Eglises d'Asie – Vietnam
Rapide progression du nombre des divorces au sein de la classe moyenne de Hô Chi Minh-Ville
Publié le 18/03/2010
Déjà un certain nombre de conséquence sociales de cet état de choses ont été mises en évidence par les bureaux d’affaires sociales de la ville. Des sondages réalisés par la Commission de soins et protection de l’Enfance avec la collaboration d’organismes européens font apparaître que la moitié des enfants de la rue (bui doi) sont issus de familles dont les parents sont séparés ou divorcés.
Les deux articles cités ainsi que les déclarations des responsables des affaires sociales de Saigon sont d’accord pour relier ce phénomène à l’évolution récente de la société vietnamienne durant la période dite de “renouveau” (dôi moi) qui a débuté à la fin des années 1980. Le comportement conjugal des hommes, particulièrement ce que les conseillères sociales interrogées par les journalistes appellent “le sens de la fidélitése serait particulièrement transformé. Le partenaire masculin serait le premier responsable de l’état actuel du couple vietnamien, en particulier, dans les villes. Mme Lê Minh Nga directrice du Centre de conseil pour les couples et les familles, organisme officiel de la municipalité, dans une interview accordée à l’organe des jeunesses communistes de Hô Chi Minh-Ville, a déclaré être contactée quotidiennement directement ou téléphoniquement par près de 100 personnes. Dans la majorité des cas il s’agit de femmes qui s’inquiètent du comportement adopté par leurs maris qui délaissent le foyer pour le jeu ou les prostituées.
Selon les analyses de Mme Nga, ce nouveau type de comportement des hommes, les habitudes sociales nouvellement adoptées par eux, ainsi que les divorces qui s’en suivent bien souvent, sont caractéristiques d’une certaine classe moyenne qui est née à Saigon voilà maintenant presque 10 ans, aux environs de 1986, composée de tous ceux qui se sont rapidement enrichis au cours de la période qui a suivi cette date. Leur enrichissement était quelquefois dû à leur capacité de s’adapter rapidement aux mécanismes de l’économie de marché, mais plus souvent à leur habile utilisation du poste où ils avaient été nommés par l’Etat.
Cependant, chez beaucoup de membres de cette nouvelle classe, le niveau culturel et le sens moral sont loin de s’être développés aussi vite que leur fortune. Après la disparition de la discipline et des contraintes idéologiques anciennes chez ces hommes qui souvent ont été formés par le Parti, les dernières motivations restantes sont l’esprit de compétition, la soif de jouissance. Toute une classe d’hommes aujourd’hui fréquente très assidûment les cafés-restaurants, les “karaoke“, les cabarets appelés “bia ôm” (lieu où l’on boit de l’alcool en compagnie d’une hôtesse). Cette dernière institution a connu ces temps derniers un développement qui ne tient pas seulement à la progression du nombre de touristes au Vietnam, qui d’ailleurs la fréquente peu. Un reportage sur ce sujet publié par “Tuôi Tre” du 1er juin 1996 parlait de 10 000 hôtesses travaillant dans ce type d’établissements. C’est même dans ces lieux que les membres de la classe moyenne saïgonaise nouent de nouvelles relations et traitent les affaires.
Les plaintes suscitées chez les responsables des affaires sociales par la disparition de la fidélité traditionnelle du couple ne sont guère accompagnées de propositions positives. Les valeurs théoriques de la société révolutionnaire d’autrefois n’étant plus de mise, on évoque un retour à la morale tradtionnelle.