Eglises d'Asie

Assam : deux ethnies mortellement ennemies décident de se rencontrer pour parler de réconciliation

Publié le 18/03/2010




Les dirigeants de deux ethnies ennemies, Bodo et Santhal, qui se livrent une guerre sanglante dans l’Etat d’Assam au nord-est de l’Inde, se sont rencontrés. Vingt-trois représentants Bodo et Santhal ont voyagé ensemble, en car, pendant 200 kilomètres, de Kokrajhar à Guwahati, la capitale commerciale de l’Etat d’Assam, pour participer à cette entrevue qui se tenait là les 2 et 3 octobre, date anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi. Le bon déroulement de cette rencontre laisse espérer que la paix pourra être rétablie prochainement.

Les responsables des Eglises et les travailleurs sociaux ont accueilli cet événement comme un progrès important vers la paix et la réconciliation après un conflit qui a fait 300 morts et 300 000 sans-abri. Cette tension entre les deux ethnies a pour origine la lutte des Bodo pour leur indépendance et leur crainte de voir les non-Bodo les affaiblir par leur trop grand nombre.

Les deux groupes ethniques avaient demandé aux églises d’animer cette rencontre et s’étaient engagés à travailler auprès de leurs deux peuples pour les former à la réconciliation et à la paix. Un groupe oecuménique composé de catholiques, de luthériens et de baptistes, la “Mission inter-églises pour la paix” (ICPM), a été un des premiers à apporter son aide pour l’organisation de cette réunion. Il a travaillé en collaboration avec les agences de secours gouvernementales.

“Le problème est loin d’être résolu mais nous sommes sur la voie de la guérison et le processus de réconciliation est engagé” reconnaît Mgr. Thomas Menamparampil, archevêque salésien de Guwahati. C’est lui et l’évêque luthérien, Mgr. Nityanada Borgoary, qui conduisent les opérations de secours et les initiatives de paix de l’ICPM, grâce à la confiance dont ils jouissent auprès des deux communautés antagonistes.

Plusieurs organismes gouvernementaux ou privés de la région et la Commission pour les droits de l’homme d’Assam ont vanté les mérites et le travail des Eglises, particulièrement ceux de Caritas et du Service mondial luthérien. Ils ont aussi fait l’éloge de l’aide apportée par d’autres organismes internationaux et par les centaines de volontaires venus de toute l’Inde.

L’archevêque catholique, Mgr. Menamparampil, et Mgr. Borgoary, qui appartient lui-même à l’ethnie bodo, se réjouissent de cette atmosphère de dialogue, signe certain que les choses bougent. “L’Eglise a souffert, mais elle a montré sa force de résistance et son courage pour rétablir la paixdit Mgr Menamparampil. Les protestants reconnaissent que ce travail accompli en collaboration avec d’autres dénominations religieuses a été pour eux une expérience oecuménique enrichissante et leur a montré la nécessité pour les Eglises de travailler ensemble pour la paix et le développement de la région.

Cependant un groupe hindou extrémiste, le RSS, a accusé les missionnaires d’inciter les groupes ethniques à la rébellion, allégation immédiatement rejetée par la Conférence des dirigeants chrétiens unis du nord-est de l’Inde, (UCLCNEI), une région où l’oecuménisme est très développé. Le 27 septembre, l’ICPM a exprimé la peine ressentie à la lecture de cette déclaration du Rashtriya Swayamsevak Sangh, (RSS, corps national des volontaires hindous) qui travaille pour faire de l’Inde un Etat hindou. “Déclaration incendiaire et irresponsablejugent de leur côté les dirigeants de l’UCLCNEI qui demandent au RSS de cesser ses allégations mensongères et lui suggèrent de travailler ensemble dans le respect mutuel.