Eglises d'Asie

UNE DESCRIPTION CRITIQUE DE LA SOCIETE VIETNAMIENNE

Publié le 18/03/2010




Deux interventions en vue du huitième Congrès

CE QU’IL FAUT REGLER D’URGENCE

Le projet de rapport politique est un document important et abondant, préparé avec beaucoup de soin. Il traite des principaux aspects de la vie du pays et de la société dans l’intention de poursuivre et d’intensifier la processus de rénovation à un rythme encore plus rapide.

Personne ne peut nier que notre pays, après dix ans de politique de “rénovation”, est parvenu à des résultats considérables. Le niveau de vie de la population s’est amélioré sous de nombreux aspects. Il faut surtout se réjouir que dans toutes les couches de la population, la confiance dans la vie et l’énergie ont remplacé le sentiment de ne pouvoir sortir de l’impasse, qui régnait dans le pays durant la très grave crise économique et sociale qu’il a traversée.

Aujourd’hui, le rapport politique affirme que pour l’essentiel, nous avons dépassé cette crise et que nous nous préparons à entrer dans une nouvelle étape du développement qui fera avancer notre pays avec encore davantage d’assurance.

Cependant, le projet de rapport politique a mis en relief de nombreuses faiblesses, on pourrait même dire des défaillances pour lesquelles le Congrès devra trouver des solutions adéquates. En tant que croyant, je considère qu’il s’agit de questions qu’il faut régler d’urgence.

1. Une question prioritaire, les aspects négatifs de la société

Le projet de rapport politique parle de “maux douloureuxà savoir la concussion, la fraude, les dépenses du denier public, la prostitution, la drogue, le vol, l’esprit de jouissance et la dégradation de l’éducation. Il s’agit d’une situation grave, qui se prolonge. Dieu sait combien de fois, le Parti et le gouvernement ont affirmé leur résolution de frapper fort à la racine de ces maux douloureux, mais à chaque fois, il a fallu reconnaître que l’on était pas parvenu à s’y opposer, que ces fléaux avaient évolué d’une façon complexe, ou pis encore que sous certains aspects, ils s’étaient développés encore davantage. Les affaires de concussion entraînant la perte de dizaines et de centaines de milliards sont maintenant devenues familières à la population, à tel point que lorsque on entend parler de la disparition de quelques centaines de millions ou encore de quelques milliards de dôngs, beaucoup font remarquer qu’il ne s’agit que de petites affaires.

Les gens sont scandalisés, choqués devant ces affaires de corruption exposées par les journaux, accompagnées de preuves convaincantes et qui en restent là. Pourquoi donc, sinon parce que, à certains endroits, il existe des forces qui protègent les coupables et font obstacle à la justice? Quelles sont ces forces? A quoi sert la loi de l’Etat?

Le projet de rapport politique déclare: “Les pratiques visant à protéger les coupables doivent être sévèrement puniesLe problème aujourd’hui n’est pas de le reconnaître ou de le déclarer, mais bien de prendre des mesures concrètes et efficaces…

2 – Un deuxième problème: la dégradation de l’éducation nationale

Depuis quelques années, le Parti et le gouvernement ont fait des efforts notoires pour faire progresser l’éducation nationale. L’éducation et la formation sont considérées comme prioritaires et reconnues comme les deux éléments déterminants du développement à long terme de notre pays. Et l’on a coutume de nous rappeler à ce sujet les exemples des autres pays comme la Corée, la Thaïlande, Singapour.

Or, la situation de l’éducation dans notre pays n’a guère changé. En beaucoup d’endroits, la priorité est donnée à l’économie (et il s’agit souvent d’intérêts économiques immédiats concernant certaines unités seulement) avant l’oeuvre éducative en profondeur. La profession d’enseignant n’est pas considérée. J’ai lu quelque part qu’une partie importante des enseignants ne possèdent pas le niveau nécessaire, mais parce qu’on leur a déjà donné le statut de l’éducation nationale, on est obligé de continuer à les employer. D’une façon générale, le niveau des élèves est bas, surtout dans les régions éloignées et montagneuses où il est catastrophique. Les examens manquent d’honnêteté et les résultats sont injustes.

A l’heure même où j’écris cet article, je connais une famille pauvre habitant à Hô Chi Minh-Ville dont l’enfant vient de finir la huitième (1). L’école lui demande de verser 90 000 dôngs (2) pour étudier l’informatique au cours de l’été et obtenir ainsi un certain nombre de points supplémentaires… Tout le monde sait que les connaissances informatiques acquises en quelques semaines seront immédiatement oubliées si elles ne sont pas complétées par des exercices pratiques sur un ordinateur. Mais la famille est pauvre: le grand père vend des billets de loterie, la mère fait des lessives pour nourrir la famille et envoyer son enfant à l’école; où trouver l’argent qui permettrait à l’enfant de pratiquer l’informatique? De plus, à quoi sert d’enseigner l’informatique à un enfant de 14 à 15 ans dont l’école n’est pas équipée du matériel nécessaire? Les écoles aujourd’hui ne sont-elles pas d’abord des entreprises? Beaucoup d’organisations, d’universités se bousculent pour ouvrir des classes ou des centres de langues étrangères. Souvent la qualité de la formation est médiocre. Il ne s’agit en fait que de commercialisation de l’enseignement, du moins pour un certain nombre d’écoles et de centres. Les étudiants se précipitent vers l’étude des langues vivantes et de l’informatique. Cet enthousiasme, louable en soi, a en réalité une motivation simple: trouver du travail dans les entreprises étrangères où le salaire est élevé. Ce genre d’études est finalement au service d’un nouvel esclavage. Peut-être suis-je trop pessimiste! Mais si j’exagère quelque peu, la cause en est l’émotion provoquée en moi par ce problème dont l’urgence est évidente. Si le Parti et le gouvernement veulent effectivement mettre en pratique les directives et les mesures proposées dans le projet de rapport, alors l’état de l’éducation nationale sera considérablement transformé.

3 – La justice sociale

Le projet de rapport politique reconnaît que du point de vue de la richesse et de la pauvreté, l’écart ne cesse de se creuser entre les villes et les campagnes, entre les diverses régions et les diverses couches de population. Toujours selon ce même document, cet aspect négatif résulte de la nature même de l’économie de marché qu’il faut accepter tout “en s’efforçant de limiter au maximum le prix à payerIl est clair que tout le monde désire que cette résolution devienne réalité. Si les gens s’enrichissent à cause de leur ardeur et de leur assiduité au travail, à cause de leur capacités ou des conditions financières ou techniques, on ne peut que s’en réjouir; en effet quand la population est riche, le pays est fort. Mais si, pour acquérir cette richesse, on s’est contenté d’attendre et de s’en emparer, d’utiliser la fraude, de détourner les biens publics, ou encore si les pauvres s’appauvrissent tous les jours parce les dirigeants de qui dépend l’économie du pays à tous les niveaux ne songent qu’à leurs intérêts et à ceux d’une certaine minorité, alors l’écart entre les riches et les pauvres est inacceptable et on ne peut se contenter d’en rendre responsable la nature de l’économie de marché.

Il me semble que dans n’importe quel pays, même capitaliste, l’Etat exerce sa gestion sur l’économie. D’ailleurs l’originalité de notre pays lorsqu’il a décidé d’adopter l’économie de marché, c’est d’avoir décidé de le faire selon une orientation socialiste. Je ne suis pas un spécialiste et peut-être ne saisis pas toute la portée de cette expression, mais il me semble que cette orientation n’a de sens que dans la mesure où elle conduit à la justice sociale, élimine l’exploitation de l’homme par l’homme, et s’oppose à ce qu’un groupe de personnes soit éliminé de la prospérité générale. Le développement économique n’est qu’un moyen, la fin c’est la justice, l’humanité, la morale et une haute qualité de vie pour tous.

Le projet de rapport politique parle de l’idéal du Vrai, du Bien et du Beau. Serons-nous capables d’éliminer tous les aspects négatifs de notre économie? Déjà ceux-ci ont envahi de nombreux domaines. Si nous ne nous mettons pas à la tâche résolument et tout de suite, nous risquons bien d’être submergés par eux!

4 – Pour une politique des cadres

Dans une réunion préparatoire au huitième Congrès, un membre du Parti d’un certain âge a déclaré que la question des cadres est à la source de tout. Ce qui signifie que les affaires de Pham Huy Phuoc (qui a détourné une somme de 350 milliards de dôngs) (3), de Duong Ngoc Minh (concussionnaire qui a détourné 90 milliards), de Trân Xuân Hoa (à qui la fraude a rapporté 139 milliards) sont dues, en dernier ressort, aux défauts de l’organisation des cadres.

Le Parti communiste a accompli de grandes choses. Durant l’époque de la clandestinité et dans la guerre, d’une manière générale, les dirigeants et les membres du Parti ont dû sacrifier leur bonheur personnel à leur idéal. A cette époque, leur vie était en accord avec leurs paroles. Mais depuis que le Parti est devenu un parti au pouvoir en temps de paix, dans un certain nombre de circonstances, il est devenu un tremplin pour des personnes dépourvues de dévouement et avides de satisfaire leurs intérêts. Il est clair en effet qu’ils ont droit à des avantages que ceux qui n’appartiennent pas au Parti ne peuvent se procurer. La question des cadres est primordiale, parce que dans la réalité, tous les postes de décision à tous les niveaux et dans toutes les branches sont occupés par des membres du Parti. Quelle que soit l’excellence des directives et des politiques, si elles sont appliquées sans habileté et surtout sans conscience, non seulement, elles ne servent à rien, mais de plus, elles provoquent de graves dommages. Parce qu’ils appartiennent au même Parti, les communistes se protègent les uns les autres. C’est un véritable danger. Il importe d’ouvrir largement les portes du service du pays à tous ceux qui ont du talent!

A travers le projet de rapport politique, le Bureau exécutif du Comité central a courageusement regardé en face, sévèrement critiqué les erreurs ainsi que la corruption des membres du Parti et proposé des mesures destinées à en venir à bout. Le peuple souhaite ardemment que le Parti fasse le ménage dans ses rangs dans l’intérêt du Parti et de tout le pays.

5 – La politique religieuse

Le projet de rapport politique fait deux fois mention de la religion dans le passage concernant l’union de tous les éléments et de toutes les organisations de la société en vue de la tâche commune. Il ne s’agit en réalité que de simples mentions. Il n’y a pas une parole pour mettre en valeur le rôle ou la contribution des religions à l’intérieur de la société et dans l’édification de la patrie. C’est sans doute une déficience.

Grâce à la politique de renouveau, les activités religieuses rencontrent de moins en moins de difficultés. Cependant les esprits de nos compatriotes croyants ne s’estiment pas encore entièrement satisfaits.

A mon avis, il semblerait que le Parti veuille considérer la religion, essentiellement comme un ensemble de rites. Ainsi, il se montre relativement libéral à l’égard des activités du culte, comme les prières, les cérémonies et tout ce qui y est lié. En dehors de ce domaine, le Parti et l’Etat font preuve de crainte et de défiance. Or, pour un croyant et en particulier pour un catholique, la foi implique toute une façon de vivre, dans la charité et au service du prochain.

Dans les domaines de l’éducation, de l’aide au prochain, de la morale sociale, je pense que les religions pourraient apporter une contribution plus importante et plus efficace, si on leur accordait plus de soutien et plus de confiance. Même si un certain nombre de cas douteux se sont présentés, que l’on ne considère pas que nous cherchons à étendre notre influence et à entrer en concurrence avec quiconque ou que nous poursuivons quelque autre dessein. Cette méfiance décourage de nombreuses personnes et de nombreuses organisations sincèrement désireuses de rendre service à leur peuple.

J’ai aussi l’impression que le Parti n’a pas encore véritablement modifié sa conception de la religion. Il semble que “rien n’a changé”: la religion n’est qu’une réalité sociale, le besoin réel d’une partie de la population. Elle est seulement reconnue comme telle et on ne lui accorde aucun pouvoir; on espère qu’un jour, elle ne subsistera plus. Beaucoup de personnalités du monde religieux pensent que les religions sont seulement tolérées car, dans leur principe, selon la conception officielle, elles ne devraient pas exister. Si je ne me trompe pas, il n’y a encore aucune organisation religieuse qui aux yeux de la loi soit considérée comme une personne morale.

A mon avis, c’est à cause de cette vision des choses que la politique religieuse, en général, vise à régler de simples problèmes concrets et cherche davantage à y faire face qu’à prendre l’initiative en ce domaine. Une telle politique ne peut aller jusqu’au bout de la solution à trouver et ainsi, même si les autorités manifestent de la bonne volonté, elles ne réussissent pas à satisfaire les religions.

Nous souhaitons donc que le Parti et le gouvernement appliquent la politique de rénovation d’une manière encore plus profonde, en particulier dans le domaine religieux. Qu’ils ne se contentent pas de reconnaître l’existence concrète de croyants qui sont aussi des hommes de valeur, mais qu’ils admettent aussi que, par nature, une religion authentique vise à édifier des hommes de valeur. C’est alors que la politique pratiquée par eux pourra satisfaire véritablement et aider les croyants à s’engager avec tous les autres éléments de la population dans l’oeuvre de l’unité nationale.

CE QUE L’ON ATTEND DU HUITIEME CONGRES

P. Thiên Câm

1 – Le problème de l’information

Ces temps derniers, un slogan a souvent résonné à nos oreilles: “Le peuple est informé, le peuple en discute, le peuple met en pratique, le peuple contrôleCependant, selon mes observations, c’est toujours avec du retard que nous parviennent les nouvelles. Les informations relatives aux récentes réunions des sections régionales du Parti illustrent parfaitement ce retard. Même à Hô Chi Minh-Ville, la radio et la télévision n’ont fait état que des excellents résultats de ces réunions sans faire connaître immédiatement la liste du Comité exécutif nouvellement élu, liste qui n’a été publiée que dans la matinée du jour suivant, alors qu’elle aurait dû l’être la veille au soir. Il est encore plus regrettable que beaucoup de nouvelles ne parviennent pas à la connaissance de la population, ou qu’elles n’y parviennent qu’à travers des sources d’information qui ne proviennent pas directement des organes de l’Etat comme les journaux, la radio ou la télévision. Même si l’on met à part les informations exceptionnelles relatives à la nomination ou à la mise à pied de tel ou tel grand personnage pour ne parler que des nouvelles les plus ordinaires, nos journaux ne nous en informent qu’après les radios étrangères. Généralement, notre presse se contente de publier le texte original de la nouvelle de la radio ou de la télévision avec un retard minimum d’un jour.

Pourquoi un tel état de choses? Il me semble que, sur le plan des moyens de communication sociale, nous ne sommes pas encore totalement sortis de la période de guerre, période durant laquelle la “propagande” était plus nécessaire que “l’informationA cette époque, cela était compréhensible. Mais maintenant nous vivons une période de paix et d’édification. Qui plus est, notre époque connaît une véritable explosion des informations. Les nouvelles nous parviennent de partout et de toutes les manières, non seulement par des hauts-parleurs placés aux carrefours et dans les quartiers populeux de nos villes, mais aussi secrètement à l’intérieur d’une pièce soigneusement fermée à clé. Elles viennent du ciel, à travers l’atmosphère pour atteindre directement nos oreilles, sans que notre voisin assis à côté de nous puisse en percevoir une syllabe. Il faut aussi dire que souvent ces nouvelles sont l’unique source d’information que possède la population sur des événements survenus dans son propre pays, les organes d’information officiels gardant un silence complet. La conséquence en est qu’après avoir entendu ce type de nouvelles orientées la population se livre à des commentaires eux aussi orientés, qui ne sont pas à l’avantage du gouvernement, surtout lorsque ces commentaires sont “clandestins”. Ce qui s’est passé lors de l’élimination récente d’un personnage du Parti est significatif à cet égard: jusqu’à présent, le Parti n’a publié aucun communiqué officiel, ce qui a obligé la population à faire ses propres commentaires, ses propres déductions et à faire circuler les informations les plus alléchantes sur le sujet.

Ce qui est encore plus nuisible, c’est que parfois ces sources d’information en provenance de l’étranger ont pour objectif la désinformation ou sont animées par une volonté de nuire. Lorsque nous nous taisons, la réaction de la population est encore plus négative et son trouble plus grand. Pour le moins, les gens supposent: “Il y a certainement quelque chose que le gouvernement n’ose pas révéler!”

Pendant ce temps,les informations jugées saines et avantageuses sont proclamées et “reproclamées” à tel point qu’elles deviennent des clichés qui forcent les auditeurs à ne plus vouloir les écouter et les lecteurs à se détourner de notre presse.

Aujourd’hui, dans notre monde, l’information est devenue une espèce de marchandise soumise à la concurrence. C’est pourquoi, on est désormais exigeant sur sa nature: elle doit être récente, attirante et exacte! Je ne souhaite pas une information libre, d’une liberté sans retenue à la manière de beaucoup de pays occidentaux; je souhaite seulement une information ponctuelle et exacte concernant les événements de notre pays. Que nous ignorions ce qui se passe dans notre pays, ou que nous ne puissions le connaître que par l’intermédiaire de sources d’informations étrangères, surtout lorsque les informateurs manquent d’objectivité ou n’ont aucune sympathie pour notre pays, voilà un état de choses qui non seulement m’irrite mais quelque fois me remplit de honte en me faisant mesurer mon retard par rapport aux autres. Nos ancêtres disaient: “L’histoire n’est pas encore connue à la maison que déjà la rue en est informéeJusqu’à quand, cette phrase se vérifiera-t-elle?

C’est pourquoi, je propose au huitième congrès de porter un regard plus ouvert en ce domaine. Nous devons savoir que, dans le monde actuel, il n’y a pas un pays qui puisse fermer ses portes hermétiquement sauf dans le cas où il pratiquerait une politique d’interdiction de sortie et d’entrée, mettrait l’embargo sur tous les moyens de communication, téléphone, fax, poste. A travers la loi de la presse nous pouvons mettre en place un certain nombre de principes destinés à protéger les secrets concernant la sécurité nationale, à empêcher la désinformation, le dénigrement, la mise en cause de l’unité ou encore la création de divisions. Mais en dehors de cela, il convient d’ouvrir largement le marché de l’information, faire en sorte qu’existe une saine concurrence entre les divers organes d’information et les divers journalistes. Une politique de l’information ouverte aidera la population à acquérir une connaissance exacte et précise de ce qui se passe dans son pays. Elle pourra ainsi mieux participer à l’édification du pays. C’est lorsque l’on connaît que l’on peut discuter et mettre en pratique et contrôler. En outre, le gouvernement lui-même a un grand besoin de recourir à des sources d’information différentes. S’il n’écoute qu’un son de cloche, son information ne sera jamais ni complète ni exacte, surtout s’il n’écoute que les sources d’information qui sont devenus de simples organes de propagande.

2 – Le problème de l’éducation

Beaucoup de monde a déjà parlé de l’éducation. D’une façon générale, tout le monde s’accorde à reconnaître que la situation est en train de gravement se dégrader. Il semblerait que nous continuons à privilégier les objectifs du plan plutôt que la formation des hommes, en particulier la formation des hommes de demain, bien que nous ne cessions pas de proclamer le slogan “Il faut cent ans pour planter un homme”. Des faits attristants sont survenus et continuent de se produire: des écoliers qui maltraitent leurs maîtres, des maîtres qui frappent ou humilient les élèves, des élèves qui se poignardent les uns les autres. Tous ces faits, racontés par les journaux peinent beaucoup de personnes; elles se demandent quel sera l’avenir d’enfants qui n’auront reçu ni l’éducation, ni la formation qui convenaient. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce sujet (…) En premier lieu, il importe de s’occuper des maîtres et de leur subsistance, de leur permettre d’enseigner paisiblement même s’ils doivent vivre d’une façon austère. Leur traitement actuel ne leur permet pas de se nourrir eux-mêmes, à plus forte raison, leur conjoint et leurs enfants, et encore moins leurs vieux parents. Quelle tristesse pour un enseignant que de voir ses propres élèves gagner facilement leur vie au sortir de l’école alors qu’eux-mêmes sont obligés d’exercer un petit métier toute leur vie. Je souhaite que le huitième Congrès propose une politique adaptée à ce très grave problème.

2 – Le problème de la sécurité et de l’ordre social, le problème de la circulation

Depuis la libération jusqu’à aujourd’hui, Dieu sait combien de campagnes se sont succédées; or, depuis 21 ans, l’ordre social est toujours aussi fragile, si on le compare à celui des autres pays de la région. Je ne veux pas parler ici des fléaux sociaux comme le vol, la prostitution, qui, en partie ont pour cause la pauvreté et la misère. Je fais allusion aux occupation des trottoirs, à la construction illégale de maisons y compris sur les digues de la capitale. Autant d’affaires monstrueuses qui ont été jugées avec beaucoup d’indulgence. Les affaires de concussion, de fraude, de détournement du bien public portent un préjudice souvent très grave à l’économie et pourtant ou bien elles ne sont pas jugées ou bien le châtiment prononcé contre leurs auteurs est simplement formel. Si cet état de choses se perpétue, c’est la confiance de la population à l’égard des autorités qui sera ébranlée.

Aujourd’hui, les rues de la ville sont remplies de personnes qui violent effrontément le code de la route, sous le regard de la police. J’ai même vu un policier s’écarter pour laisser passer une voiture en contravention. Dans les pays occidentaux, circuler sur les lignes blanches surtout lorsqu’elles sont doubles constitue une grave violation du code de la route. Chez nous, pour beaucoup de personnes ces lignes ont un simple caractère ornemental, même la police de la route les ignore. Dans les pays civilisés, la non-observation d’un feu rouge justifie le retrait du

permis de conduire. Chez nous, j’ai bien souvent vu les conducteurs appuyer sur l’accélérateur alors que le feu était passé au rouge sans que la police s’en inquiète.

En résumé, si nous décidons de restaurer l’ordre social et la sécurité de la circulation il nous faut accomplir cette tâche jusqu’au bout. Sinon, les gens continueront de se moquer de la loi. On passe d’une campagne à l’autre, mais en définitive les gens pensent que tout reste en place et que le changement est impossible. Je souhaite que le huitième congrès propose des mesures énergiques, qu’aucune compromission ne soit acceptée en ce domaine, car une société qui méprise la loi, une société sans ordre, ne peut en aucune manière se développer harmonieusement.