Eglises d'Asie – Vietnam
La plus vieille institution caritative de Hô Chi Minh-Ville va changer de destination
Publié le 18/03/2010
L’hospice et l’orphelinat de Thi Nghê furent fondés en 1876 par la mère Benjamin, la première provinciale des soeurs de Saint Paul de Chartres. Pendant plus de 100 ans, cet endroit fut connu de tous comme un lieu d’accueil et de soins pour les vieillards, isolés, malades ou sans famille, ainsi que pour les orphelins et les enfants abandonnés. Avant 1975, avec ses vingt constructions s’étendant sur plus de deux hectares de terrain, le complexe de Thi Nghê abritait environ 1 200 personnes, vieillards et enfants. Lors du changement de régime, comme toutes les institutions de ce type, l’hospice et l’orphelinat de Thi Nghê furent nationalisés. Cependant un premier accord fut conclu entre les autorités et la congrégation. Celle-ci abandonnait au Service du travail, des blessés de guerre et des affaires sociales l’entière gestion de l’hospice et de l’orphelinat, avec tous les terrains faisant partie de la propriété. En revanche, les autorités s’engageaient à faire fonctionner l’institution pour le service des plus démunis. Une communauté de vingt religieuses était autorisée à vivre sur place et à travailler au service des vieillards et des orphelins sous la direction de la nouvelle administration. L’institution changea de nom pour devenir l’hospice de vieillards n°9.
Cependant cet état de choses ne dura que quelques années. Dès 1981, le service gouvernemental en charge de la maison invita les soeurs en activité à l’intérieur de l’institution à aller rejoindre leur congrégation et à rendre au gouvernement les locaux qu’elles occupaient encore. Peu à peu aussi, les lieux allaient changer d’aspect en même temps que de destination. Après la prise en main de l’hospice par l’administration gouvernementale, et durant un certain temps, près de 800 vieillards ont vécu dans l’institution et y ont reçu subsistance et soins. Certains rendaient quelques services. Mais avec l’ouverture économique et l’obligation faite aux diverses administrations d’obtenir une certaine rentabilité, les terrains furent loués; des industries et des commerces, toujours plus nombreux, s’y installèrent. A tel point qu’aujourd’hui, il est difficile au passant de reconnaître l’ancienne hospice consacrée aux soins des malheureux. Rien ne différencie plus les lieux d’un centre commercial. De plus, l’administration a fait construire, sur l’emplacement du jardin et de l’ancien cimetière, une série de 15 pavillons destinés aux personnes handicapées ayant acquis des mérites pendant la guerre et aux employés des services sociaux. Ces maisons devraient être occupées très prochainement.
Selon des sources qui semblent sûres, la décision aurait déjà été prise de mettre un terme aux soins et à l’accueil des vieillards dans des lieux qui ont été consacrés à cet usage depuis plus 120 ans. Voilà quelque temps que, par petits groupes, les pensionnaires de l’hospice sont transportés dans d’autres institutions, l’hospice n° 3 à Thanh-Lôc- Hoc Mon, à l’hospice n°4 à Sông Be. A l’heure actuelle, il ne reste désormais que 127 vieillards. Ils ont été regroupés sur une petite parcelle de l’ancien complexe, et sont effrayés à l’idée de devoir quitter les lieux (11).