Eglises d'Asie

Le cardinal Sin a critiqué l’excès de précautions prises par le gouvernement philippin pour la réunion des pays d’Asie-Pacifique

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre pastorale datée du 18 novembre 1996, le cardinal Jaime Sin, archevêque de Manille, a longuement commenté la réunion des pays d’Asie-Pacifique qui s’est tenue les 25 et 26 novembre à Manille. Il a emboîté le pas à plusieurs personnalités religieuses et politiques du pays pour déplorer “l’excès de précautions” du gouvernement dans la préparation de ce sommet : des milliers de maisons de bidonvilles ont été détruites autour de la capitale à la grande colère des habitants, les visas d’entrée ont été refusés à une centaine de personnalités étrangères parmi lesquelles, deux prix Nobel de la paix, Jose Ramos-Horta et Mgr Desmond Tutu, d’Afrique du Sud, et l’ancien évêque de Nagoya, au Japon, Mgr Aloysius Nubuo Soma. Les écoles ont été fermées à Manille pendant quatre jours et la circulation, déjà difficile en temps ordinaire, était devenue pratiquement impossible. Les étrangers, interdits de visa par le gouvernement, devaient participer à des conférences parallèles sur le coût social de la mondialisation de l’économie.

Dans sa lettre, le cardinal Sin observe que “ce qui, dans certains secteurs de la population, provoque le rejet passionné de cette réunion des pays d’Asie-Pacifique, c’est l’idée qu’il serait nécessaire que les grandes puissances économiques prennent le pas sur les petitesIl estime, de son côté, que la coopération économique entre ces pays peut s’avérer être une bénédiction ou une malédiction. Elle peut amener à l’exploitation des pays pauvres par les pays riches ou bien à un engagement à travailler ensemble pour un monde plus humain. Si cette coopération entraîne l’éradication de la pauvreté, “les Philippins doivent la soutenirajoute-t-il.

Tout en souhaitant la bienvenue aux leaders des 17 pays de l’Asie-Pacifique présents à Manille, le cardinal Sin leur demande de faire en sorte que “chacun des pays membres puisse recevoir les bénéfices de leur engagement pour une paix durableIl met en doute l’efficacité économique de la dérégulation à tout prix pour qu’un développement durable puisse prendre place et offrir la prospérité à tous. Il critique en particulier le gouvernement philippin d’avoir trop rapidement levé les protections dans certains secteurs clés de l’économie comme la banque et les assurances, dans l’intention de se mettre en accord avec les règles de la concurrence internationale. Il demande aux membres du sommet de l’Asie-Pacifique de réfléchir aux conséquences de la mondialisation qui pourrait “réduire toutes les cultures à une seule, celle du hamburger et du coca cola

Finalement, le cardinal cite l’exploitation des travailleurs dans les pays en développement, les crimes contre l’environnement, et la situation inhumaine faite aux femmes et aux enfants dans les systèmes de production, comme des domaines que les pays de l’Asie-pacifique devraient surveiller particulièrement.

Les chefs de gouvernement d’Australie, de Brunei, du Canada, du Chili, de Hongkong, d’Indonésie, du Japon, de Malaisie, du Mexique, de Nouvelle Zélande, de Papouasie-Nouvelle Guinée, des Philippines, de Singapour, de Corée du Sud, de Taiwan, de Thaïlande et des Etats-Unis, étaient présents à cette réunion.