Eglises d'Asie

L’abandon du contrôle des naissances par le gouvernement est bien accueilli par l’Eglise catholique qui doute cependant de son efficacité

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement coréen projette d’abandonner sa politique de contrôle des naissances, mise en pratique depuis de nombreuses années. Selon l’annuaire “La Corée dans le mondepublié le 6 juin par l’Office national de statistiques, le gouvernement a pris cette décision pour faire face aux deux tendances qui caractérisent la démographie coréenne aujourd’hui. D’une part, le vieillissement de la population s’accélère à cause d’une moyenne des naissances par famille devenue trop basse; celle-ci est de 1,7 pour 1995 alors qu’elle était de 6 en 1961 avant la mise en place de la politique de contrôle des naissances. De l’autre, le déséquilibre existant entre le nombre d’hommes et celui des femmes continue de s’accentuer (3). Actuellement, il naît en moyenne 115,4 garçons pour 100 filles. Un tel écart entre hommes et femmes risque de devenir à courte échéance un problème social majeur.

Le ministre de la santé et du bien-être a annoncé que l’état actuel de la population coréenne l’obligeait à concentrer ses efforts non plus sur la quantité mais sur la qualité de la population. Les mesures destinées à restreindre les naissances seront abandonnées, comme par exemple, le retrait des assurances médicales pour le troisième enfant et les suivants, ou encore l’octroi plus rapide d’appartements aux couples stérilisés. Le troisième enfant et les autres seront traités comme les deux premiers et ils bénéficieront des mêmes bourses scolaires. Dans les cliniques et hôpitaux, on créera des services supplémentaires pour traiter l’infertilité et détecter le cancer de l’utérus. Enfin, le ministère de la santé se propose d’étudier des mesures propres à diminuer les effets dévastateurs de la reconnaissance prénatale du sexe, préludant quelquefois à un avortement lorsque le foetus s’avère être féminin.

Ce brusque changement de politique étatique en matière de natalité va à contre-courant de la préférence actuelle de la société coréenne pour les familles peu nombreuses. Dans les milieux de l’Eglise catholique, on a généralement bien accueilli le revirement de l’Etat en ce domaine, mais des voix se sont élevées pour exprimer un doute sur les effets pratiques du changement de politique. Margaret Cho Song-ja, présidente du Mouvement pour la famille heureuse, association affiliée à l’Eglise, a, par exemple, fait remarquer que le contrôle des naissances serait aujourd’hui trop profondément enraciné dans les mentalités des Coréens, même catholiques, pour que l’on puisse les faire changer d’attitude par décret. “Même pour notre mouvement, a-t-elle déclaré, il est devenu dénué de sens d’enseigner les méthodes naturelles de contrôle, la plupart des gens ayant subi des opérations contraceptives”. A ce propos, Mme Cho a critiqué l’attitude de l’Eglise en ce domaine. Selon elle, le nombre des naissances est le même dans la plupart des familles catholiques que chez les non-catholiques. Elle pense que l’Eglise de Corée n’a pas opposé assez de résistance à la politique de l’Etat. Cependant, la présidente de cette association ne désespère pas de pouvoir “éduquer les jeunes à vivre selon la loi de Dieu” (4).

Les réactions recueillies auprès des membres de la hiérarchie catholique sont généralement favorables bien que toujours très nuancées. Ainsi l’évêque auxiliaire de Taegu, Mgr Alexandre Sye Jung-deok, président de la commission pastorale pour la famille, apprécie le progrès de la nouvelle politique par rapport à l’ancienne qui préconisait la contraception artificielle et restait indifférente aux innombrables avortements pratiqués dans le pays. Il approuve aussi les mesures prises pour décourager la reconnaissance prénatale du sexe. Mgr Sye note cependant que l’arrière-plan de ce changement de politique reste toujours le contrôle artificiel des naissances.