Eglises d'Asie

Les catholiques s’opposent à la promulgation d’une loi sur les religions, destinée à réprimer les fraudes

Publié le 18/03/2010




Divers scandales provoqués par les activités frauduleuses de certaines sectes religieuses ont ému l’opinion publique et incité le gouvernement à convoquer, le 8 novembre dernier, un forum destiné à débattre du rôle et de la réglementation des religions à Taïwan. 110 personnes environ y ont participé, parmi lesquelles des représentants du gouvernement, des dirigeants religieux et des intellectuels appartenant à une douzaine de groupes religieux. Les catholiques étaient représentés par Mgr Paul Shan Kuo-hsi, président de Conférence épiscopale ainsi que par neuf autres prêtres et évêques.

Selon les déclarations de Mgr Paul Shan, la délégation catholique s’est opposée à la promulgation d’une loi spéciale destinée à réglementer les religions, position qui a été aussi adoptée par un certain nombre de dirigeants religieux présents à ce forum. L’évêque a justifié cette prise de position en affirmant que la religion est du domaine spirituel et qu’elle ne peut donc être contrôlée par la loi. La seule censure qui puisse s’exercer sur elle relève de l’auto-discipline. Quant aux activités illégales menées sous le couvert de la religion, elles devraient tomber sous le coup de lois déjà existantes et ne nécessitent donc pas le vote d’une nouvelle loi, susceptible de devenir elle-même une menace pour la liberté religieuse.

Au cours du forum, des critiques se sont fait entendre qui ont stigmatisé le vide spirituel de la population, son engouement naïf pour des religions qui assurent leur prospérité au moyen de procédés frauduleux. Les blâmes étaient surtout dirigés contre les auteurs de deux énormes escroqueries qui, ces temps derniers, ont fait la une des journaux taïwanais. Le premier d’entre eux, Sung Chi-li, fondateur de la “Société miracle Sung Chi-lise prétendait détenteur de pouvoirs surnaturels. Après son arrestation, le 13 octobre dernier, il a reconnu avoir escroqué 3 milliards de dollars taïwanais (109 millions de dollars américains) à ses disciples de Taïwan et l’équivalent de 48 192 dollars américains à ses adeptes en Chine continentale. Le second qui se faisait appeler, Maître Miao Tien, a été accusé d’avoir accumulé une fortune se montant à plus de deux milliards de dollars taïwanais en vendant aux membres de la secte des parcelles de pagode et de temples construits illégalement, ce qui était censé procurer la santé et la prospérité aux acheteurs et la protection aux ancêtres de ces derniers. Selon les participants du débat, de telles pratiques ne seraient pas isolées. Il ne s’agirait même là que de la partie visible de l’iceberg.

Le vice président Lien Chan qui participait au forum, même s’il a exprimé la volonté du gouvernement de châtier sévèrement les auteurs d’escroqueries commises au nom de la religion, s’est lui aussi montré très réservé au sujet d’une éventuelle loi sur les religions. Par contre, le vénérable Hsing Yun, responsable de l’Association bouddhiste Fokuang, s’est dit partisan d’une réglementation légale qui interdirait l’existence et les activités de groupes religieux illégaux et protégerait ainsi les religions légales. Le représentant des protestants a adopté une position analogue et souhaité que les décisions gouvernementales en matière religieuse soient prises à un niveau plus élevé qu’elles ne le sont aujourd’hui.