Le gouvernement vietnamien mène une vigoureuse campagne contre la consommation et le trafic de drogues

Au cours des années récentes, la consommation de drogues a brusquement augmenté dans toutes les couches de la société, au point que la presse officielle parle de ce phénomène comme d’un “désastre national“. Les journaux vietnamiens estiment que les toxicomanes dans le pays sont aujourd’hui entre 185 000 et 200 000. Ce chiffre n’était que de 150 000 en 1993. 70 % ont sans doute moins de trente ans. Cette diffusion de la drogue dans la jeunesse trouble particulièrement les autorités. Les milieux scolaires et étudiants ont été, surtout dans les écoles où l’absentéisme est le plus fort, soumis à des analyses d’urine, à des tests et à des enquêtes qui ont donné d’étonnants résultats. Dans la province frontalière de Lang Son, région où le commerce de la drogue est le plus florissant, 7 % des étudiants testés se sont révélés positifs. Des enquêtes menées au mois de septembre dernier ont dépisté 230 toxicomanes gravement atteints parmi les écoliers et les étudiants de Hanoi, 106 à Lang Son et 87 dans le Quang Ninh. La plupart d’entre eux, issus de familles aisées, se procurent la drogue sans difficulté. L’héroïne se vend dans les rues de la capitale en paquets de 20 grammes, qui coûtent de 20 000 à 30 000 dôngs (10 à 15 F.). Certains des étudiants interrogés ont avoué dépenser l’équivalent de 5 à 10 dollars par jour pour subvenir à leurs besoins en drogue.

La campagne actuelle se déploie aussi en direction des trafiquants et vise à démanteler un commerce en développement constant depuis deux au trois ans, date à laquelle le Vietnam est devenu un des principaux pays de transit pour le trafic international de la drogue par ses frontières du Laos et de Chine. Pour les neuf premiers mois de l’année, la police a saisi 330kg d’opium et 30kg d’héroïne au cours de 1 500 affaires. Au mois d’octobre, près de 2 000 trafiquants avaient été arrêtés dans le cadre de la campagne actuelle. Parmi eux, 300 étaient des trafiquants proprement dits. Les autres étaient des propriétaires ou gérants de lieux de consommation. Sur les 80 peines de mort prononcées au Vietnam depuis le début de l’année, trois concernaient des trafiquants de drogue (13).