Eglises d'Asie

Sanctions pénales renforcées contre les médecins pratiquant la reconnaissance prénatale du sexe

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois, la justice sud-coréenne s’en est pris aux médecins qui procèdent à la reconnaissance du sexe des foetus, reconnaissance préludant quelquefois à un avortement lorsque le foetus s’avère être féminin. Trois d’entre eux ont été arrêtés au début du mois d’octobre et le ministère public a ouvert des enquêtes sur un certain nombre d’autres cas. Les observateurs voient dans cette aggravation des sanctions pénales un signe que le gouvernement est décidé à inverser l’ancienne politique de natalité consistant à restreindre le plus possible la croissance démographique.

Ces poursuites judiciaires ont été entamées après la publication de statistiques révélant que le déséquilibre existant entre le nombre d’hommes et celui des femmes continue de s’accentuer. Actuellement, il naît en moyenne 115,4 garçons pour 100 filles. Un tel écart entre hommes et femmes risque de devenir à courte échéance un problème social majeur. Selon les rapports publiés par la fédération du planning familial, le respect de l’équilibre démographique exige que ne soit pas dépassée la proportion de 106 hommes pour 100 femmes. Déjà, dans les classes élémentaires où généralement, par souci pédagogique, un petit garçon est assis à côté d’une petite fille à un même pupitre, on est obligé d’associer deux garçons ensemble, faute de pouvoir leur trouver des partenaires féminines.

Les rapports publiés par l’Association montrent que, dès 1999, les jeunes gens qui veulent se marier auront de la difficulté à trouver une épouse. Sachant que, d’une manière générale, les jeunes hommes de la tranche d’âge de 25 à 29 ans cherchent leur compagne parmi les jeunes filles âgées de 20 à 24 ans, il est possible de prévoir qu’à cette époque, il y aura une moyenne de 121,7 jeunes gens pour 100 épouses potentielles. Dès 2010, ils seront 128,6 de sexe masculin pour 100 personnes de l’autre sexe.

Selon le docteur Cho Nam-Hoon, la préférence des familles pour les garçons n’est pas aussi impérative qu’elle le fut autrefois; cependant elle reste encore la règle. Les personnes qui avortent d’un foetus de sexe féminin ont généralement déjà un garçon. Celui-ci représente toujours pour les parents le successeur qui perpétuera le nom et les traditions de la famille.

La reconnaissance prénatale du sexe est devenue illégale en Corée du sud depuis 1987, époque où des études effectuées par le ministère de la santé laissèrent prévoir le futur déséquilibre démographique. En 1994, la peine encourue par les contrevenants avait été portée à un maximum de trois ans de prison ou à une amende pouvant aller jusqu’à 92 400 dollars. Au mois de juillet dernier, le ministre de la santé et du bien-être a annoncé que l’état actuel de la population coréenne l’obligeait à concentrer ses efforts non plus sur la quantité mais sur la qualité de la population. Les mesures destinées à restreindre les naissances sont destinées à être abandonnées. Dans les milieux de l’Eglise catholique, on a généralement bien accueilli le revirement de l’Etat en ce domaine, mais des voix se sont élevées pour exprimer un doute sur les effets pratiques du changement de politique (2).