusées aussi dans les grands pays du monde, comme le christianisme, le bouddhisme, l’islam, le confucianisme, il y a d’autres croyances inégalement répandues comme le culte des ancêtres, l’animisme, le culte des divinités féminines, la déesse mère. Associées à ces croyances, des formes variées de culte, de fêtes périodiques existent aussi. Toutes ces croyances ont marqué et influencé profondément la vie d’une partie non négligeable de la population, qui n’adhère pas forcément à une religion précise et ne se soumet pas forcément à une doctrine, réglementation ou organisation religieuses déterminées.

LA RELIGION

Pris dans son sens restreint, le concept de religion comprend l’ensemble formé par les idées, la conscience, le sentiment, les activités et l’organisation religieuses. La croyance ne commence à revêtir une forme religieuse que lorsque la société humaine se divise en classes: lorsque la conscience humaine s’est développé jusqu’à atteindre le stade de l’abstraction, c’est alors qu’apparaissent des symboles comme l'”être suprême”, l'”illuminateur”, le “monde spirituel”. Lorsque la société offre les conditions matérielles nécessaires pour qu’une classe d’hommes échappant à la production, se spécialise dans la profession religieuse et se consacre à l’édification des dogmes, de la législation et de l’organisation de la religion, à la célébration des rites et à la propagation religieuse. Du point vue du droit, pour affirmer qu’une religion existe officiellement dans une société, on s’appuie généralement sur les éléments suivants:

a – L’existence d’un système de dogmes, de lois et de rites.

b – L’existence d’une organisation ecclésiale comprenant un ensemble d’institutions monastiques et d’institutions administratives destinées à gérer les diocèses – un ensemble d’églises (comme dans le christianisme) ou de pagodes (comme dans le bouddhisme), ou de temples (comme dans l’islam, ou le caodaïsme), ou de pagodons (comme dans le confucianisme), ou de lieux de culte spéciaux (diêncomme dans le taoïsme – un ensemble de monastères et d’écoles de formation pour religieux, ecclésiastiques.

c – L’existence de fidèles qui volontairement adhèrent aux dogmes, aux lois et aux rites et se soumettent à la gestion et à l’orientation de l’Eglise sur le plan des croyances.

LA SUPERSTITION

Une superstition est une croyance qui ne s’appuie ni sur un fondement scientifique, ni sur le sens commun. La superstition naît de déduction ou d’inductions arbitraires au sujet de choses bizarres, n’existant pas dans la réalité. Le mot superstition désigne d’une façon, générale l’état d’esprit d’un homme tout prêt à croire aux manifestations surnaturelles. Cet état peut entraîner jusqu’à la déraison, le fanatisme, la dépense de forces et de biens consacrée à des histoires.

Les manifestations de la superstition sont très nombreuses. Les plus habituelles sont, la divination, la physiognomonie, l’astrologie, la divination du sort par les baguettes, l’hystérie chamanique, la prières aux esprits, les exorcismes, la géomancie, les interdits, les offrandes.

Dans la vie spirituelle concrète, dans la manifestation et le développement de la religion, la foi, les aspects religieux et superstitieux sont intimement mélangés et s’influencent les uns les autres. Mais ils ont une nature commune, la confiance accordée à des puissances spirituelles irréelles. C’est “une vision du monde à l’enversLa croyance religieuse conduit généralement vers

la superstition, ou alors contient des éléments superstitieux. Si elle accentue à l’excès les éléments surnaturels, extraordinaires, mystérieux, où si elle s’exprime dans des rites par trop compliqués et contraignants, elle bouleverse la vie naturelle. Le culte des ancêtres, la vénération des esprits ont apporté leur part à l’oeuvre d’édification et de défense du pays. Mais ces cultes ne seront plus classés comme des manifestations à contenu culturel s’ils sont liés à des mystères, à des cérémonies baroques, à des activités compliquées et absorbantes, pleines de magie et de sorcelleries, à l’offrande de papiers votifs dorés, à des repas dispendieux. Entre la croyance religieuse et la superstition, la frontière est très étroite.

La superstition se maintient d’habitude dans des régions éloignées, chez des populations de faible niveau culturel et sans informations. Elle se développe surtout aux époques de crise, lors de bouleversements économiques, politiques ou culturels, lorsque les homme se sentent dans l’impasse, qu’ils perdent confiance dans le pouvoir de maîtrise de la communauté, dans le leur propre. La superstition prend sa source dans des croyances dans des formes de croyances et de religions primitives, comme le totémisme et l’animisme, la magie. Il y entre aussi une part de ruse, celle des mauvais éléments qui utilisent des réactions chimiques, des phénomènes d’ordre psychologique et physiques, pour berner les populations. En réalité, ils sont nombreux ceux qui transmettent ou inventent des histoires étranges dont la science ignore les causes ou ne les connaît pas encore pour propager la superstition. Il existe même des personnes pour écrire des livres, des journaux ou des publications (la plupart sans autorisation du gouvernement) accentuant et développant les aspects mystérieux, utopiques des activités religieuses. Il faut faire obstacle à ce type d’activités susceptibles d’instaurent un climat social trouble, et de perturber la vie spirituelle des hommes, trouble et perturbation qui, d’ailleurs, existent déjà ici ou là.