Eglises d'Asie

Huê : les policiers investissent la pagode de la Dame céleste et arrêtent deux religieux

Publié le 18/03/2010




Selon une nouvelle diffusée par l'”Association pour la protection du Dharma” de Huê (18), le 22 novembre 1996, une troupe de 200 policiers et pompiers, venus par la route et par le fleuve, a encerclé puis investi la pagode de la Dame céleste, le célèbre sanctuaire bouddhiste de la capitale impériale, située sur le bord de la rivière des parfums. Les forces de l’ordre ont alors procédé à l’arrestation de deux religieux, les vénérables Thich Hai Tinh, Thich Hai Chanh, tous les deux récemment libérés de prison.

Cette opération policière était, semble-t-il, destinée à réduire la résistance active des religieux de la pagode à l’application d’un décret publié au mois d’octobre dernier et classant monument historique, l’édifice religieux où ils vivaient. Selon les sources bouddhistes, un ensemble de mesures ayant pour objectif de mettre la main sur le lieu de culte ont été élaborées par le Comité populaire de la province de Thua Thiên-Huê. Il est prévu de transformer cette pagode qui a 395 ans d’histoire en centre touristique de nature à attirer l’argent des touristes. En outre, l’actuelle communauté monastique qui y réside et se réclame du bouddhisme unifié devrait être remplacée par des religieux appartenant à “l’Eglise bouddhique du Vietnam” et plus dociles aux directives gouvernementales. C’est à eux que serait confiée l’administration de cette pagode qui jusqu’ici a été le bastion de la lutte du bouddhisme unifié contre l’emprise de l’Etat sur le bouddhisme.

Voilà en effet plusieurs années que les religieux arrêtés dans cette affaire participent avec leur communauté à la lutte pour la survivance du bouddhisme unifié au Vietnam. Ils avaient été appréhendés une première fois en juin 1993, à la suite d’une manifestation qui, le 24 mai 1993, avait jeté dans les rues de la ville une foule considérable, 40 000 personnes, selon les sources bouddhistes corroborées ensuite par un reportage télévisé parvenu en Occident (19). Condamnés à trois ans de prison avec deux autres religieux de la même pagode ainsi que cinq laïcs, lors d’un procès à huis clos, ils avaient été libérés vers le milieu de l’année 1995 et étaient revenus dans leur pagode de la Dame céleste.

Peu après la diffusion de cette information en France, un porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères tentait de donner un démenti à l’arrestation des deux religieux. “Les deux hommes avaient été condamnés à trois ans de prison pour troubles à l’ordre public, a-t-il expliqué, … et au terme de leur peine ils n’ont pas regagné, comme le tribunal leur avait ordonné, leurs lieux de résidence d’origine” (20), ce qui laissait entendre que l’opération policière avait pour but de les placer les religieux en résidence surveillée dans leur villages d’origine. Dans un communiqué paru le lendemain, Le bureau international d’information bouddhiste (21) précisait que, contrairement aux affirmation du gouvernement vietnamien, le lieu de résidence inscrit sur le billet de levée d’écrou des religieux était la pagode Thiên Mu et non pas leur village d’origine auquel, de toute façon, tous les religieux bouddhistes renoncent en rentrant à la pagode.