Eglises d'Asie

Jakarta : les troisièmes rencontres religieuses pour l’action sociale ont débattu du dialogue et de la collaboration entre chrétiens et musulmans

Publié le 18/03/2010




“Dialogue entre chrétiens et musulmans pour la justice et la solidarité” était le thème choisi cette année pour les troisièmes “rencontres religieuses pour l’action sociale”, organisées du 21 au 31 juillet 1996 par l’Office pour le développement humain, organisme dépendant de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC). Y ont pris part 45 évêques, prêtres, religieux et laïcs catholiques venant du Bangladesh, d’Inde, d’Indonésie, de Malaisie, du Pakistan, des Philippines, de Corée, du Sri Lanka et de Thaïlande.

Durant les quatre premiers jours de la rencontre, les participants se sont mêlés à la vie quotidienne de villages musulmans de Malaisie et d’Indonésie où ils ont pu visiter des écoles coraniques, rencontrer des travailleurs pour le développement communautaire, des ouvriers agricoles, des universitaires et des familles musulmanes ordinaires. Ils ont ensuite consacré le reste du temps à la réflexion et aux débats sous la direction du P. Thomas Michel, secrétaire pour les affaires oecuméniques et interreligieuses, et du P. Sebastien Painadath. A la fin des rencontres, les conclusions des débats ont été consignées dans un rapport intitulé “Partenaires pour la paix”.

Le rapport commence par remarquer que l’orientation globalisante de l’islam, combinant le rituel, la vie familiale, le soutien de la communauté, permet aux musulmans de considérer le développement humain, la lutte pour la paix et la défense des valeurs morales comme des activités religieuses. Ces valeurs devraient servir de base pour une estime mutuelle et une coopération.

Le rapport a ensuite traité de la cohabitation des communautés musulmanes et chrétiennes et des difficultés rencontrées par elles lorsque les unes sont minoritaires par rapport aux autres.”Peur, préjugés, soupçons sont les principaux obstacles au dialogue et à la coopération” ont déclaré les participants de la rencontre, qui ajoutent aussi que ces obstacles sont accentués par les gouvernements et les politiciens qui manipulent les affaires religieuses à des fins politiques. De plus, ont-ils fait remarquer, les connaissances de chrétiens concernant l’islam sont souvent sommaires, déformées par des demi-vérités, des jugements superficiels et influencées par l’image négative de l’islam véhiculée par les médias. Il existe aussi des tendances à l’exclusion aussi bien chez les chrétiens que les musulmans qui considèrent leur religion comme la seule voie de salut, ce qui ne permet ni de dialoguer ni d’échanger son expérience religieuse propre.

Le rapport a enfin affirmé les vertus de la collaboration entre l’Islam et le christianisme, seule capable selon lui de lutter contre l’érosion des valeurs morales et religieuses dans le monde d’aujourd’hui, valeurs menacées par l’invasion économique et l’importation de modes de vie étrangers à la tradition asiatique. Elle pourrait permettre un engagement commun des deux religions commun pour la justice et la paix, pour l’harmonie sociale, la solidarité avec tous les secteurs marginalisés de la société asiatique. Les rédacteurs du rapports ont fait remarquer que le dialogue ne devrait pas se limiter aux domaines sociaux mais devrait s’orienter aussi vers le partage de l’expérience spirituelle propre à chacune des religions. Un tel dialogue exige que “musulmans et chrétiens d’Asie se fassent les amis les uns des autres afin de s’ouvrir ensemble au ‘divin’