Eglises d'Asie

20 000 personnes sont venues assister à la bénédiction de la statue géante du Christ-Roi par Mgr Belo

Publié le 18/03/2010




Mgr Belo, administrateur apostolique de Dili et nouveau prix Nobel de la paix, a finalement procédé à la bénédiction de la statue géante du Christ-Roi qui avait été inaugurée le 15 octobre dernier en présence du président Suharto (7). La cérémonie a eu lieu le 24 novembre 1996 et s’est déroulée sans aucun incident. Tout de suite après la bénédiction, avec 12 prêtres venus de divers endroits de Timor, l’évêque a concélébré une messe au pied de la montagne de Fatucama sur laquelle a été élevée la statue qui domine la baie de Dili du haut de ses 27 mètres. Une foule estimée à 20 000 personnes était venue participer à la bénédiction et à la messe. Aucune force de police n’avait été déployée autour des lieux de la célébration et le service d’ordre était assuré par les membres du groupe de la Jeunesse du Timor oriental. Selon des témoins, les cérémonies se sont déroulées dans une ambiance de ferveur très remarquable. Certains observateurs ont suggéré que la foule s’était rassemblée en ce lieu davantage pour voir son évêque que pour contempler la statue.

Durant l’homélie qu’il a prononcée en présence de l’assemblée et d’un certain nombre de représentants officiels du gouvernement indonésien parmi lesquels le gouverneur de Timor, l’évêque s’est abstenu de toutes références à la situation politique de la région dont il est l’administrateur. Il a déclaré que la statue constituait un très important monument dans l’histoire du Timor oriental et pour le peuple timorais désireux de vivre dans la soumission au Christ-Roi. Il a ajouté que l’emplacement de la statue était devenu maintenant un lieu sacré où toute la population viendrait prier et méditer.

Depuis l’annonce de sa réalisation en 1994, cette statue du Christ-Roi, représenté au-dessus d’un globe terrestre, les bras étendus, a rencontré une très large désapprobation dans la population timoraise, surtout à cause des sommes considérables qu’elle allait coûter. Peu de temps avant la bénédiction, une lettre anonyme avait appelé les dirigeants du Timor oriental à annuler la bénédiction de la statue qui était le « symbole de l’invasion indonésienne de notre territoireDepuis longtemps, Mgr Belo lui-même, avait signifié publiquement son opposition à ce projet de statue géante, mis en oeuvre sans consulter les autorités catholiques. L’année dernière, il avait affirmé que le projet n’était pas dépourvu d’arrière-pensées politiques. L’évêque avait même suggéré, il y a trois mois, que l’énorme somme d’argent destinée à l’édification de la statue aurait été mieux utilisée à améliorer la situation économique de la population (8).

Quelques jours avant la bénédiction, M. Clementino dos Reis Amaral, membre de la section timoraise de la commission indonésienne des droits de l’homme et ami personnel de Mgr Belo, avait commenté la signification de cet événement et s’était fait l’écho des sentiments du peuple timorais à l’égard de ce projet de statue. Interrogé pour savoir si le geste de l’évêque allait ternir sa réputation aux yeux des Timorais, il a déclaré que la population portait trop de considération à l’évêque pour le critiquer.