Eglises d'Asie

Des autorités civiles et religieuses réfléchissent sur les causes des conflits interreligieux et sur la façon de les éviter

Publié le 18/03/2010




Un séminaire sur l’harmonie interreligieuse s’est tenu au mois de mars dans la province de Nusa Tenggara Timur, dont la population est à prédominance catholique (54,2 %) et protestante (32,6%). Les conflits entre diverses religions ont fait l’objet principal des débats auxquels ont pris part de hauts fonctionnaires du gouvernement et des dirigeants religieux. Les discussions et les interventions ont essayé de mettre en relief les causes et les mécanismes de ce type d’affrontements, tout en esquissant diverses façons de les désamorcer (7).

L’ancien chef de la province où se tenait la réunion, Aloysius Benedictus Mboy et l’actuel, Herman Busakabe, catholiques et originaires de Florès, tous les deux, ont chacun exprimé leurs vues sur le sujet. Pour le premier, une des premières causes de l’agressivité qui pousse les adeptes de religions différentes les uns contre les autres doit être cherchée dans l’absence d’intériorisation des valeurs religieuses, valeurs que les fidèles cherchent seulement à faire triompher extérieurement. De plus, M. Mboy tient le gouvernement pour partiellement responsable de ces affrontements entre religions, dans la mesure où c’est à lui que revient la charge de créer un climat de tolérance et d’harmonie entre les adeptes de diverses confessions. Il devrait se garder de prendre parti pour une quelconque religion et s’efforcer d’acquérir une connaissance approfondie de la dimension sociologique de ces conflits.

M. Herman Busakababe s’est déclaré un ardent partisan du dialogue. Il a regretté l’actuelle mise en sommeil d’un organisme fondé en 1984 pour concilier les deux parties antagonistes des conflits interreligieux, le “forum pour la communication et la consultation entre les dirigeants religieuxIl avait été créé à la suite d’un certain nombre de profanations et d’incidents survenus pendant l’exercice du culte chrétien ou islamique. Efficace pendant quelque temps, il avait ensuite pratiquement cessé ses activités.

Cependant, le P. Alex Paat, instructeur pour la mise en application du “Pancasila”, a émis une réserve à ce sujet en faisant remarquer que les “forum interreligieux” réconcilient les dirigeants religieux entre eux, mais pas forcément les adeptes des religions en conflit, car bien souvent les dirigeants ne savent pas communiquer aux fidèles les résultats de leurs rencontres. Le représentant de l’Eglise chrétienne évangélique de Timor, le révérend Benyamin Fobia, quant à lui, s’est refusé à charger les dirigeants religieux de tous les torts. Ceux-ci sont, selon lui, également partagés et le gouvernement en a sa part. Selon le pasteur, la cause la plus profonde de l’intolérance est le refus du pluralisme religieux et la volonté fanatique de tenir ses propres croyances pour des absolus.