Eglises d'Asie

Les autorités gouvernementales s’en prennent à l’esprit “libéral” qui régnerait dans les médias indonésiens

Publié le 18/03/2010




Les événements du 27 juillet 1996 n’ont pas fini d’avoir des conséquences sur la vie sociale et politique de l’Indonésie. Selon le quotidien Jakarta Post du 22 septembre, le ministre de l’Intérieur, Susilo Sudarman, vient de rappeler aux principaux éditorialistes de la presse indonésienne qu’il leur fallait “rester vigilants et éviter de tomber dans un esprit libéral

Susilo Sudarman s’adressait à l’assemblée des 70 principaux éditorialistes réunis au palais présidentiel de Bogor, dans la banlieue de Jakarta, pour un cours obligatoire de dix jours sur l’idéologie nationale du Pancasila. Il a ajouté qu’il avait perçu un certain “libéralisme” dans la manière dont les médias indonésiens avaient rapporté les événements récents et que cela était incompatible avec la presse “libre et responsable” que le gouvernement voulait favoriser. Comme exemple de ce libéralisme condamnable, il a cité des articles qui avaient rapporté les réactions critiques à l’étranger sur la manière dont la police et l’armée avaient réprimé les manifestants du 27 juillet dernier.

De son côté, le jour de l’ouverture de la session, le président Suharto lui-même avait averti les journalistes que “les reportages et les éditoriaux ne pouvaient pas être écrits de manière à laisser croire que l’émeute était une manière légitime de protester

Ces derniers mois, les autorités indonésiennes sont intervenues à plusieurs reprises auprès des journaux pour leur rappeler qu’il fallait exclure tout article favorable à Megawati Sukarnoputri, figure la plus populaire de l’opposition. En 1994, trois hebdomadaires, Tempo, Editor, De Tik, ont été interdits de publication (3).

La commission nationale des droits de l’homme a annoncé de son côté que le nombre des “disparus” après les émeutes du 27 juillet se situait autour de cinquante. Quelques jours auparavant, la commission citait le chiffre de soixante-quatorze.