Eglises d'Asie

La secte Moon manifeste des signes de déclin au Japon

Publié le 18/03/2010




Si les membres les plus endurcis n’osent pas le reconnaître, l’état des finances de la secte le laisse supposer : l’Eglise unifiée, plus connue sous le nom de secte Moon, est en perte de vitesse au Japon. Pourtant chacun sait qu’elle n’avait pas son pareil pour drainer des millions de dollars à son profit. Les officiels de la secte revendiquent 400 millions de dollars par an de dons, rien qu’au Japon. Durant ces 20 dernières années, les moonistes du monde entier auraient investi un milliard de dollars aux Etas-Unis dont 800 millions pour l’achat du journal “The Washington Times

Pourtant, depuis quelques temps, nombreux sont les signes qui indiquent que la machine s’est dérèglée (13). Le Japon est devenu source d’inquiétude pour le révérend Moon. Beaucoup d’anciens membres en effet ont entamé des poursuites judiciaires, estimant avoir subi un préjudice moral et financier. Certains affirment avoir subi un lavage de cerveau. D’autres rapportent avoir payé des prix exorbitants pour des vases, des chapelets ou autres objets religieux et quelquefois avoir subi la pression des autres membres les obligeant à donner de l’argent s’ils ne voulaient pas voir leurs parents “brûler en enfer

Des avocats qui représentent les plaignants, indiquent que, depuis 1987, eux-mêmes et l’administration pour la défense des consommateurs ont reçu plus de 17 000 plaintes contre l’Eglise unifiée. Le même groupe affirme que la secte aurait déjà versé près de 150 millions de dollars pour éviter les poursuites judiciaires. Une dissidente qui a travaillé pendant dix ans pour l’Eglise unifiée, Naoko Fukasawa, explique que l’organisation ne se sert de la religion que comme paravent. Pendant des années, dit-elle, on m’a fait faire du porte-à-porte pour vendre différents objets, pas nécessairement religieux, à des prix exorbitants. “En fin de compte, une seule chose comptait : combien avions-nous rapporté d’argent ? Nous n’étions que des marionnettes dont M. Sun Myung Moon tirait les ficelles

Beaucoup de Japonais croient au bouddhisme ou au shintoïsme mais la majorité ne pratiquent aucune religion structurée. Avant la deuxième guerre mondiale, les religions étaient si étroitement surveillées par l’Etat qu’en réaction, après la guerre, plus personne n’admit de contrôle. Le relâchement de la vigilance dans ces dernières décennies a permis l’éclosion d’une quantité de nouvelles religions. En y adhérant, de nombreuses personnes cherchent à s’accomplir spirituellement. Souvent des gens seuls et vulnérables sans liens avec leur famille, donnent tous leurs biens à l’Eglise unifiée, viennent habiter dans un logement spartiate mis à leur disposition par la secte et lui consacrent leur vies.

Pour l’instant, la secte semble être parvenue à un délicat tournant. Son porte-parole au Japon, Monsieur Oe, parle d’un état de santé excellent comme jamais, affirmant avoir, cette année encore, encaissé 400 millions de dollars, une des plus belles recettes enregistrées depuis l’âge d’or du boom économique des années 80. Cependant, les témoignages de douzaines de dissidents, de leurs avocats et des spécialistes de l’Eglise unifiée, mais aussi les déclarations des tribunaux ont permis de dresser d’autres bilans de santé. Tous disent que cette énorme machine à ramasser des fonds est vacillante. Cet affaiblissement serait dû en grande partie à la vigilance minutieuse des médias et des citoyens, ainsi qu’au nombre toujours grandissant des plaintes.

Yoshifu Arita, un journaliste qui suit la secte depuis une dizaine d’années, constate que la source d’argent en provenance du Japon s’est tarie de façon dramatique, et comme la vigilance des villes est de plus en plus aiguë, la secte s’oriente du côté des campagnes où les gens sont moins sensibles “à la mauvaise publicitéCette vigilance a poussé l’Eglise unifiée à adopter une nouvelle politique. Autrefois visant surtout les jeunes, la secte se tourne maintenant vers les gens âgés, surtout les femmes qui ont de l’argent et des biens.