Eglises d'Asie

Okinawa : les habitants de l’île ne supportent plus la présence militaire américaine

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement japonais est dans l’embarras depuis le référendum illégalement organisé, le 9 septembre 1996, sur l’île d’Okinawa et dont les résultats ont manifesté un rejet populaire massif de la présence militaire américaine. 89% des habitants ont en effet exprimé leur soutien au gouverneur de l’île, Masahide Ota, qui refuse depuis un an de signer la rituelle reconduction des accords de 1972 entre le Japon et les Etats-Unis. Ces accords prévoyaient la rétrocession de l’île au Japon et, en échange, les Américains obtenaient la permission d’établir des installations militaires.

La décision récente de la cour suprême qui a déclaré que les accords de 1972 étaient constitutionnels et que, par conséquent, les expropriations opérées à ce moment-là au profit de l’armée américaine étaient légales, n’a pas impressionné la population d’Okinawa qui cohabite de plus en difficilement avec les 40 000 soldats américains. L’île est habitée par 1 300 000 Japonais, mais près de 75% de sa surface totale sont occupés par les installations militaires américaines.

Le soir même du 9 septembre, Masahide Ota n’hésitait pas à demander le retrait total de l’armée des Etats-Unis d’ici l’an 2015. Tout le monde n’est pas pour autant d’accord avec le gouverneur. Un recteur d’académie fait remarquer par exemple que, sans les royalties des bases américaines, les écoles de l’île seraient aujourd’hui en ruines. Les observateurs font par ailleurs remarquer qu’un certain nombre d’habitants de l’île, qui profitent de la présence américaine, n’ont pas participé au référendum. Parmi ceux-ci, beaucoup de chauffeurs de taxi et de propriétaires fonciers qui louent terrains et appartements à l’armée des Etats-Unis.

Le message des électeurs d’Okinawa a cependant été reçu à Tokyo. Le premier ministre, Ryutaro Hashimoto, a déclaré au lendemain du référendum que le gouvernement accorderait un soutien financier massif en vue de réorganiser en profondeur l’économie de l’île : « Me souvenant de ce qu’a enduré le peuple d’Okinawa pendant la guerre et du fardeau qu’il continue de porter depuis lors, je ressens profondément l’importance pour tout le peuple japonais de partager cette peine

Quant aux Etats-Unis, ils ne seraient pas hostiles à un allègement de leur présence à Okinawa en dépit de l’incertitude que fait peser sur la région l’attitude de la Corée du Nord.