Eglises d'Asie

Le cardinal Kim Sou-hwan propose le pardon pour les deux anciens présidents du pays

Publié le 18/03/2010




Dans une interview publiée le 6 octobre 1996 par le quotidien “Kyonghyang Shinmun”, le cardinal Kim Sou-hwan, archevêque de Séoul, a proposé que la grâce (6) soit accordée aux deux anciens présidents, Chun Doo-hwan et Roh Tae-woo, respectivement condamnés à la peine de mort et à 22 ans et demie de détention, le 26 août dernier, par le tribunal du district de Séoul. L’intervention de l’archevêque de Séoul a eu lieu la veille de l’ouverture du deuxième procès de l’ex-président Chun Doo-hwan qui a fait appel contre sa condamnation à mort. Celui-ci nie être directement responsable du coup d’Etat de 1979 et de la répression sanglante de la manifestation de Kwangju en 1980, répression qui fit plus de 200 morts. De sérieux incidents ont eu lieu pendant ce procès, le 14 octobre, alors qu’un témoin de la défense affirmait que c’était les manifestants qui avaient provoqué la répression militaire. La séance a été suspendue ce jour-là, mais le procès a repris les jours suivants.

Dans son interview, le cardinal a, en particulier, affirmé que le pardon accordé avant que les offenseurs ne l’aient sollicité ouvriraient pour ceux-ci le chemin de la “guérison” et pourrait hâter la cicatrisation des blessures de la nation. Il a fait remarquer que les choses seraient plus faciles si les deux anciens présidents manifestaient quelques signes de repentance. Cependant même si ce n’était pas le cas, on ne pouvait appliquer le principe “oeil pour oeil, dent pour dent“. Cette intervention du chef du diocèse de Séoul a suscité quelques critiques. Le président de la commission “Justice et paix” du diocèse de Kwangju, particulièrement concerné par les événements évoqués au procès, aurait préféré que l’intervention du cardinal n’ait pas lieu pendant le procès pour ne pas influencer celui-ci. Toutefois, il est, lui aussi, favorable au pardon à condition que les deux coupables se repentent de leurs crimes et coopèrent avec la justice dans la recherche de la vérité, en particulier, au sujet des événements qui se sont déroulés à Kwangju en 1980.

Au cours de la même interview, commentant l’incident du sous-marin nord-coréen échoué sur un récif de la côte orientale de la Corée du Sud, le 18 septembre dernier, le cardinal a exprimé sa tristesse de n’avoir pu encore se rendre en visite en Corée du Nord, comme il en a depuis longtemps exprimé l’intention, lui qui est administrateur apostolique du diocèse de Pyongyang depuis 1975. Faute d’invitation des autorités nord-coréennes, il n’a pu accomplir son plus cher désir. Il a conclu : “C’est une tragédie et aussi une humiliation devant tous les autres peuples que de voir les deux parties d’un même peuple tournées l’une contre l’autre, les armes à la main !”

Le cardinal a aussi confié qu’il prendrait sa retraite au mois de mai prochain, date à laquelle il aura 75 ans. Après cette échéance, il espère quand même pouvoir exercer un ministère pastoral pendant encore un certain temps.

(6) Le cardinal Kim avait déclaré précédemment, en décembre 1995, que les deux ex-présidents devaient être punis conformément à la loi (EDA 213), critiqué en cela par l’évêque de Suwon, Angelo Kim Nam-Soo, au mois de janvier suivant (EDA 215)