Eglises d'Asie

Les religieuses sont déterminées à défendre la dignité de la femme dans l’Eglise

Publié le 18/03/2010




Les religieuses coréennes veulent renforcer leur identité, leur compétence et leur responsabilité dans leur vie de tous les jours, mais entendent bien aussi réaffirmer la dignité de la femme dans l’Eglise, autant d’objectifs qui viennent d’être définis à la vingt-neuvième assemblée générale des supérieures majeures de Corée, qui s’est tenue du 28 au 30 octobre 1996 dans les environs de Séoul. Les 70 supérieures majeures présentes, de 48 instituts et congrégations, ont aussi lancé un appel contre « la discrimination sexiste dans l’Eglise

Elles ont décidé en outre la fondation d’une association de femmes théologiennes et, pour mieux se faire entendre sur la question des femmes dans l’Eglise, la mise sur pied d’une commission chargée d’étudier la place des religieuses dans le service paroissial. « Ce sont les hommes qui dans l’Eglise occupent les positions dominantes où se prennent les décisions alors que, dans les paroisses, ce sont les religieuses qui sont les paroissiennes les plus activespeut-on lire dans le compte rendu de l’assemblée générale. « Après avoir échangé en profondeur sur la façon de penser, le style de vie, la formation et le travail apostolique, il nous faut admettre que les soeurs elles-mêmes ont des comportements sexistesreconnaît cependant le texte.

La secrétaire de la conférence, une salésienne, Soeur Silvia Choi Ju-yong, commente : « Les femmes ont été tenues à l’écart des prises de décisions et de leur application et ont été les victimes de cette discrimination à bien des niveaux dans la vie de l’Eglise, y compris au niveau des lectures liturgiques de la messe. A cette rencontre nous avons réalisé que même nous, les religieuses, avons favorisé cette discrimination sexisteLes supérieures majeures admettent que l’exhortation apostolique sur « La Vie Consacrée » (1996) du pape Jean-Paul II les a beaucoup aidées à prendre conscience de l’importance d’une véritable égalité entre les hommes et les femmes dans l’Eglise.

Par ailleurs, cette nouvelle commission sur la pastorale paroissiale devra s’occuper des réels et très sérieux problèmes rencontrés par les religieuses dans leur travail concret en paroisse. A ce sujet, l’assemblée a plaidé pour un élargissement du concept de « pastorale paroissiale » en vue de favoriser une meilleure adaptation aux besoins des laïcs et un meilleur service des religieuses auprès des pauvres, chaque institut selon son charisme. Les religieuses en paroisse devraient être libérées de certains travaux comme celui de préposé à la sacristie qui peut être assuré par des laïcs. Une introduction à l’étude de la théologie et des sciences sociales devrait faire partie de leur formation.

Partant de l’idée que les femmes lisent et comprennent la Bible selon une approche qui leur est propre, l’assemblée a aussi souhaité que les séminaires et les instituts de théologie insèrent une étude de la psychologie féminine dans leur cursus de formation. Les participantes constatent également que, pour éliminer le sexisme dans l’Eglise, c’est aux religieuses à commencer le travail en elles-mêmes. S’appeler entre elles par leur nom et non plus par le titre lié à leur fonction, par exemple, devrait favoriser l’égalité souhaitée et diminuer la culture de classe que l’on trouve aussi bien dans leurs communautés que dans l’Eglise. Pensant aux femmes de Corée, il serait temps également de mettre mieux en relief le côté maternel de Dieu et d’en vivre. Les supérieures insistent pour dire que la paternité de Dieu a fait oublier le côté maternel de son amour.

Quelques jours avant leur assemblée générale, la conférence des supérieures majeures avait organisé une rencontre dans la cathédrale de Séoul. Prés de 500 personnes étaient venues écouter Elizabeth Schussler sur « le rôle de la femme dans l’Eglise » : « Une Eglise ‘au féminin’ ne signifie pas que l’Eglise doit être exclusivement réservée aux femmes, mais tout simplement qu’elles y occupent leur juste place, avec tous leurs droits pour y jouer leur rôleLa conférencière a essayé de décrire ce que serait cette Eglise et, pour appuyer son propos, a passé en revue les différents mouvements féminins et précisé pour chacun leur vision théologique : « Il est primordial que les femmes s’expriment aussi bien sur des sujets de théologie que sur les problèmes d’Eglise. Les religieuses ressemblent à une montagne endormie. Quand elles se réveilleront ce sera comme une révolution dans l’Eglise

D’après les statistiques officielles de l’épiscopat de 1995, l’Eglise en Corée du Sud compte 7.209 religieuses réparties en 83 instituts ou congrégations.