Eglises d'Asie

Réactions internationales extrêmement favorables à l’attribution du Prix Nobel de la paix à Mgr Belo et à Jose Ramos Horta

Publié le 18/03/2010




Partout dans le monde, à l’exception de l’Indonésie, les réactions ont été extrêmement favorables à l’attribution du prix Nobel de la paix, vendredi 11 octobre 1996, aux deux hommes qui, depuis près de vingt ans, ont lié leur vie au règlement pacifique de la question du Timor oriental : un ecclésiastique, Mgr Carlos Filipe Ximenes Belo, administrateur apostolique du diocèse de Dili, et un leader politique, responsable et porte-parole de la résistance du peuple timorais à l’annexion indonésienne, Jose Ramos Horta. S’en sont réjouies en premier lieu, les nations directement concernées par le conflit entre le Timor oriental et l’Indonésie, comme le Portugal, ancienne puissance coloniale au Timor oriental, dont le premier ministre a exprimé la grande joie, ou encore le Vatican, directement intéressé par le peuple timorais en grande majorité catholique: par la voix de son porte-parole, il a déclaré publiquement l’estime dans laquelle il tenait l’action et la personne de l’administrateur apostolique du diocèse de Dili. Beaucoup d’autres pays et organismes internationaux ont manifesté leur satisfaction devant l’attribution de ce prix, les Etats-Unis, le Canada, l’Union européenne. Cette décision a même donné l’occasion aux partis d’opposition allemand et norvégien d’attaquer la politique indonésienne de leurs gouvernements respectifs, estimée trop opportuniste.

Il se pourrait bien que la décision du Comité du prix Nobel marque un réveil de l’intérêt de la communauté internationale pour une solution pacifique au conflit timorais, ont estimé aussi les responsables des institutions internationales. L’ONU, Amnesty international espèrent que ce prix Nobel marquera le réveil de l’intérêt de l’opinion internationale sur cette question, un intérêt qui, à cause de la durée interminable du conflit, tendait à s’assoupir.

Autant de réactions qui, indirectement, indiquent la faveur d’une majorité de pays et d’organisations pour l’indépendance du Timor oriental. Elles n’ont pas manqué de mettre en porte-à-faux les autorités indonésiennes qui, depuis plus de 20 ans, refusent de revenir sur l’annexion du Timor oriental et esquivent tout dialogue. Le gouvernement indonésien s’est efforcé de modérer l’expression de son mécontentement. Il a « regretté » la décision du Comité Nobel, en particulier, pour ce qui concerne le dirigeant politique, M. Ramos Horta. Un ministre indonésien a déclaré ne pas comprendre les critères retenus pour l’attribution du prix.

Les réactions des intéressés, eux mêmes, ont été peu retentissantes, bien dans la manière des deux hommes pacifiques et simples. Jose Ramos Horta a déclaré offrir un rameau d’olivier à l’Indonésie. Mgr Belo a confié que ce prix montrait « tout le travail qui reste à faireEt ce religieux salésien sait ce qu’il dit puisque il est né dans ce pays à Bacau, en 1948 et y a fait ses premières études, avant d’y revenir comme prêtre pour y travailler d’abord comme directeur d’une école technique de Dili, puis à partir de mai 1983, comme administrateur apostolique du territoire du Timor oriental. Depuis, les interventions, les prises de position de cet homme qui se nomme lui-même « observateur concerné » ont été très nombreuses (15). En 1985, dans une lettre pastorale, il laisse entendre que certaines timoraises ont été stérilisées contre leur gré. En 1986, il s’élève contre les méthodes du Front populaire pour la libération du Timor oriental. En 1989, il demande au secrétaire général de l’ONU la tenue d’un referendum pour que la population du Timor puisse exercer son droit à l’autodétermination (16). Il tient une liste des personnes disparues. En juin 1995, il était présent à Schlaining, en Autriche, à une rencontre concernant son pays, organisée sous les auspices de l’ONU (17). Les membres du Comité Nobel ont ainsi résumé son oeuvre : « Par ses efforts pour parvenir à un règlement juste basé sur les droits de son peuple à l’autodétermination, il s’est fait le porteparole permanent de la non-violence et du dialogue. »

(15)Depuis sa création en 1983, la revue « Eglises d’Asie » a suivi de très près les interventions et déclarations de Mgr Belo à propos du Timor oriental. Elle a fait paraître 59 articles traitant, en partie ou en totalité, de l’actuel prix Nobel de la paix. Le premier, EDA 8, est de mai 1984 ; le dernier est du mois d’août 1996, EDA 225.