Eglises d'Asie

Le président Suharto veut interdire les rassemblements de rue durant la prochaine campagne électorale

Publié le 18/03/2010




Le 4 septembre 1996, le lieutenant-général Sukarto, secrétaire général du Conseil national de la défense et de la sécurité (), a révélé que le président Suharto avait l’intention de mettre en place une nouvelle réglementation des campagnes électorales. Cette décision, selon les observateurs, pourrait bien marquer un nouveau recul de la liberté d’expression dans ce pays. La proposition, conçue à la suite des émeutes de juillet, vise en effet à interdire les rassemblements de masse dans les rues durant la campagne électorale. Le président a justifié son projet en affirmant qu’il était nécessaire de faire obstacle aux violences qui avaient marqué les précédentes élections. Le président a demandé l’élaboration du projet au Conseil national pour la défense et la sécurité, organisme composé d’anciens officiers à la retraite.

Cette initiative est prise par le président six mois avant le début de la campagne qui précèdera l’élection des députés à la chambre des représentants. 425 des 500 sièges seront soumis aux suffrages des électeurs, les autres étant réservés aux militaires. Les candidats seront soutenus par les trois partis officiels: le Parti au pouvoir, le Golkar, le parti du développement unifié et le parti démocratique indonésien. Si l’initiative du président est conduite jusqu’à son terme, l’interdiction de rassemblement touchera en premier, la dirigeante du Parti d’opposition, le Parti démocratique indonésien, Madame Mégawati, chassée avec ses partisans, le 27 juillet dernier, des locaux de son parti par un groupe de dissidents aidé par la police gouvernementale, éviction qui a déclenché deux jours d’émeutes, les plus violentes qu’ait connues Jakarta depuis des dizaines d’années, puisque, selon des sources officielles, elles ont fait 5 morts, 149 blessés et 74 disparus.

Beaucoup d’analystes pensent que ce dernier projet du gouvernement cherche à neutraliser encore davantage Madame Megawati et ses partisans, dont la popularité à la tête du parti d’opposition, le Parti démocratique indonésien, fait baisser régulièrement le score du Parti au pouvoir à chaque nouvelle élection. Celui-ci qui avait obtenu 73 % des voix en 1973, n’en avait recueilli que 68 % en 1993.

Madame Mégawati Soekarnoputri a porté plainte contre les autorités pour avoir organisé son remplacement à la tête du Parti démocratique. Le 11 septembre 1996, l’examen de la plainte a été, pour la quatrième fois consécutive, reporté (), cette fois de trois semaines. Les avocats de Mme Megawati avaient demandé à l’ouverture de la séance que le tribunal interdise aux dissidents du Parti Démocratique Indonésien de prendre possession des locaux. Sans répondre à leur requête, le juge a donné suite à la demande des avocats des autorités souhaitant un délai pour pouvoir étudier le dossier.