Eglises d'Asie

Un article de la revue théorique du Parti communiste sur le phénomène religieux semble marquer un retour en arrière

Publié le 18/03/2010




Même si le projet de rapport politique présenté à l’approbation du 8ème congrès, contrairement à l’habitude, ne comporte aucune référence à la situation religieuse dans le pays (11), le Parti communiste vietnamien n’est pas devenu pour cela indifférent à la question des croyances religieuses des citoyens du pays. La preuve en est la publication, dans la revue théorique du parti communiste de février 1996, d’un article consacré à définir trois concepts fondamentaux, les concepts de croyance, de religion et de superstition (12).

Si on compare cette courte étude à l’approche du phénomène religieux qui a semblé prévaloir dans les milieux officiels du Parti et de l’Etat, ces dernières années (13), le texte récemment paru semble appartenir à une autre époque. En effet, un tournant dans la conception religieuse du Parti avait été pris en 1990, lorsqu’un représentant du Bureau des Affaires religieuses avait déclaré à un groupe d’évêques : “La religion n’est pas un épiphénomène, mais une réalité qui doit être prise en compte”Le Parti et l’Etat reconnaissent le rôle des religions pour le maintien et le progrès de la vie morale des citoyens dans la société”. Les diverses déclarations officielles sur la question religieuse, rendues publiques au cours des années récentes, se sont, par la suite, de plus en plus éloignées de l’explication rigoureuse élaborée par le marxisme-léninisme. Elles se sont surtout référées à l’ensemble des maximes généreuses mais souvent imprécises recueillies de la bouche de Hô Chi Minh et formant ce que l’on appelle la “pensée Hô Chi Minh”.

Le texte nouvellement publié se démarque nettement de l’inspiration de l’ensemble des textes récents. Nulle part, il n’est fait mention de la “pensée Hô Chi Minh”. Cette analyse des termes clés de la sphère religieuse se caractérise aussi par un retour à un certain nombre de thèses classiques sur les causes objectives de la croyance religieuse dans l’esprit de l’homme, en particulier, elle s’applique à montrer que la religion est un produit de l’histoire qui apparaît et se développe à une époque historique déterminée. Ce retour au classicisme marxiste est curieusement accompagné d’une volonté de gommer les termes qui apparaîtraient comme trop voyants. C’est ainsi que l’on ne trouve pas une fois les termes “marxisme”, “communisme”, “socialisme”, pas plus d’ailleurs que les autres vocables autrefois employés dans ce type de texte, comme par exemple, “reflet”, “dépérissement” (14).

Il est encore trop tôt pour savoir si cet article est un corps étranger à l’intérieur du corpus de textes religieux modernes du Parti, ou si au contraire, il marque un véritable retour à l’ancienne vision du monde du communisme vietnamien.