Eglises d'Asie – Inde
Le diocèse de Goa exprime son désaccord avec l’installation d’un port franc
Publié le 18/03/2010
La lettre reconnait qu’un port franc, où le commerce est libre, les produits hors taxe et les impôts peu élevés ne peut qu’attirer les entreprises si la liberté de commerce y est
vraiment totale. Par conséquent, le projet devrait être générateur d’emplois. Cependant, il est douteux que ce soit au bénéfice de la population de Goa, les industriels préférant la main-d’oeuvre venue d’ailleurs, parce que moins chère. Il est à craindre même que l’afflux de main-d’oeuvre plus ou moins qualifiée venant de toute l’Inde réduise les natifs de Goa à n’être plus qu’une minorité réduite qui ne pourra plus se définir que par son appartenance au passé.
Les dégâts causés à l’environnement seront considérables (7). Les terres agricoles vont être utilisées à d’autres fins, ce qui ne tardera pas à provoquer la mort de l’agriculture à Goa. Les industries, toutes, grandes consommatrices d’eau, y compris les plus polluantes, en venant s’installer à Goa, ne manqueront pas d’y créer des besoins en eau considérables. Malgré tous les efforts accomplis par le gouvernement pour assurer une bonne adduction d’eau, la réduction de la nappe phréatique mettra en danger l’alimentation en eau potable.
De nombreux autres problèmes sont évoqués encore par la lettre, tels que le déplacement des anciens résidents et les mesures envisagées par le gouvernement pour leur logement, le développement des maisons de jeu, casinos, night-clubs et maisons closes, avec la criminalité qu’entraîne ce type d’institutions, et enfin l’isolement de Goa à l’intérieur de l’Inde, puisqu’un laissez-passer sera nécessaire pour y entrer et en sortir.
La circulaire demande au gouvernement de prendre en compte l’opinion de la population sur ce problème et souligne que, dans une démocratie comme l’Inde, aucune décision importante ne doit être prise sans une consultation populaire. L’Eglise craint, en effet, que malgré le silence officiel, la population ne soit mise devant le fait accompli. Tout ce qui est fait depuis quelque temps va dans ce sens. On a pu constater la multiplication des hôtels luxueux et des casinos, la création d’un nouvel aéroport, d’une voie ferrée, la mise en vente de terrains industriels. A ce propos, le Père Albert Luis, directeur du Service d’Action Sociale du diocèse, a souligné que les retombées d’une industrie touristique en pleine expansion inquiète l’Eglise. Luis Filipe Pinto, de « Solidarité et Justice », lui, a fait remarquer que « si le port franc devenait une réalité, il deviendrait aussi un sanctuaire pour la mafia et le crime organisé