Eglises d'Asie

Au cours des entretiens d’une délégation du Saint-Siège avec le bureau des Affaires religieuses, quelques points d’accord ont été trouvés

Publié le 18/03/2010




0n a longtemps hésité à définir la nature de cette 7ème visite de la délégation du Saint-Siège au Vietnam. Au moment de sa préparation à Rome, on laissait entendre qu’il s’agissait d’une visite d’adieu de Mgr Claudio Celli, lequel, promu à d’autres fonctions, entreprenait ce voyage à Hanoi pour prendre congé de ses anciens interlocuteurs du gouvernement vietnamien et de ses confrères, les évêques du Vietnam, ainsi que pour présenter son successeur aux affaires du Vietnam, Mgr Celestino Migliore. A Hanoi, deux jours avant l’arrivée de la délégation, l’agence de presse officielle qualifiait la démarche du Vatican de “visite de courtoisie” (16) et semblait ainsi minimiser d’avance les résultats qu’elle pourrait obtenir. Cependant, dès l’arrivée de la délégation à Hanoi, les très discrètes séances de travail qui ont réuni pendant les trois jours de la visite, loin de la presse, les membres de la délégation et le chef du Bureau des affaires religieuses, M. Vu Gia Tham, l’unique visite protocolaire avec un vice-ministre des Affaires étrangères, M. Nguyên Dinh Binh, tout donnait à penser que des négociations étaient aussi incluses à l’intérieur de ces entretiens, aussi “courtois” qu’ils aient été par ailleurs. Dès le 17 octobre, le communiqué du Bureau des Affaires religieuses levait une partie du voile jeté sur ces entretiens en soulignant que les “résultats étaient en général bonset que “les deux parties étaient tombées d’accord sur un certain nombre de points

Peu d’informations officielles ont pour le moment filtré concernant les résultats de la visite, qualifiés de “bons” par Hanoi. Cependant, les quelques échos recueillis au Vietnam, après la visite, donnent à penser que les résultats positifs ont peut-être été plus nombreux qu’au cours des voyages précédents. Comme on le sait, la principale divergence entre Rome et Hanoi concerne Mgr Huynh Van Nghi, administrateur apostolique nommé par le Saint-Siège en août 1993 (17) et aussitôt refusé par le gouvernement qui a maintenu jusqu’à aujourd’hui son opposition, après beaucoup d’essais infructueux du Saint-Siège pour faire accepter cette nomination. Cette fois-ci, la délégation qui n’a pu rencontrer directement Mgr Nghi, celui-ci n’ayant pas obtenu la permission de se rendre à Hanoi, a cependant reçu de lui une lettre qui affirme sa soumission à toute décision du Saint-Siège à son égard. La délégation a alors pu présenter au gouvernement le nom d’un évêque pour le siège de Saigon. Surpris, les responsables du Bureau des affaires religieuses ont demandé pourquoi le choix de Rome ne s’était pas porté sur un prêtre de Saigon. La délégation a fait valoir que le premier ministre, Vo Van Kiêt, avait dit publiquement que, pour le siège de Hô Chi Minh-Ville, n’importe quel évêque ferait l’affaire, à condition que ce ne soit pas Mgr Huynh Van Nghi. Sur quoi, le bureau des affaires religieuses a promis de répondre prochainement. Le Saint-Siège maintiendra l’actuel administrateur apostolique tant que le gouvernement n’aura pas donné son accord au nom proposé par le Saint-Siège.

Parmi les intentions du Saint-Siège communiquées aux autorités vietnamiennes, il y avait aussi la nomination de quatre évêques coadjuteurs pour quatre diocèses, Bui Chu, Da Nang, Nha Trang et Buôn Ma Thuôt. Deux ont été acceptés d’emblée par le gouvernement, ceux de Nha Trang et de Buôn Ma Thuôt ; leurs noms ont déjà circulé de bouche à oreille. Le candidat du Saint-Siège pour le diocèse du Nord, Bui Chu, a été refusé par le gouvernement parce qu’originaire du Sud.

Les résultats partiels remportés par la délégation en matière de nominations d’évêques contrebalancent un certain nombre de limites qui lui ont été imposées lors de son séjour au Vietnam. Si les envoyés du pape ont été reçus officiellement par le cardinal Pham Dinh Tung et Mgr Nguyên Son Lâm, respectivement président et secrétaire général de la Conférence épiscopale et ont pu rencontrer à Hanoi la plupart des évêques du Nord, cela n’a pas été le cas pour l’épiscopat du Sud qui n’a pu se déplacer à Hanoi, y compris Mgr Nghi dont la présence dans la capitale était fortement souhaitée par la délégation. De même, à propos de la visite “ad limina” des évêques vietnamiens, le gouvernement n’est pas revenu sur le chiffre de dix évêques qui est le nombre à ne pas dépasser cette année. D’après le bureau des affaires religieuses, les évêques, prêtres, religieux catholiques font beaucoup trop de voyages à l’étranger. A eux seuls, ils accapareraient 60 % des autorisations de voyage accordées aux diverses religions du Vietnam.

Autre marque du contrôle que le gouvernement a voulu exercer sur cette visite, l’autorisation refusée à la délégation de célébrer une messe à la cathédrale de Hanoi pour l’anniversaire de l’élection du souverain pontife. On a fait valoir que cela ne pouvait se faire, tant que les relations du Vietnam avec le Saint-Siège n’étaient pas rétablies.