Eglises d'Asie

Décès d’un écrivain japonais catholique, Shusaku Endo

Publié le 18/03/2010




Shusaku Endo a été sans conteste le plus grand écrivain catholique du Japon. Les principaux journaux du monde entier, en annonçant sa mort, le 30 septembre dernier, ont donné un aperçu de son oeuvre, mais c’est peut-être le cardinal Shirayanagi, l’archevêque de Tôkyô, qui a cerné de plus près la vérité, non seulement de l’écrivain, mais aussi de l’homme, quand il a dit de Shusaku Endo : “Il a été le meilleur missionnaire du christianisme que le Japon ait jamais eu… Il obligeait ses nombreux lecteurs à se poser à eux-mêmes les questions essentielles : “Qui suis-je ? Où vais-je ? Comment y aller

Ces questions, Shusaku Endo les a d’abord posées à lui-même. Il avait été baptisé à l’âge de 12 ans sous l’influence de sa mère et depuis, n’avait jamais cessé de questionner sa foi catholique. Dans ce Japon où les chrétiens sont plus que minoritaires et ont besoin de certitudes, dont celle d’appartenir à la plus glorieuse des religions, beaucoup de chrétiens traditionnels, en le lisant, étaient désarçonnés par l’ambiguïté avec laquelle il abordait des thèmes essentiels : la foi chrétienne peut-elle prendre racine en terre japonaise ? Pourquoi le Christ reste-t-il caché ? Pourquoi le mal ? Où est Dieu ? A partir de quand un homme est-il coupable ?

Shusaku Endo, de santé fragile, était pourtant un bon vivant, plein d’humour, aimant rire et boire avec ses amis. Il a reçu d’innombrables prix littéraires et fut même proposé pour le prix Nobel de littérature. Beaucoup de ses romans ont été traduits en plusieurs langues dont le français : “Silence”(90), “La mer et le poisson”,  “Un admirable idiot”, “Volcano”, “En sifflotant” (1011), “La fille que j’ai abandonnée” (11), “Scandale” (12), un recueil de nouvelles, “Douleurs exquises” (13).

Pour les chrétiens d’Occident, l’aspect le plus admiré et le plus significatif de la profondeur de la pensée et de la foi de Shusaku Endo est peut-être sa découverte d’un Christ pauvre et démuni, fragile comme peut l’être l’amour quand il est bafoué. En ce sens, il rejoignait la vision de mystiques comme le Poverello d’Assise ou encore, plus récemment, Maurice Zundel. Au Japon, où les chrétiens sont en nombre infime, le rayonnement de Shusaku Endo, autant que l’influence du christianisme, ne manquent pas d’étonner et restent une énigme. D’après une enquête sur la conscience religieuse des Japonais, qui date de 1984, seulement 2 % des Japonais, tous âges confondus, disaient croire au Christ, alors que 12 % avouaient une attirance pour le christianisme. En revanche, parmi les moins de 30 ans, le taux de sympathisants du christianisme s’élevait à 30 %, dépassant largement les adeptes du shintoïsme. Cette enquête, vieille déjà de 12 ans, explique peut-être pourquoi les romanciers chrétiens et se déclarant tels sont non seulement nombreux mais lus : Satoko Kisaki, (Prix Akutagawa), Ayako Sono, Shumon Miura,Takako Takahashi, Kunio Tsuji, Otohiko Kaga, etc.

En 1970, Shusaku Endo avait été fait chevalier de Saint Sylvestre par Paul VI en compagnie de son ami Shumon Miura. “Avec un coeur humble, dialoguez avec les non-chrétiensleur avait recommandé le pape à cette occasion. Mission accomplie !