Eglises d'Asie

Dalat : arrestation d’un religieux bouddhiste et destruction de sa pagode

Publié le 18/03/2010




Le 30 octobre 1996, la police de la province de Lâm Dông a arrêté le vénérable Thich Minh Dao, supérieur de la pagode de Long Tho Tinh Viên, située à quatre km au sud de la ville de Dalat, dans un lieu retiré. Bien avant l’arrestation du religieux, des articles parus dans la presse officielle s’étaient fait l’écho d’accusations portées contre lui par les autorités. Elles lui attribuaient des pratiques religieuses superstitieuses, ainsi que des abus sexuels commis à l’encontre de quelques-unes des femmes qui fréquentaient la pagode. Déjà un mois auparavant, le 28 septembre 1996, les policiers avaient effectué une descente dans la pagode et appréhendé une trentaine de fidèles qu’ils avaient interrogés durant une journée puis relâchés. Le 10 octobre, le Comité populaire provincial avait publié un décret ordonnant la confiscation des 36 000 mètres carrés de terrain sur lequel l’édifice religieux était construit. Douze jours après l’arrestation, une équipe de policiers munis d’armes et de matraques, a pénétré dans les locaux de la pagode et les a totalement détruits.

La version des faits confiée à l’AFP (22) par des disciples du religieux arrêté et transmise aux instances bouddhistes européennes (23) diffère passablement des récits de la presse vietnamienne. En particulier, les accusations portées par la presse officielle et les autorités de la province Lâm Dong sont qualifiées de totalement mensongères. Le vénérable Thich Minh Dao qui pratique un bouddhisme ascétique proche de celui du Zen avait fondé sa pagode dans les années 60 et il y vivait depuis en compagnie de trois autres religieux. Près d’un millier de fidèles y venaient pour pratiquer la méditation. Le vénérable Thich Minh Dao avait déjà été arrêté en juin 1975 et en août 1980 pour propagande religieuse illégale. En 1981, il avait fait preuve d’indépendance à l’égard du pouvoir en refusant de se rallier au mouvement bouddhiste dans la mouvance du Front patriotique et en restant fidèle au bouddhisme unifié. Selon le témoignage d’un des fidèles de la pagode, ni le religieux, ni la communauté réunie autour de lui n’étaient aimés de l’administration et de la police qui n’avaient jamais pu obtenir d’eux les compensations financières qu’ils exigeaient, ce qui serait une pratique courante dans les autres pagodes.