Eglises d'Asie

Les paroisses et les congrégations religieuses apportent leur contribution à l’éducation des enfants des familles pauvres

Publié le 18/03/2010




Tous les soirs, au rez-de-chaussée d’une ancienne chapelle de la paroisse Nhân Hoa à Hô Chi Minh-Ville, quelque 70 enfants et adolescents se pressent pour suivre les cours d’une classe dite “de l’affection” (lop hoc tinh thuong), où enseignent des instituteurs de profession, des religieux et religieuses, mais aussi des jeunes gens, encore élèves du secondaire. C’est également dans la soirée que fonctionnent les classes de l’affection établies dans le presbytère de la paroisse de Thach Da, dans l’arrondissement de Go Vâp. Pour l’année scolaire nouvelle, les responsables religieux qui, en ce domaine, collaborent avec les autorités civiles comptent ouvrir un septième établissement de ce type. Ailleurs, comme dans les paroisses de Cho Dui, ou de Cho Quan, c’est durant la journée que ces classes le plus souvent implantées dans des locaux paroissiaux accueillent les élèves nécessiteux. Un peu partout aujourd’hui, dans les divers diocèses du Vietnam, les établissements de ce type se sont multipliés, généralement soutenus par une paroisse ou une congrégation religieuse (). Durant l’année scolaire 1995-1996, pour la région de Hô Chi Minh-Ville et seulement dans les milieux catholiques, il y avait 89 classes de ce genre dispensant un enseignement de différents niveaux à 1 889 élèves.

C’est, semble-t-il, en novembre 1988 qu’a été fondée la première classe de l’affection par les soeurs de la Charité de la rue Tu Xuong (). En 1991, ces établissements n’étaient encore qu’au nombre de 27 et ils n’accueillaient que 480 élèves. Mais déjà, cette année-là, les effets de la crise de l’éducation nationale commençaient à se faire sentir avec âpreté et les responsables religieux des paroisses, en contact quotidien avec la population en eurent vite une conscience aiguë. Le responsable des classes de la paroisse de Thach Da a ainsi décrit le sentiment de la communauté chrétienne à ce sujet: “Dans notre paroisse beaucoup d’enfants avaient abandonné l’école en raison de diverses situations. Nous ne pouvions que nous réjouir de les voir venir dans nos classes le soir. Celles-ci leur rendaient grand service en leur permettant d’acquérir une certaine culture générale, même sommaire”. C’est ainsi que, sous l’égide des paroisses ou des congrégations () et en coordination avec les autorités régionales, s’ouvrirent les premières classes de l’affection, en fonction des besoins locaux et des possibilités. Peu à peu, elles se sont développées et le nombre de personnes venues apporter leur collaboration a lui-même considérablement augmenté. Il est passé de 37 en 1991 à 118 pour l’année scolaire écoulée.

Ces classes s’adressent aux enfants pauvres dont les familles ne peuvent subvenir aux frais de scolarité où qui, à cause de leur situation sociale ne peuvent suivre l’enseignement primaire public officiel. Leur objectif est non seulement d’alphabétiser les élèves et de leur délivrer un certain nombre de notions culturelles de base, mais encore de leur permettre, si possible, de se mettre à niveau et de rejoindre ensuite une classe correspondante de l’enseignement public. Certains élèves des classes de l’affection ont subi avec succès les épreuves de fin d’études primaires et, depuis 1991, 268 d’entre eux ont pu s’intégrer dans une classe ordinaire de l’enseignement public.

Le financement de ces classes constitue toujours un sérieux problème réglé de façon différente selon les cas. Il n’y a généralement pas de frais de location des bâtiments, mais il faut subvenir aux frais d’achat de fournitures scolaires, d’électricité, etc. Pour certaines classes où élèves sont demi-pensionnaires, le repas revient à 1 000 dôngs par tête (0,50 F). En certains lieux, on donne aux enseignants une compensation financière; elle est généralement très faible et ne dépasse pas la somme de 200 000 dôngs (50 F). Mais la plupart du temps, les enseignants sont bénévoles et ne reçoivent aucune rémunération.

Cependant, dans le domaine de l’éducation des enfants, les efforts des paroisses ne se réduisent pas à la création et à l’organisation de classes de l’affection. Beaucoup d’entre elles ont ouvert des classes de formation professionnelle qui préparant les jeunes gens pour divers secteurs d’activités professionnelles. Elles ont aussi mis en place un certain nombre de moyens destinés à mobiliser la solidarité de leurs fidèles en faveur des enfants de familles pauvres. Ces dernières se voient attribuer des bourses d’études qui dans certaines paroisses peuvent atteindre 400 000 dôngs pour un élève du secondaire. Dans beaucoup de paroisses, c’est un groupe de laïcs qui est chargé de détecter les besoins et de recueillir les fonds nécessaires.