La communauté des frères des écoles chrétiennes à Buôn Ma Thuôt

Cette cérémonie a ainsi, pour un moment, arraché les frères à leur discrétion coutumière et au silence dans lequel ils ont choisi de vivre depuis bientôt plus de vingt ans. Leur petit groupe de six religieux se consacre en effet au travail agricole, se partageant entre la culture du riz et l’élevage des abeilles. C’est cette dernière spécialité qui, aujourd’hui, leur vaut le plus de considération de la part de la population comme des autorités locales qui viennent rendre visite au groupe à certaines occasions comme lors des fêtes de la congrégation. Le miel issu de leurs travaux a acquis aujourd’hui une grande renommée dans toute la région si bien que l’un des frères vient d’obtenir l’autorisation d’aller à l’étranger perfectionner ses connaissances en matière apicole. Malgré leurs occupations absorbantes et leur âge avancé – ils ont tous passé soixante dix ans – les frères continuent de plus à se rendre utile dans un domaine qui leur est cher, l’éducation. Ils accompagnent un certain nombre de jeunes dans leurs études scolaires et leur formation humaine.

C’est l’ancien évêque de Kontum, Mgr Seitz qui, désireux de développer l’instruction au sein de la jeunesse vietnamienne et montagnarde des Hauts-plateaux, avait appelé les frères des écoles chrétiennes à Buôn Ma Thuôt, en 1959. L’école primaire qui fut confiée au groupe des quatre premiers frères se développa rapidement et se transforma en quelques mois en un collège d’enseignement général accueillant plus de 400 élèves d’origine vietnamienne et montagnarde. Elle devint très rapidement trop petite, malgré les agrandissements et aménagements effectués au cours des années. En 1962 et 1963, les frères ouvrirent successivement deux écoles de vastes dimensions. La première était une école primaire, située à l’intérieur de la ville et comportant 14 salles de classes. Elle était spécialement destinée aux enfants de familles pauvres. La même année, sur un terrain situé à trois kilomètres de la ville, était édifié le bâtiment d’une école secondaire de trois étages et long de 120 mètres. Dans les années qui suivirent, elle fut fréquentée par de nombreux élèves que des cars spéciaux allaient chercher chaque jour, en divers lieux de la ville.

Après 1975, toutes les écoles privées du pays furent placées sous le contrôle de l’Etat et devinrent publiques. Les deux écoles des frères n’échappèrent pas au sort commun. L’école primaire est devenue aujourd’hui une école de formation et recyclage pour les cadres provinciaux. L’école secondaire, elle, a été transformée en école normale. Quant aux frères, ils ont obtenu du gouvernement un terrain bâti appartenant autrefois à l’évêché. C’est là qu’ils se sont reconvertis avec le succès que l’on sait.