Eglises d'Asie

A Tôkyô, des chrétiens rencontrent des femmes victimes d’exactions des militaires pendant la guerre

Publié le 18/03/2010




Pour le gouvernement japonais, l’enrôlement forcé des femmes par l’armée impériale pour le confort du soldat n’est pas un crime d’Etat, mais seulement un épisode, malheureux certes, mais inévitable en cette période troublée de la deuxième guerre mondiale. S’appuyant sur cette conception des faits, le Japon a refusé d’indemniser officiellement, en tant qu’Etat, les victimes des exactions systématiques commises par l’armée sur tous les théâtres d’opérations.

Cependant, de façon indirecte mais très habile, par le biais d’une “Fondation des peuples d’Asie pour les femmesd’inspiration gouvernementale, le Japon aurait dû commencer, le 14 août dernier, l’indemnisation des femme philippines, victimes des soldats japonais. Mais ces dernières ont refusé énergiquement. Pour elles, il ne s’agit pas d’une question d’argent mais de justice, d’honneur et de dignité. Seul l’Etat japonais en tant qu’Etat peut les leur rendre par une déclaration officielle.

Les chrétiens japonais, eux, se sont préoccupés de connaître la vérité. Ils se sont informés. Deux semaines avant le commencement de la répartition des indemnisations, le 3 août, ils se sont réunis dans les locaux de la paroisse de Fujisawa, (préfecture de Kanagawa), pour écouter le témoignage d’une de ces femmes, une Philippine, Madame Romedios Valencia, âgée de 76 ans. Elle a raconté comment elle avait été emmenée par trois soldats japonais et maltraitée. Après tant d’années, elle n’a trouvé le courage de parler qu’après avoir écouté une de ses consoeurs à la télévision. Elle a confié aux participants de la réunion : “Nous voulons la justice… Nous ne voulons rien recevoir de cette “Fondation des peuples d’Asie pour les femmes. C’est le gouvernement japonais qui doit nous indemniser, en son propre nom. Nous n’avons pas d’animosité envers le peuple japonais, mais nous sommes contre la guerre. Nous voulons être certaines qu’elle ne reviendra jamais”.

Auparavant, le 22 juillet à Kawasaki, au cours d’une rencontre organisée par plusieurs associations, dont certaines catholiques, l’assemblée de 400 personnes où se trouvait de nombreux travailleurs étrangers a entendu le témoignage de deux Chinoises, Mesdames Li Xumei et Liu Lianhuan, qui ont parlé au nom des 6 femmes chinoises présentes. Elles avaient été emmenées par l’armée japonaise à l’âge de 15 ans, enfermées et violées. Elles auraient pu revenir dans leur famille, mais blessées moralement et physiquement, elles se sont senties obligées de vivre cachées. Madame Liu a conclu : “Ce que nous avons dit est vrai. Nous voulons que le gouvernement du Japon ne recule pas davantage, qu’il présente ses excuses et fasse réparation”.