Eglises d'Asie

“Catholicisme et Nation” accuse Radio Vatican d’injurier les dirigeants vietnamiens

Publié le 18/03/2010




Un long article de deux pages, publié en petits caractères sous la rubrique “Tribune du lecteur”, par l’hebdomadaire “Catholicisme et Nation” (12) et signé Nguyên Công Viêt, met en cause la façon dont les émissions en langue vietnamienne de Radio Vatican traitent de l’actualité vietnamienne. Selon l’organe du Comité d’union du catholicisme à Hô Chi Minh-Ville, l’information donnée serait loin d’être objective et les responsables profiteraient des diverses nouvelles diffusées par eux, y compris celles qui ne concernent pas le Vietnam, pour critiquer, accuser et condamner le régime en place. A l’appui de ses accusations, l’auteur de l’article cite les scripts de deux émissions diffusées ces derniers temps.

La première émission date du mois de novembre 1995. Les dirigeants actuels du Viêtnam qui sont appelés “des bandits” y sont accusés d’avoir dépouillé la population de ses biens, de ses emplois, de son avenir, ainsi que des droits de l’homme les plus fondamentaux. Dans son article, Nguyên Công Viêt reconnaît aux animateurs de la section vietnamienne de radio Vatican le droit d’être anti-communiste. Mais il leur dénie le droit, même s’ils ne représentent en rien l’opinion officielle du Saint Siège, de traiter de “bandits” les dirigeants d’un pays reconnu par presque tous les pays du monde y compris par les Etats-Unis. Non seulement ce langage n’est pas “diplomatique”, mais de plus il manque de la plus élémentaire politesse et est dépourvu de sens chrétien. Selon lui, si les instances supérieures de Radio Vatican comprenaient le vietnamien, les responsables de cette émission auraient depuis longtemps perdu leur emploi. Un autres argument “ad hominem” est utilisé pour montrer l’honorabilité des dirigeants vietnamiens: “Si ce sont des bandits, demande l’article, pourquoi donc le Saint-Siège envoie-t-il des délégations pour rencontrer le gouvernement et s’entretenir avec lui ?”

Une deuxième émission datant de l’époque du huitième Congrès du Parti est mis en cause par cet article. Il s’agit en réalité d’une prière pour le congrès en question, proposée aux auditeurs vietnamiens de radio Vatican. Elle demande à l’Esprit Saint de “libérer l’âme des dirigeants vietnamiens, pour qu’ils abandonnent leur pourriture, leur hypocrisie, leur méchanceté, l’esprit de concussion…” M. Nguyên Công Viêt ne voit pas là une prière, mais tout simplement des insultes proférées par des chrétiens contre leur prochain. Il leur conseille de prier pour eux-mêmes pour se libérer de toute haine et pouvoir reconnaître le Seigneur en tout homme.

Une réponse circonstanciée à cet article, signée Trân Hoang Thanh, sans doute proche des milieux de Radio Vatican, a été publiée en Suisse par la revue Muc Vu (13). Il remet dans leur contexte les deux émissions incriminées. Il explique que la première émission faisait allusion à une affaire opposant le gouvernement vietnamien à une compagnie australienne dépouillée par le premier d’un équipement d’une valeur de 4,5 millions de dollars. Le qualificatif adopté pour désigner les dirigeants vietnamiens était selon lui justifié au vu des nombreuses écoles, dispensaires et autres établissements subtilisées à l’Eglise et à d’autres institutions par le gouvernement. Quant aux défauts attribués aux dirigeants dans la prière pour le huitième congrès, l’auteur de la réponse affirme qu’il suffit de lire les journaux vietnamiens ou d’écouter le discours de Vo Van Kiêt à l’ouverture de l’actuelle session de l’Assemblée nationale pour constater que tous ces défauts y sont reprochés ouvertement aux dirigeants et aux cadres du Parti. Il est normal de prier “pour être délivré du malPar ailleurs, l’auteur défend le droit des journalistes vietnamiens de Radio Vatican d’utiliser un langage qui ne soit pas diplomatique, ou poli, mais seulement conforme à la vérité.